Le juge d’instruction demande d’innocenter des policiers accusés d’avoir faire perdre un œil à Jimmy Gazar

Un Réunionnais mutilé aura-t-il droit à la justice ?

24 juillet 2018, par Manuel Marchal

En 2014, un Réunionnais a perdu un œil à la suite de la répression d’une manifestation au Chaudron. Les policiers affirment que la victime s’est mutilée en tombant alors que le rapport médical montre que s’est impossible. Or, l’instruction conclut à un non-lieu qui sera contesté aujourd’hui devant la Cour d’appel.

Dans son édition d’hier, le « JIR » a rappelé que ce matin se tient une audience suite à une plainte déposée pour violences policières ayant entraîné une infirmité permanente. Les faits remontent à 6 ans. Jimmy Gazar accuse des policiers de la perte d’un œil, à cause d’un tir de flashball. Ces derniers prétendent que c’est en tombant à terre que Jimmy Gazar s’est blessé à l’oeil. Comme l’a souligne Me Boniface, avocat de la victime, les blessures montrent que cette explication ne tient pas la route. Un rapport de l’IGPN a contredit le tir de flashball, tout en laissant entendre que l’infirmité ait pu être causée par l’usage d’une « grenade de désencerclement » visant des « émeutiers ». Or Jimmy Gazar ne faisait pas partie de ces derniers. C’est sur la base de ce rapport dédouanant les policiers que le juge d’instruction a demandé le non-lieu. Jimmy Gazar a fait appel de cette décision devant la Chambre d’instruction de la Cour d’appel, d’où l’audience de ce matin.

Le précédent de Théo Hilarion

Ce n’est pas la première fois qu’un Réunionnais est mutilé à la suite d’une opération de police. Chacun a encore en mémoire le calvaire vécu par Théo Hilarion, victime d’un tir de sang-froid en pleine tête d’un gendarme lors de la répression d’une manifestation de dockers. Théo Hilarion a perdu un œil, tandis que l’arme du crime disparaissait et que toute une chaîne de complicités au sein de l’État s’était mise en place pour protéger l’agresseur et ceux qui lui ont donné l’ordre de tirer.
Ce n’est que grâce à la mobilisation que les gendarmes responsables ont pu être traduits devant un tribunal pour répondre de leurs actes.

Système bloqué

Le résultat de cette audience sera très important. En effet, La Réunion vit depuis des décennies une crise sociale qui aboutit à une crise politique. Lors du premier tour des derniers scrutins, plus de la moitié des électeurs ont refusé d’aller voter. Ce n’est pas parce que les citoyens ne participent pas aux élections qu’ils n’ont pas de revendications, ils cherchent alors d’autres moyens que le bulletin de vote pour les exprimer.
Aussi, les manifestations qualifiées d’émeutes urbaines ne pourront que se reproduire face au blocage du système qui rejette la moitié de la population dans la pauvreté et la précarité, et les risques de dérapage lors d’opération de répression.

M.M.

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