Le résultat des élections vu par les Mauriciens

L’usure du pouvoir

23 décembre 2014, par Céline Tabou

La défaite de Navin Rangoolam le 10 décembre dernier était pour les uns prévue, pour les autres, la conséquence d’une politique tournée vers des privilégiés et une alliance hors-norme. De plus, la Seconde République, présentée comme démocratique, a été vivement critiquée et rejetée par les Mauriciens.

A Maurice, le chef de l’opposition et le Premier ministre avaient réussi à se rassembler. Mais cet accord a été rejeté par la population.

Au lendemain des élections législatives du 10 décembre 2014, l’alliance PTr et MMM s’est dissoute. « Le MMM va reprendre sa liberté. Seuls, nous sommes plus forts. Nous n’aurons plus d’engagement avec le Parti travailliste », a annoncé, le 12 décembre, une source anonyme au quotidien L’Express.

Un anti-Rangoolam

Le Mouvement Militant Mauricien (MMM) de Paul Bérenger a d’ailleurs assuré lors d’une conférence de presse que « nous avons perdu les élections par la faute de Navin Rangoolam ». De son côté, l’ex-Premier ministre a expliqué que la campagne avait été « mal maîtrisée, et qui a pu apparaître comme étant de l’arrogance ».
Mais pour de nombreux mauriciens, la défaite de l’alliance PTr et MMM est principalement due à l’usure du pouvoir. Une réalité prise en compte par Navin Rangoolam, qui n’a pas minimisé « le rejet de l’usure du pouvoir, de sa personne et de sa vie privée », lors d’un point presse, le 20 décembre.
Au-delà de cette usure du pouvoir, « il y a aussi tous ces scandales qui ont caractérisé le gouvernement sortant ». En effet, « le Premier ministre sortant a fait comme si le pays était sa propriété personnelle, octroyant des morceaux de l’aéroport, de plages publiques, d’ilot à des très proches », a expliqué le journaliste mauricien, Jean-Clément Cangy.

Une alliance très contestée

C’est sans compter sur l’alliance “gouvernementale” faite entre le Parti Travailliste (PTr) et le MMM, qui « a volé en éclat » après les élections. Pour beaucoup de Mauriciens, cette alliance « est un scandale en soi. C’est le plus grand scandale du siècle », avait déclaré Vasant Bunwaree, leader du Mouvement travayis militant (MTM) et ex-cadre du PTr.
Cet avis est largement partagé par la population qui n’a pas apprécié cet accord. « Quand Bérenger (Paul) était dans l’opposition, il critiquait tous les jours Rangoolam (Navin). Et là, on les voit s’allier pour se partager le pouvoir » a déploré Ramesh, employé dans un hôtel de Grand Baie. Ainsi le 10 décembre, « la population a exprimé son mécontentement de toutes ces alliances qui se font et se défont ».

Rejet de la Seconde République

Ce partage du pouvoir s’est matérialisé par la Seconde République, enjeu de cette élection. En effet, le PTr et le MMM tenaient, une fois élus, mettre en place une nouvelle Constitution. Il s’agissait de donner plus de pouvoir au président de la République. Ce dernier aurait été attribué à Navin Rangoolam, tandis que le poste de Premier ministre revenait à Paul Bérenger.
Pour certains, ce partage de pouvoir était clairement anti-démocratique. Une source anonyme travaillant dans une organisation gouvernementale, a expliqué : « ils allaient faire voter cette nouvelle réforme sans demander l’avis du peuple. Et alors chacun aurait eu son poste ».
Conscient de ces erreurs, Navin Rangoolam a indiqué qu’il « ne fait aucun doute » que la Seconde République « a été une des raisons de la défaite », ajoutant que les gens ont eu l’impression que c’était un arrangement entre Bérenger et moi ». Dès lors l’alliance et le projet commun ont explosé, poussant les deux camps à se remettre en question.

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