
La Plateforme réunionnaise transmet au chef de l’Etat un nouveau manifeste
23 avrilAu cours d’un entretien dans la soirée du 22 avrils entre le Président de la République, Emmanuel Macron et la maire de Saint-Denis, Éricka (…)
Le droit au retour des Chagossiens reconnu ... et bafoué
4 octobre 2004
C’est peu de dire que les Chagossiens, même ceux nés dans l’exil - à Maurice ou aux Seychelles - des trente dernières années, gardent au cœur l’espoir vivace d’un retour pour les uns ou la révolte ardente de ne pouvoir réaliser cet idéal pour les autres.
L’important - comme le soulignait le professeur André Oraison (*) dans le débat suivant la conférence qu’il a donnée jeudi dernier à l’école des Beaux-Arts (Le Port) - n’est-il pas de vivre pour un idéal, plutôt que de végéter dans un enlisement quotidien ? Les Chagossiens ont gardé vivant l’idéal d’un retour dans leur pays natal : si nous sommes de plus en plus nombreux à partager avec eux cet idéal, il a beaucoup plus de chance de se réaliser un jour que si la communauté internationale continue de rester sourde et aveugle au crime qui s’est commis presque sous nos yeux, à un tirant d’aile d’albatros, entre 1961 et 1971.
Premières victimes des desseins stratégiques des grandes puissances, en pleine guerre froide, les habitants de l’archipel des Chagos vivent depuis leur déportation un destin tragique, rappelé lors de la conférence donnée par André Oraison, la semaine dernière, dans un exposé destiné à faire le point sur la question (voir ci-après) du point de vue du droit international, en rappelant l’historique de la dépossession des Chagossiens et l’immense injustice qui les frappe encore aujourd’hui.
Débarqués à Port-Louis en 1973, les derniers Chagossiens à avoir quitté l’archipel - constitué des îles Diego Garcia, Peros Banhos et Salomon (à ne pas confondre avec les îles Salomon, en Mélanésie) -, ont retrouvé sur place des “exilés volontaires” qui vivotaient à Maurice depuis quelques années déjà. Ensemble, ils ont enduré la désinvolture des autorités locales, aggravées par le manque d’hospitalité des populations locales - pourtant connues pour leur sens de l’accueil. L’accession de l’île Maurice à l’indépendance, en mars 1968, au terme d’un marchandage dont les Chagos ont été l’enjeu (l’archipel a été “vendu” au gouvernement britannique pour 3 millions de livres sterling) aurait pu au moins valoir aux Chagossiens une forme de reconnaissance nationale pour leur sacrifice.
C’est comme si la honte avait été la plus forte : exilés et déportés ont été dispersés dans des bidonvilles de Port-Louis et de Victoria et livrés à eux-mêmes ; laissés sans travail, malnutris, livrés à l’alcoolisme, à la prostitution, à la délinquance, à la toxicomanie, au désespoir et parfois au suicide.
Passés sans ménagement d’une économie de troc à une économie libérale fondée sur le profit, ils ont été très vite relégués à une vie marginale où les gestes de survie quotidienne bornaient leur horizon. Au bout de quelques temps, une indemnité de 650.000 livres sterling a été versée aux 426 familles (1.400 personnes environ) : c’était moins que n’avait consenti le gouvernement britannique pour racheter (660.000 livres sterling) aux propriétaires mauriciens la “Chagos Agalega Limited”, l’usine de traitement du copra pour laquelle travaillaient les Chagossiens. Le rachat de l’usine avait signé sa fermeture et les Chagossiens, privés de l’activité qui faisait vivre l’archipel, et bientôt soumis à d’autres pressions et d’autres menaces (jusqu’à celle d’un bombardement !), n’avaient plus eu d’autre choix que l’exil.
Cette première indemnité laissait à chaque Chagossien l’équivalent de 7.590 roupies mauriciennes, soit tout juste de quoi se vêtir. C’est tout ce qui leur a été reconnu pour avoir tout quitté : leurs maisons, leurs cultures, leurs animaux, leur vie là-bas...
Il y eut des protestations, des grèves de la faim, des sit-in... Puis vint une deuxième indemnité de 4 millions de livres sterling sterling "pour solde de tout compte" a dit le gouvernement britannique. Avec cette somme (36.000 roupies mauriciennes), les Chagossiens ont construit de petites maisons, "des taudis améliorés" disent les témoins de leurs batailles. Depuis 1983, les Chagossiens en exil se sont organisés pour poursuivre la lutte, avec le Groupe des Réfugiés des Chagos, fondé par Olivier Bancoult, chassé de son île alors qu’il était enfant.
Depuis, les Réfugiés ont obtenu la décision judiciaire du 3 novembre 2000, par laquelle la Haute Cour de justice de Londres a déclaré illégale l’expulsion-déportation des Chagossiens, leur reconnaissant par là, le droit au retour.
Ils se sont vus reconnaître aussi la double nationalité, mauricienne et anglaise - cette dernière leur donnant théoriquement le droit de s’installer sans visa sur l’unique et minuscule “Territoire britannique de l’océan Indien” (BIOT) qu’est resté l’archipel... Ils peuvent aussi décider de s’installer sur tout territoire européen. Et pourquoi pas à La Réunion ?
La bataille continue. Les Chagossiens revendiquent une troisième indemnité financière, plus importante, représentant une véritable réparation pour les torts physiques et moraux infligés.
Et surtout ils s’accrochent à l’idée du retour. Des civils mauriciens sont bien employés par les militaires US dans leurs installations : pourquoi les Chagossiens n’auraient-ils pas le droit de s’installer sur la partie de l’île de Diego Garcia non occupée par les Américains et les Britanniques ? Tel pourrait être l’objet de la prochaine manche livrée par les Réfugiés des Chagos contre les gouvernements britannique et nord-américain, avec le soutien de l’ONU - qui vote chaque année une résolution demandant la dissolution de toutes bases militaires dans l’océan Indien (Djibouti, Diego Garcia...) - et d’une campagne internationale amplifiée, dans laquelle les Réunionnais, qui n’ont pas à être instruits longtemps de ce qu’est un crime contre l’Humanité, peuvent jouer un rôle de soutien important.
P. David
* Conférence donnée la semaine dernière à l’École des Beaux-Arts. Les éléments d’information de cet article sont tirés de la conférence. Leur présentation est de “Témoignages”.
“Diego l’interdite”
Dans la rétrospective “Afrique, îles et diasporas”, Village Titan a projeté samedi, à la médiathèque Benoîte Boulard, le court-métrage “Diego l’interdite” (Grand Prix européen du Premier Film) de David Constantin, à qui les réfugiés chagossiens de l’île Maurice ont fait le récit de leur départ de l’archipel et des conditions qu’ils ont trouvées ensuite dans les pays d’accueil.
Cela commence avec des visages anonymes, visages d’exilés qui ont quitté Diego Garcia et Peros Banhos en 1968, 1969 ou 1973. L’un raconte : "Les Américains ont débarqué en mars 71, puis ils nous ont chassés en nous disant de ne pas revenir". Un vieux, le dernier parti, raconte comment tous les chiens de l’île - leurs animaux familiers, qu’ils avaient dû laisser sur place - ont été regroupés dans un conduit de caléfaction de l’usine et gazés, sauf un qui a pu s’échapper ! Un autre suggère que, si on les a fait partir de nuit, c’est pour qu’ils "ne voient pas la terre qu’ils quittaient". Ultime délicatesse dans une histoire qui n’en a pas beaucoup ?
Tous disent leur inadaptation à la vie mauricienne, leur absence d’identité. "Pour les Mauriciens, nous sommes des Ilois ; c’est donc que nous ne sommes pas chez nous ici" dit un autre.
Le rêve d’un retour et la révolte nourrissent certains des jeunes Chagossiens nés dans l’exil. D’autres jeunes admettent qu’avec la vie “moderne” qu’ils ont eue à Maurice, ils ont du mal à imaginer un retour à “l’état de nature”. Entre la nostalgie des anciens - les derniers humains peut-être à avoir connu l’état de paradis sur Terre - et l’appel d’une vie façonnée par le capitalisme mondial, n’y aurait-il donc aucune voie vers un développement durable pour les Chagossiens ?
Le film ne tranche pas. Il ne pose même pas la question. Il finit sur la décision de la Haute Cour de justice de Londres et constate, trois ans après (2003), qu’elle n’a pas eu de début d’application. Il y a eu pire depuis... (voir ci-après).
P. D
Pour en savoir plus : www.chagos.org site du comité suisse de soutien aux Chagossiens.
Histoire d’un double marchandage
Le malheur des Chagossiens a commencé par un traité secret entre Britanniques et Américains. Signé en 1961 par le président J.F. Kennedy et le ministre du gouvernement conservateur Harold Mac Millan, cet accord - qui n’a été connu qu’en 1975 - reposait sur un troc : les Anglais cédaient un bout de leurs colonies - 50 kilomètres carrés de terres émergées - situé en plein cœur de l’océan Indien en échange d’une substantielle remise sur un contrat d’armement passé avec les États-Unis. Problème : le traité mentionnait, à la demande des Américains, que la terre devait être libre de tout occupant. "No people, no problem !" disaient les conditions du troc. Or l’archipel était habité : avec les autres îles et archipel peuplés par les Français depuis la période esclavagiste, il constituait ce que l’historien mauricien Auguste Toussaint a appelé la “Franconésie”.
Après la constitution du British Indian ocean Territory (BIOT), les Anglais créent en 1965 - en pleine période de décolonisation - une nouvelle colonie britannique constituée d’îlots pris aux Seychelles et à Maurice, dont l’archipel des Chagos. Cette création surprend alors toute la communauté internationale. Elle constitue à ce jour, en 2004, la dernière colonie britannique de l’océan Indien. Depuis l’indépendance de Maurice et des Seychelles, et après la rétrocession des îles seychelloises, le BIOT n’a plus d’autre territoire que les 50 kilomètres carrés des Chagos (dont 45 kilomètres carrés à Diego Garcia).
Et comme le traité secret prévoyait le départ des habitants, les Britanniques se sont employés à les faire partir : en rachetant puis en fermant l’unique usine de Diego Garcia ; en prenant l’ordonnance du 16 avril 1971 interdisant la présence sur l’archipel de toute personne non munie d’un permis de séjour ; en faisant pression sur les caboteurs mauriciens pour qu’ils cessent l’approvisionnement des Chagossiens en produits manufacturés ; en faisant fermer les uns après les autres tous les centres administratifs : écoles, dispensaires, services publics...
Ces mesures, assorties de menaces, ont fait partir les Ilois les uns après les autres.
L’installation de la base militaire nord-américaine a été ponctuée par trois autres traités avec l’Angleterre : en 1966 (durée du bail) ; en 1972 (installation d’un centre de communication navale), l’archipel et les convoitises impérialistes qu’il suscite apparaissent pour la première fois sur la scène internationale ; en 1976 (installation de la base militaire US, dont les Anglais demandent à bénéficier).
Depuis cette époque, la revendication de faire de l’océan Indien une zone de paix démilitarisée est devenue transgénérationnelle. Le 8 décembre 2003, l’ONU a voté - par 130 voix contre 42 - une résolution prônant la démilitarisation de la zone. Trois “grandes puissances” continuent de faire blocage...
L’autre marchandage est celui qui s’est joué entre Mauriciens et Britanniques au moment de l’accession de l’île Maurice à l’Indépendance. Selon le droit international, la Grande-Bretagne n’avait pas le droit de porter atteinte à l’intégralité d’un territoire colonial au moment où ce dernier accédait à l’Indépendance. L’Angleterre a aussi violé le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Et lorsque Sir Seewoosagur Ramgoolam a été en situation de négocier l’indépendance de l’île Maurice, il a abandonné (contre finances) le droit mauricien à revendiquer l’archipel comme faisant partie du territoire national. L’éclosion du scandale sur la scène internationale a réveillé la conscience mauricienne. Une première demande officielle a été faite par l’île Maurice en juillet 1980 pour la rétrocession des Chagos. La “querelle d’amis” entre Maurice et son ancienne métropole perdure depuis cette date. La décision de la Cour de Justice de Londres, en novembre 2000, a beaucoup surpris en Angleterre.
Et le dialogue anglo-mauricien s’est tendu depuis juin 2004, quand le Premier ministre mauricien, Paul Bérenger, a évoqué l’éventualité d’une saisine de la Cour internationale de La Haye, dont la Grande-Bretagne a reconnu la compétence... à quelques réserves près. En effet, l’Angleterre a exclu de cette compétence depuis 1969 tout conflit l’opposant à un pays du Commonwealth.
Puis, quand le Premier ministre mauricien a annoncé que Maurice pourrait quitter le Commonwealth, l’Angleterre a modifié sa déclaration de 69 pour dire qu’elle n’accepterait pas d’être jugée devant la CIJ dans tout conflit avec d’actuels ou d’anciens membres du Commonwealth...
P. D
Au cours d’un entretien dans la soirée du 22 avrils entre le Président de la République, Emmanuel Macron et la maire de Saint-Denis, Éricka (…)
Le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge est revenu dans une note sur la période inflationniste 2021-2025 et ses effets sur le (…)
Promié tan, la kaz bann Biganbé navé dé piès minm parèy sad bann Maksimin, soman té kouvèr an tol. Malérèzman, siklone 48 la ni, la lèv lo ti (…)
En visite à La Réunion, le président de la République a échangé avec le monde agricole, durement affecté par le cyclone Garance qui a suivi un (…)
Mézami l’ariv amwin dann mon éskolarité kotoiye bann marmaye néna bone tète. Mi rapèl inn téi konpran toute pli vite lé z’ote, téi rotien toute (…)
Selon le ministre de la Santé, Yannick Neuder, "autour de 120.000" personnes pourraient avoir été contaminées par le chikungunya, maladie (…)
« Ça fait plus de quinze ans que la fonction publique est au pain sec et à l’eau » a estimé le président de la fédération services publics de la (…)
Mézami dopi somenn passé i anparl bonpé bann péshèr artizanal pars lo ministress responsab de sa lété d’passaz shé nou é bien antandi téi i pé pa (…)
« Depuis le début de l’année, six décès [...]chez des personnes de plus 70 ans porteuses de comorbidités ont été classés comme liés au chikungunya (…)
Kossa i lé sa d’apré zot ? Oussa i trouv in n’afèr konmsa ? Fransh vérité sa sé in n’afèr i roprézante bien in fèye vakoa. Zot i trouv pa ?Avèk in (…)
Le Premier président de la Cour des comptes, a menacé mercredi de refuser de certifier les comptes de l’État. « Les réserves formulées par la Cour (…)
Le président de la Cour des comptes et du Haut conseil des finances publiques, Pierre Moscovici, a mit en garde contre des prévisions trop (…)
Messages
2 mai 2007, 13:46, par bingoo690
duval ti dir ki peuple chagossien pu ris 1jur ’ki to ena pu dir lor la twa.