Manifestation hier à La Possession, trois ans après la disparition mortelle du jeune Portois

Pourquoi la famille d’Aafifoudine n’a-t-elle toujours pas droit à la vérité et la justice ?

6 mai 2013

Hier matin, plus de 150 personnes se sont rassemblées au pied du chemin des Esclaves (et non pas ’chemin des Anglais’ ou ’chemin Crémont’ comme on dit souvent par erreur), qui relie La Possession à Saint-Denis par les hauteurs de la route littorale, en passant par la Grande Chaloupe et La Montagne. La plupart d’entre elles ont rejoint par ce chemin le lieu où a disparu mortellement le lycéen portois Aafifoudine Aboudou le 29 avril 2010 et où a été inaugurée une plaque commémorative. Mais cette marche et cette inauguration ont surtout eu pour objectif de protester contre l’injustice dont est victime la famille de ce jeune Réunionnais, dont l’appareil judiciaire n’a toujours pas cherché réellement les causes du décès depuis trois ans. D’où ce nouvel appel fort et solidaire à « la vérité et la justice pour Aafifoudine », lancé ce 5 mai avec beaucoup d’émotion par les manifestants.

La plaque commémorative inaugurée hier sur le chemin des Esclaves en hommage à Aafifoudine, disparu tragiquement il y a trois ans.
Ali Aboudou, le père d’Aafifoudine, a exprimé avec force sa demande d’un « respect du droit à une même justice pour tous ici à La Réunion ».

Cette action a été organisée par l’Association Vérité et Justice pour Aafifoudine (AVJA), présidée par Mogne Djawad, qui se bat depuis trois ans pour que les services judiciaires respectent les droits de la famille de cette victime d’une disparition mortelle. Des droits précisément concernant la vérité et la justice sur cette tragédie, dont l’enquête intégrale n’a toujours pas été réalisée sur ses causes.

Des jeunes solidaires de la famille Aboudou à l’entrée du sentier au bout duquel a disparu Aafifoudine.
La douleur de la famille s’est exprimée hier avec beaucoup d’émotion pour tout le public présent.
Des jeunes pendant la prière.
Mogne Djawad, Président de l’Association Vérité et Justice pour Aafifoudine (AVJA).
La douleur de la famille s’est exprimée hier avec beaucoup d’émotion pour tout le public présent.

Comme cela a été rappelé hier, Aafifoudine a participé à une course à pied le vendredi 30 avril 2010 sur le chemin des Esclaves entre La Grande Chaloupe et La Possession dans le cadre de ses épreuves pour le Baccalauréat, passé en tant qu’élève au Lycée Léon de Lépervanche du Port. Durant cette course, il a disparu et son corps a été retrouvé trois jours plus tard au pied de la falaise de la route du Littoral.

« À notre frère, ami, Aafifoudine Aboudou »

Outre cette disparition mortelle, ce qui a profondément choqué la famille, les proches, mais aussi beaucoup d’autres Réunionnais solidaires, c’est le fait que des recherches appropriées n’ont pas été accomplies par les services publics compétents pour savoir ce qui s’était vraiment passé. La thèse avancée par ces derniers sans aucune preuve était celle d’une « fugue » ou d’un « suicide », alors que cela était qualifié d’ « impossible » et de « totalement faux » par la famille d’Aafifoudine comme par ses amis.

Voilà pourquoi une centaine de personnes ont marché hier sur ce chemin des Esclaves jusqu’au sentier, au-dessus de La Grande Chaloupe, qui prend la direction de la mer, où l’on a retrouvé le MP3 et le bonnet d’Aafifoudine et au bout duquel a été retrouvé son corps. C’est à l’entrée de ce sentier qu’a été inaugurée la plaque commémorative « à notre frère, ami, Aafifoudine Aboudou ».

« La vérité est encore très loin »

La cérémonie a commencé par une intervention de Saylane, un responsable de l’AVJA, qui a dénoncé les graves retards de ce dossier et lancé un appel à toutes les personnes qui auraient des informations pour résoudre ce problème préoccupant (voir encadré) . Ensuite, l’avocat de la famille Aboudou a pris la parole pour expliquer au public pourquoi et comment « nous devons à tout prix continuer à nous battre pour la vérité, qui est encore très loin ».

Un message clair.
Une pancarte à côté de la plaque commémorative.

En effet, déclare Maître Larifou, « il y a eu une série de négligences dès le début de l’enquête, en particulier en ce qui concerne le MP3 et le bonnet, sur lesquels les résultats des examens sont très décevants ». « Devant ce non-respect des droits et de la dignité des personnes concernées par ce drame, vous pouvez être assurés de ma disponibilité et de ma détermination pour que ce dossier ne soit pas fermé, car je suis persuadé que tant qu’il n’y a pas de vérité, il n’y a pas de justice », a conclu l’avocat.

« Le droit à une même justice pour tous »

Enfin, Zoubert Haribou est intervenu au nom de la municipalité du Port pour rendre un nouvel hommage à « ce jeune Portois qui avait la joie de vivre » et pour lequel « notre Commune a été présente dès la première heure de la connaissance du drame pour la manifestation de la transparence ». Après ces interventions de solidarité, la plaque commémorative a été dévoilée par la famille et une prière collective a été prononcée pour la vérité et la justice.

L’arrivée des marcheuses et marcheurs sur le lieu de la cérémonie.
Saylane, à gauche des parents d’Aafifoudine en pleurs.

Beaucoup d’émotions et de pleurs ont marqué cette cérémonie, notamment dans la famille d’Aafifoudine, dont le père a réclamé « le respect du droit à une même justice pour tous ici à La Réunion ». D’ailleurs, comme tous ses proches, Ali Aboudou a rappelé avec force qu’ « Aafifoudine ne s’est pas suicidé, mais il a été enlevé et des témoins n’ont pas tout dit ».

Les camarades de Trois-Bassins avaient préparé des bottes de tisanes traditionnelles pour tous les invités.

Voilà pourquoi ce combat solidaire du peuple réunionnais avec la famille Aboudou continue.

Avant de participer à la prière (au centre de la photo), Zoubert Haribou, adjoint au maire du Port, a prononcé un discours de solidarité au nom de la Commune.
Un tee-shirt avec la photo d’Aafifoudine et cet appel : « On veut connaître la vérité ».
Le public en prière.

L. B.

L’appel de Saylane

Voici de larges extraits de l’allocution prononcée hier matin sur le chemin des Esclaves par Saylane, responsable de l’AVJA, à l’intention des « frères, sœurs, représentants associatifs et élus présents » :

« Au nom de l’association qui porte son nom, je vous remercie d’être venus nombreux pour soutenir la famille et exiger la vérité.

Voici trois longues années que Aafifoudine est mort. Trois longues années que nous cherchons à savoir en vain ce qui s’est passé ce vendredi 30 avril 2010 sur ce même chemin où courait Aafifoudine dans le cadre de ses examens, en compagnie d’autres candidats et profs.

Lorsqu’il y a mort d’homme, la Justice met tout en place pour trouver les causes et les circonstances du décès. Vous êtes d’accord avec moi ? Alors, pourquoi pas nous ? Nou lé pa plis, nou lé pa moin, nous demandons le même traitement. Pourquoi tant de mystères et de négligences à l’égard de cette affaire ?

Ce drame laisse depuis trop longtemps une famille en souffrance. Aussi je voudrais profiter de cette occasion pour lancer un appel :

Mesdames, messieurs, jeunes gens, si vous détenez une information quelconque ou vous connaissez quelqu’un qui connaît quelque chose au sujet de cette affaire, ne le gardez pas pour vous, car vous pourriez le regretter plus tard. Toute information peut aider à la reconstruction de la vérité. La famille compte sur vous. Je voudrais finir en remerciant la municipalité du Port et ses services, le magasin Leader Price au Port, le Comité des Chômeurs et des Mal Logés du Port, l’Office municipal des Sports du Port et la municipalité de La Possession ».

Les témoins qui veulent répondre à cet appel peuvent téléphoner au n°0693-600-139.
A la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La kaz Tikok

23 avril, par Christian Fontaine

Promié tan, la kaz bann Biganbé navé dé piès minm parèy sad bann Maksimin, soman té kouvèr an tol. Malérèzman, siklone 48 la ni, la lèv lo ti (…)


+ Lus