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Libre opinion
16 juin 2006
Après la publication de l’introduction donnant un historique rapide de l’archipel des Chagos, André Oraison, Professeur de droit public à l’Université de La Réunion, propose aujourd’hui de comprendre plus en détails la création d’un territoire britannique aux Chagos.
Le processus de création du British Indian Ocean Territory
Pourquoi et comment le BIOT a-t-il été constitué ? Au moment où a soufflé le vent de la décolonisation, la Grande-Bretagne - en plein accord avec les États-Unis - a voulu maintenir dans l’océan Indien des bases militaires pour assurer la liberté de navigation sur l’ancienne “route des Indes”. C’est donc dans un contexte de compétition Est-Ouest caractérisé par les premières croisières de bâtiments de guerre soviétiques dans l’océan Indien qu’à l’initiative des USA, un accord politique anglo-américain a été conclu en 1961 entre le Premier ministre britannique Harold Macmillan et le Président américain John Fitzgerald Kennedy. Dans cet accord secret, les Américains prennent l’engagement d’installer une base militaire dans cette région pour défendre les intérêts du camp occidental à la double condition que le territoire anglais retenu pour l’abriter échappe au processus de décolonisation et que sa population en soit évacuée. En contrepartie, ils offrent un rabais de 14 millions de dollars sur les fusées Polaris que les Britanniques envisagent alors d’acheter pour équiper leurs sous-marins nucléaires. Ce marchandage politique a été plus tard avoué par le département d’État ainsi que le révèle le “New York Times” du 17 octobre 1975.
À la suite de ces tractations, intervenues au plus haut niveau, le Gouvernement de Londres a institué le BIOT par un décret-loi du 8 novembre 1965. Ce texte avait pour objet d’introduire des dispositions nouvelles pour l’administration de certains îlots exigus et peu peuplés. Il s’agissait du groupe des Chagos situé à 2.150 kilomètres au Nord-est de Port-Louis, et de trois îlots dispersés dans la partie occidentale de l’océan Indien : Aldabra, Desroches et Farquhar. Appelées encore les "Ziles-là-haut" par les créolophones d’Agalega (une dépendance mauricienne située à 935 kilomètres au Nord-Ouest de Maurice), les îles Chagos étaient jusqu’ici administrées par le Gouvernement autonome de Port-Louis, et les autres îlots, par le Conseil exécutif de Victoria. Le BIOT est le dernier confetti de l’Empire britannique qui subsiste dans l’océan Indien. Bien que discrètement mis de côté par les Anglais avec cette arrière-pensée quasi atavique de protéger les routes maritimes de cette région, le "reliquat colonial" a connu de nombreux avatars, dont certains appartiennent aujourd’hui à l’Histoire. Ainsi, le BIOT a-t-il été administré, de 1965 à 1976, par le gouverneur anglais des Seychelles agissant en qualité de commissaire au nom de la Couronne britannique. Mais depuis la rétrocession d’Aldabra, de Desroches et de Farquhar à la République des Seychelles le 28 juin 1976, jour de son accession à l’indépendance, le BIOT se réduit désormais aux seules îles Chagos, dont les habitants ont été déportés.
Descendants d’esclaves qui reçurent le nom de "Noirs des îles" et dont les premiers occupants viennent des Mascareignes à la fin du 18ème siècle, les Chagossiens sont alors analphabètes, catholiques romains et monolingues créoles. Avant le déplacement forcé de l’intégralité de ses habitants vers les colonies anglaises des Seychelles et de Maurice, l’archipel des Chagos comptait 1.400 personnes réparties en 426 familles, vivant en régime autarcique et s’adonnant aux cultures vivrières, à la pêche côtière, à l’élevage d’animaux de basse-cour et au ramassage des noix de coco selon un mode de vie qui était resté - jusqu’à la date de leur exil - celui du temps de la marine à voile et des lampes à huile. Les seules îles habitées étaient celles de Diego Garcia, Peros Banhos et Salomon.
Certes, les Chagossiens ont été “déplacés” vers Maurice et les Seychelles entre 1967 et 1973. Mais il faudra attendre 1975, avec les débats ouverts au Congrès américain sur l’engagement croissant du Pentagone dans la région de l’Océan Indien, pour que l’opinion publique découvre le sort des Chagossiens, l’incurie des autorités mauriciennes à les accueillir décemment et le cynisme de la diplomatie anglo-américaine à propos de l’implantation de la base de Diego Garcia. De fait, la méthode utilisée pour les obliger à s’exiler est révoltante. Avant de la blâmer, il faut savoir que le cocotier a conditionné pendant longtemps l’économie des îles Chagos. En vérité, en raison de leur coprah, on les a souvent appelées les "Iles à huile" (Oil Islands). C’est ainsi qu’elles étaient désignées à partir de 1875 dans les actes administratifs de la colonie anglaise de Maurice. L’exploitation du coprah remonte à la fin du 19ème siècle comme le révèle Auguste Toussaint : "En 1883 prit naissance ce qui est apparemment la première société assez bien organisée pour l’administration desdites "Iles à huile" : la Société Huilière de Diego et Peros ... En 1941, cette société fut remplacée par une autre sous le nom de Diego Limited qui, elle-même, vendit ses droits à une troisième société dénommée Chagos, Agalega Limited en 1962" (1) . C’est à cette société que le Commissaire du BIOT a racheté, le 3 avril 1967, les cocoteraies qu’elle exploitait aux Chagos pour la somme de 660.000 livres sterling. Cette décision a eu pour effet de laisser sans emploi la plupart des "Ilois".
(1) Voir Toussaint (A.), “Histoire des Iles Mascareignes”, 1972, Éditions Berger-Levrault, Paris, p. 273, note 1.
À suivre...
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