Les Comores, la France et Mohamed Bacar

Le chef rebelle sera-t-il jugé à Moroni ?

1er avril 2008

Une semaine après la sa chute, le colonel Mohamed Bacar continue de tourmenter l’esprit de ses concitoyens. Mieux encore, il jette un peu plus de confusion dans les relations entre ce petit archipel et l’ancienne puissance coloniale.

Premier partenaire des Comores sur tous les plans, la France est toujours accusée d’avoir partie liée avec la déstabilisation chronique de son ex-colonie, et ce, à cause de sa présence à Mayotte.
Signe de cette relation équivoque, le gouvernement français a fourni la logistique de transport pour les troupes africaines venues aider au renversement de l’homme qui a pris en otage ses concitoyens et une partie du territoire national. Au lendemain du succès magistral de cette opération, la joie de la libération d’Anjouan s’est muée en une révolte spontanée et massive contre la France du fait que la bête noire des Comoriens a trouvé refuge à Mayotte dans des circonstances rocambolesques.
Face aux vives protestations des Comoriens de Mayotte, les autorités françaises ont décidé d’exfiltrer le colonel Bacar vers La Réunion, où il a été jugé et relaxé. A La Réunion, les manifestations et les réactions ne sont pas faites attendre. La communauté comorienne mais également une partie de la classe politique réunionnaise ont réagi assez vivement contre l’injustice permanente dont est victime l’archipel des Comores depuis son indépendance.

Où est la « fameuse vedette rapide »  ?

A Moroni, pendant ce temps, la fièvre de la rue est retombée, mais la palabre a repris ses droits dans les places publiques et les médias. Les orateurs échangent les points de vue et reviennent souvent sur les circonstances de la fuite de Bacar et de ses hommes de main. Ali Youssouf, responsable d’une radio communautaire, se demande pourquoi la « fameuse vedette rapide » n’a jamais été montrée par les administrateurs de Mayotte, puisque à Anjouan, personne n’avait jamais vu un tel engin.
Certains de ses camarades reviennent sur les caisses de munitions filmées par la télévision nationale dans la résidence de l’ex-homme fort d’Anjouan et portant l’adresse de l’Ambassade de France.
Devant le ministère de l’Éducation où se réunissent les fonctionnaires pour échanger les informations et diffuser la rumeur, le langage commence à changer. Soilihi Rachidi, un instituteur du Nord de Ngazidja, exhorte ses camarades à ne pas trop s’exciter sur le sort de l’ex-dictateur, car ce serait encourager l’immobilisme du gouvernement. « Depuis bientôt 2 ans, Sambi n’a tenu aucun de ses promesses de campagne, renvoyant tout à la situation à Anjouan. Aujourd’hui que nous avons récupéré notre île, ne lui donnons pas le prétexte de l’extradition de cet homme pour ne pas s’occuper de notre quotidien ».

Pourquoi pas à Arhousha

Déjà, le soir des premières manifestations, le chef de l’Etat s’est exprimé devant les invités d’une cérémonie religieuse. Dans son message, il a dit qu’il est fier du succès de l’opération de libération d’Anjouan et que la fuite de Mohamed Bacar ne devait pas détourner de ce qui reste à faire. Comme s’il connaissait déjà la tournure qu’allait prendre les événements, le Président a dit à son auditoire que la France pourrait rejeter la demande d’extradition du fait que la peine de mort n’est pas abolie aux Comores. Il a ajouté que dans ce cas, il ne s’opposerait pas à ce que le jugement se fasse ailleurs, aux Pays-bas ou à Arhusha.
Plus soucieux de ménager la France, le Ministre assurant l’intérim des Affaires étrangères a dit que le colonel Mohamed Bacar a déjà fait beaucoup de mal aux Comoriens, auxquels il ne faudrait pas ajouter la détérioration des relations avec la France. Il dit être persuadé que les autorités françaises vont aider le gouvernement comorien à juger Mohamed Bacar après avoir aidé à le chasser du pouvoir.

De notre correspondant A. Mohamed

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Messages

  • Aux "journalistes" pyromanes et incultes.

    Les réactions des « journalistes » du JIR et des Nouvelles de Mayotte après la fuite courageuse de leur protégé Mohamed Bacar sont tout à fait compréhensibles. On comprend mieux leur acharnement contre l’unité des Comores et des Comoriens.

    En effet les réseaux de déstabilisation basés à Mayotte et à La Réunion et auxquels certains « journalistes » font partie, viennent de perdre un allié de taille, à savoir Mohamed Bacar. Les pauvres « journalistes » comme Hermann et Leclair ne savent plus où de donner de la tête. Pardonnez-les car ils ne savent pas ce qu’ils disent.

    Qualifier l’Union des Comores de "République bananière" comme l’a fait Denis Hermann des « Nouvelles de Mayotte » ne frôle pas seulement le mépris. Cela démontre à la fois la nature de ces personnages, la qualité de leur culture politique et générale et le degré de leur nuisance dans notre région. En tout cas ce ne sont pas eux qui vont œuvrer pour un rapprochement de toutes nos îles du Sud-Ouest de l’Océan Indien ! Des gens comme Denis Hermann et Philippe Leclair ont la mémoire courte et devraient se rappeler si besoin est, que ceux (des Français) qui ont assassiné Ali Soilih et Ahmed Abdallah que ceux (des Français) qui ont destitué et déporté Djohar à La Réunion, n’ont jamais payé de leurs crimes. Ils devraient savoir que la France n’a, en principe, pas vocation à servir de terre d’asile aux tortionnaires et aux voleurs. Sauf bien sûr si la vie de milliers d’Anjouanais torturés, emprisonnés et pillés vaut moins que celle d’’un tyran et non moins allié de certains réseaux. Comprenez donc messieurs, que la République bananière se trouve désormais de l’autre côté.

    Pour le JIR, même la découverte au domicile (non pas près du domicile) de Mohamed Bacar de caisses de munitions adressées à l’ambassade de France à Moroni, « pourraient être une manipulation de l’AND » !

    Messieurs les « journalistes » nostalgiques de la Colonie, arrêtez d’attiser la haine entre Comoriens et entre ces derniers et la France.

    Les derniers évènements de Mayotte devraient vous faire réfléchir si vous en avez la capacité, et vous faire comprendre que la violence et la déstabilisation politiques peuvent êtes aussi exportées jusqu’à devant vos propres portes et que vos réseaux n’en ont plus le monopole ! Vous ne saviez peut-être pas mais parmi ceux qui à Mayotte voulaient « casser du Mzungu », il y avait des Maorais. C’est ce qu’on appelle l’effet boomerang si vous y comprenez quelque chose.

    Dans ce genre de drames, certes condamnables, les premiers perdants ce sont les gens comme Philippe Leclaire et Denis Hermann, qui en réalité ne valent rien dans l’hexagone et profitent de leur statut privilégié de « blancs plus intelligents que les autochtones », pour renflouer leurs comptes bancaires avec leurs salaires mirobolants d’expatriés, tout en bronzant à moindre (ou sans) frais.

    Alors calmez-vous messieurs les « journalistes » et lisez plus que vous n’en écrivez : En clair cultivez-vous, sortez de votre cocon, voyagez et échangez.

    Pour finir, je dirai pour paraphraser Denis Hermann, que ce sont des personnages comme ce "journaliste" qui crachent à la figure de la France, pas le président Sambi qui ne fait que son boulot de Président. Faîtes donc le votre et arrêtez votre mauvaise politique. Il y va de NOTRE intérêt à tous.


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