La Banque centrale européenne change brutalement les règles

La pression s’accentue sur la Grèce

6 février 2015, par Céline Tabou

Un coup de semonce de la BCE après l’annonce des propositions du gouvernement grec pour respecter ses échéances.

La Banque centrale européenne n’accepte plus d’échanger de la dette grecque contre de l’argent frais. La pression s’accentue sur la Grèce. Deux jours avant cette décision, le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, a présenté des projets destinés à alléger le poids de la dette de son pays. Face aux prises de positions de plus en plus tendues de ses partenaires européens et ses créanciers, le gouvernement grec a proposé une restructuration de la dette, tout en promettant le maintien des réformes.

Plusieurs propositions grecques évoquées

Yanis Varoufakis a évoqué « l’ingénierie intelligente de la dette ». Il s’agit d’échanger de la dette contre deux types de nouvelles obligations basées sur la performance de croissance de la dette. Le but serait ainsi de réduire les paiements quand la croissance est faible et de les accélérer quand elle est forte. L’avantage pour la BCE serait qu’elle n’aurait aucune perte et n’aurait pas besoin d’annoncer un défaut de paiement de la Grèce, entraînant des réactions en chaîne sur les marchés, dont la baisse de la notation du pays.
Pour Frederik Ducrozet, analyste de Crédit agricole SA, cité par LePoint.fr, « une obligation perpétuelle, qu’on ne rembourse jamais, c’est peut-être un peu difficile à faire passer. J’imagine plutôt un compromis sur une échéance très longue, par exemple 50 ans », cependant la proposition du gouvernement est « une très bonne idée ». Le premier créditeur du pays est le fonds FESF soutenu par les partenaires européens, avec plus de 140 milliards d’euros. « Les propositions de Yanis Varoufakis forment une base de négociation tout à fait plausible », selon Frederik Ducrozet, qui porte l’avis des marchés.
L’autre idée du gouvernement grec est de transformer une partie de la dette en dette perpétuelle. Il s’agirait de remplacer les obligations grecques détenues par la Banque centrale européenne, soit plus de 25 milliards d’euros, par des « emprunts perpétuels », c’est-à-dire des titres à durée illimitée. L’avantage pour le gouvernement grec : est qu’il ne paie plus le capital de la dette mais seulement les intérêts. Ainsi, le pays ne vit plus avec la crainte de devoir tenir le fil des échéances de remboursement. Selon le programme en cours, la Grèce devrait ainsi rendre près de 7 milliards d’euros à la BCE cet été.
De nombreux commentateurs économiques ont salué l’ingéniosité du ministre grec, qui est revenu sur la volonté de départ de Syriza d’effacer la dette. « S’il y a besoin d’utiliser des euphémismes et des outils d’ingénierie financière pour faire sortir le pays de l’esclavage de la dette, on le fera », a déclaré le ministre des Finances, Yanis Varoufakis, dans un communiqué. Le pays est écrasé par une dette de 315 milliards d’euros, soit 175 % de son produit intérieur brut.

Pourtant, la BCE a décidé de trancher

La BCE a annoncé mercredi 4 février qu’elle n’accepte plus les titres grecs comme collatéraux. Le terme collatéral signifie ne peut plus se contenter de fournir à la BCE des titres du service public. Par cette décision, la BCE a retiré au pays l’éligibilité des obligations d’Etat grecques comme collatéraux pour les opérations normales de refinancement dans la zone euro. Ce qui veut donc dire que pour venir retirer des liquidités auprès de la BCE, les banques grecques ne pourront plus donner comme garanties les titres grecs.
Cette situation complique les mesures annoncées par le gouvernement grec qui tente de convaincre ses partenaires européens. Pour certains médias, la décision de la BCE est politique, car l’institution veut prévenir le nouveau Premier ministre, Alexis Tsipras, que le pays doit se conformer aux conditions de la troïka.
En effet, dès son arrivée, le nouveau gouvernement grec avait refusé de collaborer avec la troïka (FMI, BCE, UE). Une troïka qui a utilisé la Grèce comme laboratoire des réformes les plus libérales possibles afin de tester la ténacité des marchés européens et des banques grecques. Face à l’accroissement de la pauvreté et du chômage et à la vue des pressions sociales subies par le peuple, le parti-austérité avait dénoncé les conditions imposées par ses créanciers, assurant qu’une autre politique économique était possible.
N’y voyant pas même œil, l’instance européenne a décidé de contrer la politique d’Alexis Tsipras et de son ministre des Finances, Yanis Varoufakis. Ainsi, Mario Draghi, président de la BCE, veut obliger le gouvernement à accepter, très vite, le chemin de négociation proposé, où plutôt imposé, par les Européens. Une négociation qui privilégie principalement les banques grecques et européennes qui possèdent des titres grecs, et non les Grecs eux-mêmes, qui font face à un contexte économique encore morose.
Les banques pourront quand même se refinancer auprès de la BCE, mais à un taux beaucoup plus élevé, et avec un risque porté uniquement par la banque de Grèce. Selon plusieurs sources citées par Le Monde, « les Grecs pourraient se trouver à court de liquidités dès le mois de mars ».

Union européenneSyriza

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