À Moroni et au sein de la diaspora

Referendum à Mayotte : la société civile se mobilise

20 février 2009, par Aliloifa Mohamed

L’annonce de la date du referendum sur la départementalisation de Mayotte a suscité une forte mobilisation à Moroni et au sein de la diaspora comorienne. Devant le silence du gouvernement, la société civile déjà à la pointe de ce combat est sur tous les fronts.

Confronté à l’instabilité politique et au marasme économique, le peuple comorien n’a jamais renoncé à la revendication de son intégrité territoriale, en l’occurrence le retour de Mayotte dans son ensemble naturel.
La présence française sur cette île comorienne a créé une relative prospérité, notamment dans le domaine sociale, qui attire de plus en plus les habitants d’Anjouan et de Ngazidja au péril de leur vie.
Sur le plan diplomatique, la France entretient des relations privilégiées avec tous les dirigeants comoriens si bien que, à tort ou à raison, on dit que ces derniers mettent de côté le contentieux entre les deux pays en échange de protection politique et de soutien économique. Aussi, depuis 1994, la question de Mayotte a été systématiquement retirée de l’ordre de l’Assemblée générale de l’ONU.
Si le Président Sambi a fait réintroduire ce sujet aux Nations Unies et à l’Union Africaine, les citoyens estiment que sa diplomatie, endormie par un groupe de travail regroupant des diplomates comoriens et français, n’a pas suffisamment réagi pour s’opposer au référendum sur la départementalisation.

Les associations sont à l’avant-garde

Par ailleurs, au lendemain du débarquement réussi pour déloger le colonel Bacar, Sambi a été vivement applaudi pour avoir suspendu la reconduite des Comoriens refoulés de Mayotte. Cependant, sa diplomatie n’a pas su résister à la pression et a fait marche arrière. Depuis, c’est la société civile, au premier rang de laquelle le Comité Maoré, qui maintient le flambeau pour le retour de cette île dans le giron comorien.
A l’extérieur, une myriade d’associations de la diaspora est très active à Paris, à Marseille et surtout sur Internet. Elles se sont donné pour mission de diffuser et commenter toute information concernant le sujet et sensibiliser l’opinion comorienne, française et internationale sur ce déni de droit d’une puissance envers son ancienne colonie.
Ainsi, lorsque les ministres africains des Affaires étrangères, réunis à Addis-Abeba, adoptent une résolution condamnant l’organisation par la France d’un refrènement à Mayotte, l’information est largement diffusé. De même lorsque le sénateur communiste Jean-Paul Lecoq a reproché à Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur, au Palais Bourbon, le maintien des avatars du colonialisme français, les réseaux d’échanges en ligne ont bien fonctionné.

Des conclusions hâtives

Récemment encore, lorsque par une série d’articles, le Professeur André Oraison a traité le contentieux franco-comorien dans les colonnes de "Témoignages", un Collectif des amis des Comores a réagi assez vivement dans le quotidien "Alwatwan" des Comores. Dans un très long exposé, cette association s’est opposée à certains propos de l’éminent juriste, notamment sur l’incapacité des Comoriens à faire prévaloir leurs droits sur Mayotte en raison du déséquilibre des forces entre les deux pays en conflit.
Dans une argumentation très cohérente et assez pertinente, l’auteur a démontré que « la coutume internationale ne saurait être celle de la loi du plus fort ».
Toutefois, on note sur cet argumentaire un procès d’intention fait à un chercheur qui a donné un point de vue personnel basé sur la réalité qui prévaut actuellement sur le terrain à Mayotte et aux Comores en passant par le poids de la France au sein des organisations internationales qui ne sont pas en faveur de la réunification de l’archipel.
Si cette position peut être contestable pour des Comoriens résolus à tenir haut le flambeau d’un combat légitime, rien ne justifie les attaques portant atteinte à la probité intellectuelle de cet universitaire de renom.
De la même manière, si la date choisie pour le référendum sur le toilettage de la Constitution comorienne à quelques jours de la consultation française sur la départementalisation de Mayotte paraît inopportune, parler de complicité est on ne peut plus hâtif.

A. Mohamed


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Messages

  • Si le professeur ORAISON s’était contenté de faire l’analyse juridique des thèses en présence, certes, il aurait été dans son rôle. hélas, il a également cru nécessaire d’imaginer une solution que certes, il ne présente pas comme définitive, mais qui s’appuie sur un jugement péjoratif des COMORES et politique.
    Curieusement , il oppose les "mahorais" et les COMORES ; c’est à dire qu’il évoque d’un côté des personnes ( les mahorais) et de l’autre côté un gouvernement, un état . Ainsi la position franco-mahoraise est "humainement" colorée, considérée dans ses aspirations humaines alors que les COMORES sont traitées comme une entité abstraite, comme un coquille vide sans hommes, presque sans histoire . Il essaie ainsi d’opposer le droit d’un peuple aux droits d’un état. NON, les COMORES ne sont pas qu’un simple point sur la carte , les COMORES sont aussi faites de chair et de sang, d’une population qui meurt par millier dans le canal de MOZAMBIQUE et qui s’est vue amputée soudainement de son histoire, de ses liens. Si des mahorais vivent à MAYOTTE, ailleurs vivent des comoriens, à qui ORAISON ne fait jamais allusion, comme s’ils n’étaient que des "figures". Le droit des 500 000 comoriens indépendants ne vaudrait il pas celui des 100 000 mahorais ? Ne seraient-ils pas aussi légitimes, surtout quand la haine s’amplifie contre eux du côté occupé. De chaque côté du bras de mer, il y a des hommes, et non pas comme l’analyse du texte pourrait le laisser penser, d’un côté , à MAYOTTE, des aspirations, des droits et l’autre ne serait qu’un état revendicatif, imparfait et dont il serait sans importance qu’il soit justifié dans sa position. Ceux qui meurent ne sont pas des symboles, ce sont des humains....qui eux aussi sont "intéressés à la résolution du conflit.
    ORAISON a ainsi adopté le discours officiel qui a toujours mis en avant la population mahoraise, mais qui jamais n’a considéré, affiché le sort des autres populations comoriennes comme si les COMORES n’étaient qu’un fossile colonial !

  • Je suis mahorais et je tiens à rappeler que si Mayotte a pris le large, c’est tout à fait normal car la politique menée ou nous étions ensemble n’a jamais favirisé Mayotte. Il pouvait avoir un événement tragique qui frappe Mayotte, personne ne s’en soucier. Un beau jour, c’est à l’unanimité que vous avez voté l’indépendance des trois îles et Mayotte a choisi la France. Il faudrait peut être que vous attiriez les mahomais en développant au mieux les comores et humanisant votre politique sociale. Comme cela se faisait à l’époque. On attire pas la mouche avec de la vinaigre.

  • Salutation de Guadeloupe ! Mahorais, vous voulez devenir département français. Soit ! Mais attention ! Nous guadeloupéens, nous sommes bien placés pour connaitre les dégâts qu’a entrainé la départementalisation. Si la départementalisation de 1946, a eu certains effets bénéfiques dans mon pays la Guadeloupe, elle s’est faite au détriment de la production et de l’identité même guadeloupéenne. Depuis le début des années 1990, le RMI et allocations en tout genre ont éclaté la famille guadeloupéenne. Il n’y a jamais eu autant de parents isolés, de sans-domiciles fixes, d’individus sombrant dans la dogue, l’alcool et la délinquance depuis cette période. Le combat que nous avons mené au sein du LKP pendant 44 jours ne concernait pas uniquement des revendications sociales mais également soulevait un problème identitaire, de respect. Le LKP a pour mission auprès des jeunes de leur réapprendre l’amour du travail. C’est vrai l’argent c’est le nerf de la guerre mais je vous le dit il ne faut pas confondre travail et mendicité.
    D’autre part, je crois que vous mahorais, vous formez avec vos voisins des autres îles des Comores, un seul et même peuple. La France vous a divisé et ce depuis 1976 en violant une résolution de l’ONU. La France vous mène en bateau exactement comme elle le fait avec nous guadeloupéens et les frères haïtiens. Mais chez vous c’est beaucoup plus grave car vous formez un seul et même peuple.

    Shaka Zulu, militant de la cause nationale guadeloupéenne.


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