Crise économique

La régression sociale de la société grecque

2 février 2012, par Céline Tabou

Pauvreté, malnutrition, désespoir social, hausse du nombre de suicides, endettement des foyers et de l’État, la Grèce est un État en faillite sociale et économique. Pays de l’Union européenne, la situation grecque tend le pays vers un statut de sous-développé.

A l’instar de certains pays pauvres, le gouvernement grec doit faire face à l’urgence humanitaire. 25% des Grecs sont sans-abris en deux ans, les ONG accueillant généralement les immigrés clandestins voient ses structures débordées par un nouveau public. La classe moyenne tombe un peu plus dans la misère.

Misère sociale et misère humaine

Ce sont plus de 3 millions de Grecs qui sont pauvres ou au bord de l’exclusion sociale. Pour un pays de près de 11 millions d’habitants, il s’agit donc de 27,7% de la population qui est confrontée à la pauvreté.

Sonia Mitralia, membre de l’Initiative des femmes contre la dette et les mesures d’austérité (CADTM), a été auditionnée mardi 24 janvier par une commission parlementaire du Conseil de l’Europe, celle-ci dresse un constat terrifiant. « On ne se rend pas compte à quel point la Grèce est dans une situation dramatique. La malnutrition fait des ravages dans les écoles primaires, la faim fait son apparition dans les grandes villes du pays où l’on voit des SDF par milliers. Au moment où nous en avons le plus besoin, l’État a coupé dans les aides sociales et les structures d’accueil. Un tiers des fonctionnaires n’ont pas été payés depuis août et continuent d’aller travailler ».

La situation économique a considérablement augmenté le taux de suicides depuis le début de la crise en 2009, a dépassé les 40% en 2011. Sur les cinq premiers mois de l’année 2011, il y aurait même eu 40% de suicides en plus par rapport à la même période en 2010. Ces chiffres sont impressionnants, car le taux de suicides de la Grèce figurait parmi les plus bas de l’Union européenne entre 1990 et 2009.

Les distributions de nourriture réunissent des centaines de personnes à Athènes. Chaque jour, midi et soir, des centaines de personnes patientent devant la mairie, dans une ambiance tendue, dans l’attente d’une gamelle en plastique remplie de purée et un soda. Cette distribution ne dure qu’une demi-heure, montre en main, selon France Télévision.

Ne pouvant compter sur les aides sociales ou les allocations chômage qui ne durent qu’un an, la société a vu naitre une nouvelle catégorie de citadins pauvres, appelés « les néo-pauvres », ou les « SDF avec iPhone ».
Licenciée en raison de la faillite de leur entreprise ou suite aux mesures d’austérité prises par le gouvernement, au chômage et parfois surendettée, cette classe moyenne est victime des crédits à la consommation des années fastes (4,2% de croissance entre 2000 et 2007). L’inflation reste également un problème majeur pour les familles qui sont parvenues à conserver un toit sur leur tête. « Tout est devenu si cher à présent. On nous impose des salaires bulgares, mais les prix, eux, sont londoniens », a confié Anastasia, directrice d’un centre de cours privé, au “Figaro”.

Un état sous pression

En mai 2010, la Troïka (BCE, FMI et UE) impose son premier plan d’austérité jugé alors sévère, mais nécessaire, car passager. Cependant, deux ans plus tard, la spirale de la dette grecque s’engouffre un peu plus chaque jour, et ces mêmes « sages de la Troïka », comme les appellent les Grecs, obligent à nouveau le gouvernement à des mesures d’austérité en juillet 2011. Même son de cloche en septembre 2011, puis janvier 2012. La diminution des dépenses publiques mise en place par le gouvernement comprend la baisse de près de 20% des salaires, la suppression du 13ème mois et des primes. A cela s’ajoutent la baisse des retraites et l’allongement du temps de cotisation, le non-remplacement de 9 départs à la retraite sur 10, le licenciement obligatoire de 30.000 fonctionnaires titulaires en janvier 2012, qui n’ont pas eu les effets escomptés et ont accentué les craintes des Européens d’un défaut de paiement ou encore d’un gouffre économique et financier sans fin. A l’inverse, le gouvernement est parvenu à récupérer quelques ressources en faisant la chasse aux mauvais payeurs, en supprimant rétroactivement les avantages fiscaux, imposant des amendes aux constructions illégales, créant de nouveaux impôts et augmentant les tarifs des services publics, soit +50% sur l’électricité en 1 an et une TVA à 23% généralisée.

En conséquence de la crise grecque et des conditions imposées par la Troïka, le Fonds monétaire international, en tête, a conduit à une hausse record du chômage de 19,2% des actifs en décembre 2011, celui-ci est doublé chez les jeunes de 15 à 24 ans qui verront, selon les Perspectives du FMI, la situation économique de leur pays s’améliorer d’ici une dizaine d’années, voire plus.

Céline Tabou

Crise financière

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