Comores : Harmonisation des mandats

Le Congrès des élus a tranché pour 2011

8 mars 2010, par Aliloifa Mohamed

Les députés et conseillers des îles réunis en congrès le 1er mars dernier ont fixé pour novembre 2011 le prochain renouvellement des mandats du président de l’Union et des Gouverneurs des îles. Cette décision sans surprise a provoqué la colère d’une bonne partie de la population de Mohéli, qui exige son tour de la Présidentielle tournante cette année.

L’une des justifications de la réforme constitutionnelle de mai 2009 était l’harmonisation des mandats électifs. En raison du coût financier et des perturbations induits dans les administrations et la vie du pays en général, le Président Sambi a proposé de cumuler les élections des élus nationaux et des îles le même jour et celles du président de l’Union et des Gouverneurs également. Pour les premiers, c’est chose faite en décembre dernier, et pour cela, il a fallu aligner le mandant des députés de l’Union qui était de cinq ans et ceux des îles de quatre ans. Cela n’a pas posé de problèmes du fait que le président ait retardé le renouvellement des mandatures arrivées à terme jusqu’aux élections générales de décembre 2009.

Cependant, cette logique est loin de faire l’unanimité en ce qui concerne les chefs des entités fortement liés à la question de la présidence tournante qui devrait échoir à Mohéli, la plus petite des îles et qui n’a jamais eu la chance de voir un de ses natifs diriger le pays. Sur ces terres de Djoumbé Fatima, l’excitation est telle qu’évoquer l’idée de différer ce moment historique devient un casus belli. Or, dans la configuration actuelle, il faudrait, pour harmoniser la date des élections, proroger la mandature de Sambi ou raccourcir celle des gouverneurs.
Bien entendu, la majorité présidentielle a opté dès le départ pour la rallonge, tandis que l’opposition, de bonne guerre, soutient l’idée contraire. Faute d’un compromis lors de la table ronde inter-comorienne qui a précédé le référendum constitutionnel, les auteurs du texte ont proposé de laisser aux futurs élus de trancher.

Entre harmonisation et prolongation

C’est ce qui a fait que le débat de fond des dernières Législatives était autour du départ ou non de Sambi en 2010. L’écrasante victoire de la mouvance présidentielle laissait augurer ce cas de figure. Ayant perdu la bataille au sein du Parlement et des Conseils insulaires, l’opposition nationale a pesé de tout son poids pour soutenir la résistance mohélienne par la création d’un front pour l’alternance en 2010 en faveur de Mohéli.

Avant même la convocation du Congrès, Mohéli a essayé de s’opposer à l’usurpation de son droit à gouverner. Mais rien n’y fait. Si bien qu’au Palais du Peuple, seuls les 60 élus de la majorité sur 84 ont voté la proposition de lois déposée par deux de leurs collègues, fixant la Présidentielle tournante en faveur de Mohéli en novembre 2011. Les autres ont boycotté les Assises et ont choisi la presse et les rues de Fomboni, le chef lieu de Mohéli, pour protester.

Pour un diplomate en poste à Moroni, c’est une situation bien confuse car, d’une part, c’est la Constitution qui a prévu ce Congrès pour justement trancher sur la date de l’harmonisation des mandats, mais il est évident qu’il y avait derrière cette logique, poursuit-il, une manœuvre pour s’éterniser au pouvoir. Il ajoute que « c’est dommage qu’après les efforts consentis par la Communauté internationale pour venir à bout du séparatisme anjouanais, on puisse créer une frustration qui pourrait déstabiliser une autre partie du territoire national ».

De notre correspondant A. Mohamed


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