Deux cents à trois cents personnes ont participé, hier soir, au meeting des candidats de l’Alliance pour les cantonales et régionales dans le quartier de Carrosse, au flanc de la colline qui surplombe la cité balnéaire. Le meeting a témoigné d’une campagne dynamique, de bons contacts tissés avec la population et d’un durcissement du ton chez les candidats de l’Alliance, qui démontent « les mensonges de l’UMP » et appellent à « sanctionner les menteurs, comme en Espagne ».

Les candidats de l’Alliance dans les cantonales - Jean-Claude Melin (5e canton), Jean-Marc Gamarus (4e canton) et Jocelyn Flahaut (3e canton) ont apporté leur soutien à la liste conduite par Paul Vergès pour l’élection régionale, en soulignant les deux aspects qui structurent la campagne électorale à Saint-Paul.

Le premier, évoqué par Jean-Claude Melin, est la « nullité de résultat de quarante ans de gestion de Saint-Paul » par les Bénard et leurs soutiens. « Au lieu de vouloir s’occuper de la Région, qu’ils s’occupent de Saint-Paul, qui est devenue sous leur conduite une commune sale, en friche », a dit le candidat de l’Alliance dans le 5e canton, après avoir décliné toutes les défaillances dont souffre cette immense commune.

Jean-Marc Gamarus, qui ravive la flamme des luttes dans le canton de La Saline, a dénoncé l’action négative du gouvernement et le danger que représente l’UMP pour les droits et les acquis sociaux des plus pauvres. « Au lieu de consacrer leur majorité écrasante à l’amélioration de la situation, ils s’en servent pour écraser les plus faibles : les 21 mars, il faut tous les balayer », a dit le syndicaliste.

« Se fier à l’expérience du président sortant »

Plusieurs candidats de la liste de l’Alliance entouraient Paul Vergès hier. En introduction, Gérard Loupy a rappelé les aspects les plus importants du scrutin des 21 et 28 mars : « voter contre la casse sociale » ; « ne pas gaspiller sa voix » en acceptant de les disperser sur des listes qui ne seront plus là au 2e tour et voter pour « construire La Réunion de demain ». Après lui, Thérésien Mouny-Latchimy (Free Dom) a rappelé la présence de Free Dom aux côtés de ceux qui se sont battus pour l’Égalité citoyenne, sa présence dans une alliance en formation depuis 1992 et, pointant au travers des mesures gouvernementales « ce qui menace la société réunionnaise », il invitait les habitants de Saint-Gilles à « se fier à l’expérience du président sortant ».

Puis Ary Mardenalom, pour l’Union des démocrates et socialistes de La Réunion (UDSR), a mis en garde contre les divisions : « la Fédération socialiste n’a pas le monopole du vote socialiste », a dit sous les applaudissements le suppléant d’Huguette Bello, la députée de la circonscription en meeting dans le Sud hier, dont il a transmis un message de soutien.

Denise Caro pour le PSR, a axé son propos sur la défense de la dignité des Réunionnais, en dénonçant « l’indignité » des arguments de campagne d’une droite « qui ne sait pas compter au-delà de zéro ! » et en appelant à « mettre en place, le 21, des hommes et des femmes que la anvi éfass lindiniyté », telle celle rencontrée le jour même dans un écart des Hauts de Saint-Paul : un couple et leurs trois enfants « entassés dans une pièce de 6 mètres carrés », qui attendent un logement social depuis quinze ans…

Bien comprendre le sens du vote du 21 mars

Paul Vergès a clôturé le meeting en appelant, comme il le fait partout, à bien comprendre le sens du vote du 21 mars. C’est d’abord la sanction d’un gouvernement qui « a commencé à reprendre un à un les acquis de 50 ans de luttes des Réunionnais pour faire appliquer la loi du 19 mars 1946 » et qui annonce d’autres démolitions pour l’après-élection.

Dans le mouvement, la sanction englobe les soutiens locaux de cette casse. « Tous les parlementaires qui ont voté la casse sont sur la liste Bénard » a-t-il dit en dénonçant les « mensonges » des l’UMP-péi, rebaptisés par dérision « Union des Menteurs Professionnels ». Le président sortant de la Région a mis la tête de liste de l’UMP sur le grill en déclinant toutes les actions de la Région en faveur de la commune dirigée par Alain Bénard (voir encadré).

Tirant les leçons de ce qui s’est passé en Espagne après les attentats du 11 mars 2004 et de la sanction des mensonges officiels, Paul Vergès a appelé les Réunionnais « à voir clair » dans les "arguments" de la droite locale. Il a aussi fait voir les dangers de la division des forces de progrès en insistant sur l’importance du premier tour : avec la possibilité de battre dès le 21 mars une demi-douzaine de Conseiller généraux UMP et la liste de l’Alliance largement en tête dans l’élection régionale, l’impact anti-Raffarin du vote réunionnais peut résonner jusqu’à la Caraïbe en passant par Paris et s’amplifier au second tour, à condition de limiter dès le 21 mars la dispersion des votes, a expliqué Paul Vergès. « Le 21 mars, zot va voté pour ou contre la politik de Raffarin. Vot pa pou in kandida, vot pou zot : voi ousa i lé zot intéré », a-t-il conclu.

David Pascale

« La Région a plus fait pour la commune de Saint-Paul en 6 ans que la droite en 40 ans »

L’UMP mène campagne en prétendant que "la Région ronronne" ! Aussi le président sortant a fait un rappel des actions de la Région dans cette commune. « Rien que sur les routes, la Région a fait cent fois plus que n’a fait la commune pour les chemins communaux », a-t-il commencé en déroulant la liste des réalisations routières.

Puis il y a eu les subventions aux 859 chauffe-eau solaires, l’aménagement de la ville (11 millions de francs), les subventions aux 92 entreprises et la création de 130 emplois, l’aménagement de Boucan-Canot, la réhabilitation des lycées et le projet de lycée HQE à la Plaine Saint-Paul. 42 écoles maternelles et primaires rénovées… puis inaugurées par un maire qui "oublie" d’inviter la Région. « Être obligé de mentir pour faire approuver sa politique, c’est indigne ! »

La liste des réalisations de la Région est encore longue : elle passa par les aides à la mobilité (2.690 personnes aidées), l’aide à la formation professionnelle pour 2.274 jeunes ; le chantier des Tamarins, ses 1.500 emplois directs pérennes et les 318 jeunes partis en formation dans ce but ; les différentes aides aux planteurs ; l’équipement de la commune en "haut débit" ; les emplois aidés (172 emplois-jeunes, 946 emplois verts) et leur rôle dans l’aménagement touristique de la commune…

Ce qui a fait dire à Paul Vergès que, pour une collectivité qui "ronronne", la Région « a plus fait en six ans à Saint-Paul que n’a fait la commune en 40 ans ».

D. P.