Le Colonel Bacar à Mayotte

Les Comoriens exigent l’extradition

28 mars 2008

Après avoir imposé la terreur à ses concitoyens, mépriser les autorités légales de son pays et défier la communauté internationale, le Colonel Bacar a pris la fuite pour se réfugier à Mayotte. La communauté comorienne résident à Mayotte manifeste leur mécontentement tandis qu’à Moroni des centaines de personnes tentent de converger vers l’Ambassade.

Au lendemain du débarquement des forces armées comoriennes appuyées par des militaires mandatés par l’Union Africaine, la joie de la libération des habitants comoriens se lisait sur les visages et s’exprimait par des cris et des youyous de femmes. Cependant le soulagement des premières heures a vite fait place à une interrogation largement partagée : où est passé le colonel rebelle ? Certains dignitaires de la junte ont été arrêtés manu militari alors que d’autres se sont rendus de leur propre chef.

Le commandement de l’armée nationale se disait plus préoccupé que la population au sort de l’ex-homme fort de l’île. Selon un officier qui a tenu à garder l’anonymat, des éléments de l’armée régulière se trouvait sur place depuis des mois avec pour mission de pister régulièrement les déplacements de Bacar afin de pouvoir le localiser assez rapidement le jour de l’intervention.

D’ailleurs quelques heures après la prise de sa résidence privée au prix d’intenses échanges de tir à l’arme lourde, le Ministre de la défense a rassuré la population que l’homme le plus recherché des Comores avait quitté les lieux, mais il a été localisé dans la région de Bimbini. Mieux encore, l’ineffable radio cocotier avait annoncé son arrestation le mercredi en fin de matinée au domicile d’un de ses ministres. Une agence de presse locale avait même repris l’information aussitôt démentie par l’armée. C’est finalement dans la nuit que la nouvelle est tombée comme un couperet que le Colonel Bacar est arrivé à Mayotte avec une dizaine de ses fidèles.

Violente manifestation anti-français
Si le Ministre comorien de la défense reconnaît avoir été informé par l’administration française, il dit attendre une suite des mandats d’arrêt internationaux lancé la semaine dernière contre le colonel Bacar et ses principaux collaborateurs pour "rébellion et tortures".

A Mayotte où réside une forte communauté originaire d’Anjouan la tension est montée d’un cran hier matin. Les nombreux manifestants pour la plupart ne disposant pas de titre de séjour n’ont pas hésité à braver la police tant ils se sentent touchés au plus profond d’eux-mêmes. Ils tenaient surtout à empêcher l’évacuation du bourreau de leurs frères à La Réunion. Afin de prévenir l’accentuation de cette révolte qui commençait à faire des dégâts et même des agressions contre les métropolitains, le préfet a dû interrompre les navettes de la barge qui relie Pamandzi à la Grande-terre.

A Moroni, avant même l’appel d’un collectif à manifester contre la présence du Colonel Bacar à Mayotte, des centaines de personnes avait commencé à affluer vers l’Ambassade de France. La zone a vite été bouclée par l’armée tanzanienne qui a son Quartier Général juste en face de la Légation française. A 10 heures, la manifestation proprement dite a pris son départ place de l’indépendance mais elle a été interceptée à la hauteur du port par les forces de l’ordre. Des slogans hostiles à la France étaient scandés en chœur. Pour ne pas attiser l’hostilité ambiante, l’école française est restée fermée et les ressortissants français ont reçu une consigne de rester cloîtrés dans leur maison.

Said Mamoud, professeur à l’Université, estime que le soutien logistique de la France à l’intervention militaire à Anjouan ne suffit pas à convaincre de sa bonne foi dans la crise séparatiste qui secoue les Comores depuis 10 ans. Il en veut pour preuve le refus d’arrêter le colonel Abdou Bacar, frère de l’autre et de madame Roukia Ahmed Abou de passage à Mayotte pourtant visée nommément par l’accord conclu entre l’administration de Mayotte et l’Union Africaine, et approuvé par les 27 pays de l’Union Européenne.

A. Mohamed

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