50 ans de déportation des Chagossiens

Une commémoration à fort potentiel d’espoir

20 juin 2023, par Pascale David

Une cérémonie commémorative a réuni samedi les membres de la communauté chagossienne, entourée de soutiens amis venus de divers points du monde, et des représentants de l’État mauricien au plus haut niveau, pour le 50e anniversaire de la déportation du peuple chagossien.

L’événement qui a été organisé à l’île Maurice les 17 et 18 juin rappelle que c’est dans l’île sœur que les Chagossiens ont entrepris leur long combat depuis 40 ans et que leur archipel est historiquement rattaché à l’île Maurice – comme cela a été rappelé récemment dans un litige avec les Maldives.

Mais des Chagossiens vivent aussi aux Seychelles et en Grande-Bretagne notamment. C’est aux Seychelles qu’Olivier Bancoult est allé recueillir le témoignage filmé de Rowly Saminaden, le capitaine seychellois, aujourd’hui âgé et malade, du Nordvær, le bateau qui a effectué la dernière rotation de la déportation des Chagossiens, le 13 juin 1973.

Tous ceux qui pouvaient faire le voyage ont convergé pour la circonstance vers Baie du Tombeau, quartier de Port-Louis où le Chagos Refugees Group a développé un important centre social d’entraide, le chagossian welfare Fund.

C’est là qu’a été dévoilée une stèle Homaz pou 50 an déportasion sagosien, en présence du Premier Ministre de l’île Maurice, sir Pravind Kumar Jugnauth, d’Olivier Bancoult entouré d’Eliane Tiatouche et de Louis Rosemond Saminaden, deux anciens de la communauté, nés aux Chagos.

Deux autres natifs des Chagos, Maudea Saminaden (image ci-contre) et Harris Elysée, ont donné devant l’assistance des témoignages poignants et terribles sur les conditions de leur déportation et la dure vie qui a été la leur à l’île Maurice, dans les premiers temps.

La courte adresse faite par Olivier Bancoult à l’assemblée a salué les délégations de La Réunion, de Rodrigue, d’Agalega, la présence de deux membres de Human Rights Watch (voir Témoignages du 16 février 2023) et de l’anthropologue écossaise Laura Jeffery dont le travail universitaire a démontré le rôle joué par la musique et la culture des Chagossiens natifs, dans la transmission de leur histoire aux plus jeunes nés hors des Chagos.

Il a aussi rappelé combien les crimes contre l’humanité commis envers les Chagossiens par la Grande-Bretagne, en complicité avec les faucons nord-américains, étaient aussi choquants que dérisoires de la part de deux « champions » des droits humains, et en plein 20e siècle.

Longtemps tenus secrets, ces crimes sont aujourd’hui plus largement connus et réprouvés à travers le monde, comme l’a exprimé tout récemment le pape François en recevant Olivier Bancoult et sa délégation pour la deuxième fois : « Vous êtes devenus le symbole de tous les peuples déplacés » leur a dit le Saint Père, ajoutant : « Vous avez désormais le soutien d’un État  ».

Ce « déplacement  » – la déportation comme disent les Chagossiens – dans les conditions où elle s’est faite, a laissé des plaies ouvertes et une douleur « qui ne peut guérir » a encore dit Olivier Bancoult (image ci-contre : O. Bancoult avec le Premier Ministre de l’île Maurice, sir Pravind Kumar Jugnauth), en redonnant aussitôt une feuille de route pour les luttes à venir. Pour ne pas rester sur une note de désespoir.

Premièrement, ne pas se laisser acheter par l’adversaire, qui ne renonce jamais à « diviser pour régner ». Il en a appelé au combat « pour faire respecter la dignité des Chagossiens et affirmer notre identité ».

Et, tout en rendant hommage aux femmes chagosiennes qui ont montré la voie de la résistance au peuple des déportés, le leader du GRC a conclu son intervention par une ouverture vers le Premier Ministre mauricien, auquel il cédait le pupitre, en rappelant que la souveraineté de l’île Maurice sur les Chagos était un fait acquis, reconnu par plusieurs instances internationales – dont la Cour Internationale de Justice de La Haye.

L’avenir des Chagossiens, pour le GRC, va se jouer dans une dialectique entre l’affirmation de la souveraineté mauricienne et l’expression par les Ilois de leur identité de Chagossiens, sur des bases éducatives renforcées, les Chagossiens mettant beaucoup d’espoir dans la formation des jeunes générations. Parmi elles, Olivier Bancoult a fait savoir que la communauté chagossienne de l’île Maurice compte 27 jeunes en enseignement supérieur.

Chagos

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