Quand des Réunionnais ont dit « nou lé kapab »

10 ans de la Route des Tamarins

24 juin 2019, par Manuel Marchal

Hier dimanche, c’était le 10e anniversaire de la Route des Tamarins. Elle a changé le quotidien de centaines de milliers de Réunionnais, libérant les villes du littoral des embouteillages et réussissant le pari de désenclaver le Sud. C’est le résultat d’une volonté politique initiée et réalisée par Paul Vergès quand il présidait la Région Réunion.

La date du 23 juin 2009 a marqué une rupture dans l’histoire de La Réunion. C’est en effet la date d’ouverture de la Route des Tamarins, qui fêtait hier ses 10 années d’existence.
Jusqu’à cette date, le trafic automobile passait par les villes du littoral de la côte Ouest. La conséquence de l’arrêt du train et de la croissance rapide du parc automobile à La Réunion avaient eu pour conséquence des embouteillages quotidiens à Saint-Leu, la Saline les Bains, Saint-Gilles et Saint-Paul. Cela signifiait au moins deux heures de route pour relier le Sud au Nord pendant les heures de pointe, et également une paralysie des villes concernées durant cette période en raison du flot de voitures et camions sur la route nationale et dans les rues adjacentes empruntées par les automobilistes qui tentaient de contourner le bouchon.

Pierre Lagourgue écoute Paul Vergès

L’idée de supprimer ces goulots d’étranglement remonte à la présidence de Pierre Lagourgue à la Région. Un projet de 4 voies le long du littoral saint-paulois était alors privilégié par l’État. Mais ceci aurait eu pour effet de couper en deux les villes concernées, et d’accentuer encore le déséquilibre entre un littoral fortement peuplé et le reste de l’île.
Pierre Lagourgue a alors entendu les arguments que Paul Vergès avait présenté au Conseil municipal de Saint-Paul, demandant qu’un projet alternatif voit le jour : une route à moyenne altitude. Il s’agissait alors de libérer le littoral du trafic automobile, et de créer une voie structurante pour l’aménagement de la zone de mi-pente. C’est en effet ce secteur qui dispose du foncier suffisant pour absorber une part importante de la croissance démographique. Car à cette époque, La Réunion comptait alors moins de 700.000 habitants, et la perspective du million d’habitants était déjà connue.
Le projet soutenu par l’État a alors été stoppé.

L’État refuse de financer

C’est à partir de l’élection de Paul Vergès à la présidence de la Région Réunion en 1998 que le projet de la future Route des Tamarins fut alors lancé. Après les études préalables, les travaux débutèrent sous le second mandat de Paul Vergès et en moins de 5 ans, ce sont 33 kilomètres ponctués de plus d’une centaine d’ouvrages d’art qui furent réalisés.
Les conditions n’étaient pas faciles. En effet, le gouvernement avait décidé que l’État ne participerait pas au financement de ce qui était pourtant la construction d’une route relevant alors de sa compétence de gestion. Fort heureusement, la Région trouva avec l’Union européenne un partenaire pour compléter le financement. Ainsi, sur 1,1 milliard d’euros de coût final, 150 millions furent à la charge de l’UE, constituant à l’époque le plus important investissement routier financé par des fonds européens.

L’heure de la libération des embouteillages

Au fur et à mesure de l’avancement du chantier, des initiatives eurent lieu pour aider la population à s’approprier cette nouvelle route. Le chantier était alors un lieu de promenade et une étape de circuits touristiques.
A son ouverture le 23 juin 2009, la Route des Tamarins changeait soudainement la donne. Il était ainsi possible de rejoindre Saint-Pierre à Saint-Denis en moins d’une heure. Le double défi du désenclavement du Sud et de la libération de l’Ouest des embouteillages était alors relevé.
A l’époque de la construction de la Route des Tamarins, la situation était bien différente. C’était le BTP, fort de plus de 25000 salariés, qui était alors le principal moteur de la croissance économique réunionnaise devant la consommation. L’ouverture de la Route des Tamarins devait alors marquer simplement la première étape d’une série de grands chantiers destinés à faire entrer La Réunion dans l’ère du développement. Elle a donné un travail considérable à des entreprises réunionnaises qui avait alors les outils nécessaires pour passer à la suite. Il était en effet prévu que les chantiers du tram-train et de la nouvelle route du littoral prennent le relais ensuite, les projets du Pôle océan à Saint-Denis et de l’hippodrome de Cambaie notamment devant assurer la soudure.

La dynamique du développement remise en cause

Mais tout cet élan a été brisé en 2010 avec le changement de présidence à la Région.
Depuis, la Route des Tamarins a vu les embouteillages apparaître en raison de la forte croissance du parc automobile causée par l’arrêt du chantier du tram-train. Tous les matins aux heures de pointe, c’est l’embouteillage sur plusieurs kilomètres à Saint-Paul.
Malgré tout, on ose imaginer quelle serait la situation si Paul Vergès n’avait pas eu la volonté politique de mener à bien le projet de la Route des Tamarins. Les Réunionnais peuvent en avoir une idée lorsque la Région ferme la Route des Tamarins pour des opérations de communication intitulées paradoxalement « Route ouverte ». Bien que ces actions se déroulent un dimanche, ce sont alors des kilomètres d’embouteillage dans les villes du littoral de la côte Ouest.

M.M.

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