Droits humains

Les accusés du viol de la « Fille de l’Inde » en procès

9 janvier 2013, par Céline Tabou

Agés de 19 à 35 ans, les accusés encourent la peine de mort pour l’enlèvement, le viol et le meurtre de la jeune étudiante, le 16 décembre. De nombreuses voix, dont la famille de la victime, ont demandé que les auteurs soient pendus.

Une source judiciaire interrogée par l’“Agence France Presse” et sous le couvert de l’anonymat a expliqué que deux des auteurs présumés ont offert de collaborer avec la justice en qualité de témoins, afin d’obtenir une peine plus clémente. Selon leur avocat, les deux hommes vont plaider non coupables.

Un procès sous tension

« Un acte d’accusation a été fourni aux accusés et la prochaine audience se tiendra le 10 janvier  », a annoncé Namrita Aggarwal, magistrat au Tribunal de Saket, dans le Sud de Delhi. Lundi 7 janvier, l’audience s’est déroulée à huis clos afin que le Parquet conserve un semblant d’ordre dans un chaos mêlant avocats et journalistes. Des avocats de Saket ont manifesté avant l’ouverture de l’audience afin de s’opposer à la défense accordée aux accusés, qui vivent pour la plupart dans des bidonvilles de la capitale, a indiqué l’“AFP”. Certains avocats ont jugé «  immoral  » d’apporter leur conseil aux auteurs présumés.

Concernant le sixième accusé, se déclarant mineur, celui-ci a subi une série d’examens osseux destinés à vérifier son âge pour qu’il soit jugé par un tribunal pour mineurs. La nature de cette agression a entraîné des manifestations d’habitants en colère et a suscité un vif débat sur les violences infligées aux femmes et l’apathie de la justice et de la police devant ce type de crime restant souvent impuni.

Face à cela, la justice et le gouvernement ont décidé de faire comparaitre les accusés un peu plus d’une semaine après la mort de la victime dans un hôpital de Singapour, au lieu des mois habituels. La police a annoncé la mise en place d’une « sécurité maximale » pour l’audience, de peur de voir des habitants de New Delhi agresser les prévenus. Cependant, selon les experts judiciaires, la Cour devrait transférer l’affaire à un autre tribunal doté de pouvoirs permettant une instruction accélérée.

Céline Tabou

« La société indienne paie très cher la modernisation à marche forcée »

Dans une interview accordée au magazine “L’Express”, l’historien « indianiste, védisant, grammairien et philologue » Michel Angot a expliqué ce que ce fait divers révèle des évolutions sociales en cours et de la situation des femmes en Inde. Ce dernier a expliqué que ce crime mettait en évidence le « profond malaise d’une société en pleine mutation. Il met en relief la déstructuration sociale à l’œuvre, avec l’exode des populations rurales vers les grandes villes ». « La société indienne paie très cher l’urbanisation et la modernisation à marche forcée de ces dernières décennies. La "modernité", mot positif à nos yeux, passe par la destruction des liens qui, jusque-là, fédéraient les hommes et permettaient de limiter, sinon de résoudre les conflits », a-t-il ajouté.

Auparavant dans les campagnes, l’individu était assujetti à un contrôle social très fort s’exerçant au sein de chaque communauté et de chaque caste. Ce « contrôle collectif » a annihilé la notion d’individualité dans les sociétés traditionnelles, tant pour les hommes que pour les femmes, les jeunes et les anciens. Aujourd’hui, la modernisation a détruit ce contrôle social, entrainant « une grande violence qui s’exerce sur tous, les hommes comme les femmes, mais plus encore sur ces dernières ».
A la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La kaz Tikok

23 avril, par Christian Fontaine

Promié tan, la kaz bann Biganbé navé dé piès minm parèy sad bann Maksimin, soman té kouvèr an tol. Malérèzman, siklone 48 la ni, la lèv lo ti (…)


+ Lus