De nouveaux affrontements

Le gouvernement peut sortir Mayotte de l’enlisement

26 octobre 2011, par Manuel Marchal

Les manifestations ont repris hier à Mayotte, et toujours aucune proposition du gouvernement pour sortir de la crise. En 2009, devant un mouvement social d’une grande ampleur dans l’Outre-mer, Paris avait appliqué des mesures d’urgences pour augmenter le pouvoir d’achat. Qu’attend donc le gouvernement pour agir ?

Un mois après le début du mouvement social à Mayotte, c’est toujours l’enlisement. Paris a envoyé un médiateur chargé d’expertiser les mécanismes de formation des prix. Son arrivée a été accueillie lundi par une manifestation. Hier, le mouvement a encore été marqué par des affrontements impliquant des gendarmes. La situation est très tendue, et des syndicats ont demandé au vice-rectorat de fermer les établissements scolaires par mesure de sécurité. Un exemple suffit à résumer les préoccupations : selon Malango, un parent d’élève a constaté que des grenades lacrymogènes avaient atterri dans la cour d’une école maternelle.
Paris ne propose toujours rien, c’est l’enlisement. Cet immobilisme nourrit la tension sociale.

Affrontements dans le Nord

Hier, c’est dans le Nord de l’île que la ville de Dzoumogné était en état de siège. Selon l’AFP, « dès 7 heures du matin, des dizaines de jeunes de cette localité ont bloqué la circulation par des barrages érigés avec des troncs d’arbre ». L’Agence France presse affirme que ces jeunes « ont ensuite attaqué à coup de galet, de barre de fer et de cocktail Molotov les forces de l’ordre venues lever ces barrages. Ces dernières ont riposté à plusieurs reprises avec des gaz lacrymogènes pour se dégager ».

Le risque est donc grand de voir le bilan déjà très lourd s’aggraver. Le 19 octobre dernier, un jeune a été tué lors de la répression d’une manifestation. Dix jours auparavant, c’est un enfant qui jouait sur la plage qui a été touché en pleine tête par le tir d’un gendarme, il a perdu un œil et il est toujours soigné à La Réunion.

Des mesures déjà appliquées dans les DOM

Paris dispose pourtant de moyens pour montrer que le gouvernement souhaite une issue favorable au conflit.
Lors du mouvement social de 2009 qui avait en particulier secoué les Antilles, la Guyane et La Réunion, Paris avait mis en place des mesures d’urgence pour faire face aux revendications.
A La Réunion, le préfet avait fait baissé le prix des carburants et du gaz et l’État s’était engagé à les geler. La préfecture avait été le lieu où les parties se rencontraient pour négocier. C’est ainsi que pour le logement, un gel des loyers dans le parc social a été obtenu. C’est également dans ce cadre qu’une baisse de prix de plus de 200 produits de grande consommation a été arrachée par le COSPAR face à la grande distribution.
Enfin, l’État a mis rapidement en place une allocation de 100 euros versée aux salariés gagnant moins d’1,4 SMIC. Ce RSTA s’ajoute aux 50 euros de bonus obtenus par les syndicats du COSPAR quelques semaines plus tard.

Paris peut encore agir

À Mayotte, les revenus sont beaucoup plus faibles qu’à La Réunion, et le différentiel des prix entre Mayotte et la France est encore plus élevé qu’entre La Réunion et la France. Le gouvernement propose seulement 25% du RSA à partir de janvier avec un premier versement en mars, un mois avant la présidentielle.
Dans un courrier adressé au chef de l’État, Paul Vergès fait part de plusieurs mesures que le gouvernement peut mettre en place rapidement pour restaurer la confiance et ramener la paix sociale.
Ce sont notamment la baisse significative des prix des produits pétroliers, 50% du RSA dès janvier, et la mise en place du RSTA.
Ce que le gouvernement a pu mettre en place en 2009 dans les quatre DOM, qu’attend-il pour l’étendre à Mayotte, département d’outre-mer depuis plus de six mois ?

M.M.

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