Sobatkoz au centre Saint-Ignace, à Saint-Denis

6 mai 2008

Tous les premiers mardis du mois, le père Nicaise organise un sobatkoz au centre Saint-Ignace. Ce soir, le sociologue Laurent Médéa, présentera ses recherches sur la délinquance juvénile, au delà des réflexions classiques sur le sujet, et sans vouloir pointer du doigt les jeunes dits « délinquants ».

Pourquoi la violence des jeunes ? A la lecture d’un document émis par l’Observatoire du développement de La Réunion, dans son numéro 35, "Les manifestations de violence", les jeunes sont particulièrement exposés à la violence, comme victimes, ou bien étant acteurs de violence. « En 10 ans, le nombre de mineurs impliqués dans les faits de délinquance à augmenté de 82% à La Réunion. Près de 71% des affaires commises par les mineurs et portées à la connaissance des services de Police et de Gendarmerie sont des vols », précisait l’ODR. Si, durant les années 1960 et 1970, les jeunes incarcérés l’étaient pour faits de vols alimentaires, comme l’écrivait Laurent Médéa dans nos pages (voir édition du 25 mai 2007), aujourd’hui les délits ont évolué, suivant l’évolution de la société réunionnaise d’ailleurs, volontiers axée vers la consommation. Bon nombre sont écartés du pouvoir de consommer. Pas d’argent, pas de consommation superflue. Comment réagissent les jeunes face à ce slogan ? La publicité fait miroiter les plus beaux, les plus bons, les plus tendances, dans la grande gamme des produits à acheter.

Un mal de consommation

Laurent Médéa s’en tient à ses champs de référence, la sociologie de la déviance et la sociologie culturelle. Le sociologue interroge le contexte social dans lequel se trouve le jeune, acteur de la violence. L’acte violent trouve-t-il des éléments explicatifs dans le statut social du jeune réunionnais ? Selon Laurent Médéa, aujourd’hui les délits sont divers, du vol aggravé, avec ou sans violence, au cambriolage, en passant par le racket, l’agression sexuelle, ou le trafic de stupéfiants, ces délits trouvent explications du fait que les jeunes réunionnais dits délinquants sont figés dans une impasse socioéconomique. Souvent en rupture avec le système scolaire, affectés par le fort taux de chômage réunionnais, ils sont oisifs, sans le sou, errent, lèchent les vitrines, pour enfin se rendre compte qu’ils sont tenus à l’écart de la société de consommation, cela à cause de la précarité de leur statut. Laurent Médéa parle de délinquance de précarité. Le statut socioéconomique et l’environnement familial mènent « à commettre les actes en rupture avec la loi pour accéder aux biens dont ils sont privés par la faiblesse de leurs ressources », écrivait Laurent Médéa. Notons que le sociologue se penche sur la construction identitaire des jeunes Réunionnais, relevant que la recherche de l’identité distinctive varie en fonction des jeunes. Certains préfèrent se reconnaître dans les succès sportifs, et tenir leur ligne de conduite en ce sens. D’autres se reconnaissent dans et par la violence, amplifiée sûrement par la polytoxicomanie. D’autres encore sont fiers de faire business. Serait-ce de la situation de consommateurs frustrés ? La délinquance juvénile n’aurait que des causes sociales ?

Participez au débat

Ce soir, à 18 heures et demie tapante, vous pourrez bénéficier d’un éclairage sur ce thème aussi inquiétant que la délinquance juvénile. C’est un sobatkoz, auquel chacun peut participer. Au vu de la cherté de la vie, la montée des prix de base, la crise pétrolière, le fort taux de chômage réunionnais, on pourrait s’inquiéter en effet de l’amplification de la délinquance juvénile. Le sociologue relève que la délinquance juvénile n’est qu’une partie visible de l’iceberg. Sur les 400 quartiers que compte notre île, 45 connaissent aujourd’hui de graves problèmes sociaux ! il y a encore à faire. D’abord réfléchir, mais il faut aussi agir.

Bbj

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