Irak

« La paix : un droit civique en démocratie, un droit humain dans le monde »

Appel d’un parlementaire américain contre la guerre

3 février 2003

Nous reproduisons ci-après un article paru dans les colonnes de "l’Humanité" du 31 janvier dernier dans lequel Dennis Kucinich, député démocrate à la Chambre des représentants des États-Unis, appelle à lutter contre la guerre promise par le président de son pays.

Dans un discours public prononcé le 19 janvier, lors d’un rassemblement commémoratif pour Martin Luther King à Lakewood, Dennis Kucinich, député démocrate de l’Ohio, a invité à s’inspirer de l’esprit du pasteur pacifiste pour rejeter « cette mentalité guerrière de la Maison-Blanche et la politique énergétique vouée à l’échec qui l’engendre. L’administration Bush a fait connaître ses intentions de guerre. Les Américains doivent faire connaître leurs intentions de paix (...) et la marche de notre nation vers la voie de la justice sociale et économique.

Aujourd’hui, le monde regarde une fois de plus, consterné, les États-Unis s’enfoncer dans la guerre sans aucune justification valable (...). Pourquoi notre gouvernement prend-il l’Irak pour cible ? Pour le pétrole. L’Amérique est devenue extrêmement dépendante de ses importations de pétrole. Au lieu d’une nouvelle politique énergétique, nous écopons d’une nouvelle "guerre sainte" du "bien" contre le "mal". On a fait tout un foin des "douze têtes nucléaires vides" découvertes. Qu’en est-il du vide qui règne dans la tête des va-t-en-guerre ?

Le "changement de régime" en Irak signifie la guerre, l’invasion, l’occupation, la colonisation, la mort de citoyens irakiens et de soldats américains innombrables. Et le gâchis de plus 1,9 milliard de dollars d’impôts, ruinant notre économie au moment où le gouvernement fait cadeau de trois milliards de dollars aux plus riches(...). Tout cela au nom de la lutte contre le terrorisme. Pour empêcher des armes de destructions massives.

Balayons devant notre porte. Éliminons ces armes de destruction massive que sont le chômage, la pauvreté, la faim, le fait de réduire les gens à dormir dans la rue, la déficience du système de santé, la faiblesse de l’Éducation nationale et la discrimination. Et utilisons les centaines de milliards de dollars de nos impôts pour rétablir le rêve américain, reconstruire notre économie et offrir des opportunités à tous.

« Je parle en citoyen du monde », disait Martin Luther King, comme un homme qui aime l’Amérique à nos dirigeants : nous avons pris l’initiative de cette guerre, nous devons initier son arrêt.
Les pères fondateurs utilisaient leur créativité pour penser un nouveau type de démocratie, qui reformulerait le sens du mot pouvoir, la structure de l’autorité publique et les formes de gouvernance et de résistance. Il est temps de redevenir créateurs de paix. Martin Luther King avait un rêve : la non-violence comme principe fondateur de notre société. Il est temps de le concrétiser, en ouvrant de nouveaux horizons dans les relations humaines, économiques, gouvernementales, politiques (...), et en réaffirmant que la paix est un droit civique en démocratie, et un droit humain dans le monde »
.

Spéculation et polémique sur les "preuves" du gouvernement américain
Malgré toutes sortes de critiques, les rapports des inspecteurs de l’ONU ne peuvent avancer la moindre preuve que l’Irak posséderait des armes de destruction massive. Aussi, onze des quinze membres du Conseil de Sécurité s’opposent-ils à tout acte de guerre contre l’Irak - du moins à ce stade-ci. La Chine, la France et la Russie - qui ont droit de veto - exigent que les inspecteurs continuent leur travail - tout comme les huit autres membres du Conseil de Sécurité : l’Allemagne (qui préside le Conseil à partir depuis samedi), le Mexique, le Chili, la Guinée, le Cameroun, la Syrie, l’Angola et le Pakistan.

Mais quelles sont donc ces nouvelles preuves que Collin Powell devrait soumettre au Conseil de Sécurité ?
Un journal américain, "USA today", dans son édition de jeudi dernier révèle... « Des sources proches de l’administration Bush disent que Powell pourrait montrer des photos prises par satellite de remorques de camion avec une toiture plus large que d’habitude, ce qui indique qu’il pourrait s’agir de laboratoires mobiles pour armes biologiques. Il y a aussi des photos d’Irakiens qui apparemment nettoient, ainsi que des tracteurs opérant sur des sites suspects un ou deux jours avant que les inspecteurs n’arrivent ».

Un camion avec une toiture jugée plus large que normale pourrait être un laboratoire mobile ? Mais cela pourrait évidemment avant tout être mille autres choses !
Des gens qui nettoient les alentours d’un site jugé suspect, un ou deux jours avant que n’arrivent les inspecteurs. Si les Irakiens voulaient cacher des "preuves", n’en ont-ils pas déjà très largement eu le temps ?

En plus, les inspections se faisant totalement à l’improviste, comment pourrait-il y avoir le moindre lien entre des opérations de "nettoyage" et des inspections ? Les Irakiens ne seraient-ils pas simplement en train de déblayer un des innombrables endroits mis en ruines par les bombardements américains et britanniques ?
Les Espagnols contre la guerre
Une nette majorité d’Espagnols ne voient pas de raisons suffisantes pour mener une guerre contre l’Irak et pensent que leur gouvernement a tort de soutenir les États-Unis, selon un sondage publié hier dans le quotidien "El Pais".
Près de sept Espagnols sur dix (69,6%) estiment qu’il n’existe pas de raisons suffisantes pour attaquer l’Irak contre 17,2% qui pensent le contraire. Ils sont 13,2% à ne pas avoir répondu. Selon ce sondage, 82,1% des personnes interrogées considèrent que le monde ne sera pas plus sûr après cette guerre alors que 5,9% pensent le contraire.

64,7% des Espagnols jugent que leur pays devrait s’aligner sur la position franco-allemande plutôt que la solution militaire défendue par les États-Unis. Rappelons que le Premier ministre espagnol est un des chefs de gouvernement européen qui soutiennent la position américaine. Il avait également été aussi rapide que Washington à reconnaître légitime le gouvernement putschiste qui avait pris le pouvoir pendant deux jours au Venezuela en avril dernier à la suite d’un coup d’État.

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