5 jours après le passage à 200 kilomètres au large d’un cyclone

Batsiraï à La Réunion : Route du littoral fermée par un éboulis

8 février 2022, par Manuel Marchal

Une fois de plus, l’inadaptation de La Réunion à sa réalité d’île tropicale va coûter cher aux Réunionnais.6 jours après le passage fort heureusement à près de 200 kilomètres de La Réunion, l’eau accumulée est responsable d’un éboulis survenu pendant la nuit sur la Route du littoral. Rappelons que les Réunionnais auraient dû bénéficier en 2014 d’un train et en 2017 d’une Nouvelle route du littoral pour sécuriser la liaison entre Saint-Denis et l’Ouest. Mais ces projets adaptés à notre réalité d’île tropicale remettaient en cause des intérêts particuliers. Ils furent supprimés en 2010 par Didier Robert, président de Région au service des intérêts du tout-automobile et des importateurs d’énergie fossiles, et les crédits de ces deux projets furent gaspillées dans une route en mer impossible à réaliser faute de matériaux disponibles à La Réunion. Résultat : des dizaines de milliers de Réunionnais ont perdu ce matin des heures dans des embouteillages.

Dans un communiqué diffusé dans la nuit, la Direction des routes de la Région annonce que « la RN1 Route du Littoral est totalement fermée à la circulation suite à un éboulis qui s’est produit dans le secteur des potences. Une déviation est mise en place par la RD41 Route de la Montagne ». Fort heureusement, seuls des dégâts matériels sont à déplorer.
La Route du littoral relie Saint-Denis à La Possession, elle est longue de 12 kilomètres. Donc le trajet entre ces deux villes dure une dizaine de minutes.
Le trajet entre Saint-Denis et La Possession par l’ancienne route nationale, dite « Route de la Montagne » a une longueur de 40 kilomètres et est une route de montagne. Il faut donc près d’une heure pour aller de Saint-Denis à La Possession sur cet iitinéraire… à condition que la circulation soit fluide.

Des heures de perdues dans les embouteillages

Or, avec la fermeture de la route du littoral, tout son trafic est basculé sur la Route de la Montagne. Donc lorsqu’un usager vient de l’Ouest pour se rendre dans la capitale, la trajet entre La Possession et Saint-Denis peut facilement durer au moins trois heures, compte tenu de l’embouteillage avant l’entrée de la Route de la Montagne, et des aléas de la circulation sur une route qui n’est pas faite pour absorber un trafic de plus de 50.000 véhicules par jour.
Par ailleurs, la Route de la Montagne est interdite aux longs véhicules. Cela exclut donc les poids lourds semi-remorques ainsi que les bus de 50 places utilisés par le réseau Car Jaune. Mais malgré tout, de nombreux conducteurs n’ont pas l’habitude de circuler pendant plus de 30 kilomètres sur une route de montagne étroite. Ceci est donc à l’origine de ralentissements lors des croisements de véhicules et dans les enchaînements de virage en particulier quand la route serpente le long d’une falaise et franchit plusieurs cours d’eau sur des petits ponts.
Autrement dit, ce sont des dizaines de milliers d’heures qui vont être perdues aujourd’hui sur la Route de la Montagne entre Saint-Denis et La Possession, et cela risque bien de se reproduire plusieurs jours tant que la sécurité relative de la Route du littoral n’est pas restaurée.

La Réunion maintenue dans le sous-développement en matière de transport

Ce problème ne devrait pas exister à La Réunion, car depuis 2014, les Réunionnais devraient bénéficier d’un train entre Sainte-Marie et Saint-Paul via Saint-Denis franchissant le massif de la Montagne par un tunnel, et d’une nouvelle route du littoral dont la mise en service était prévue en 2017. Mais aujourd’hui les Réunionnais n’ont rien de tout cela car le lobbying du tout-automobile en a décidé autrement pour préserver ses intérêts particuliers. Ce lobby a trouvé en Didier Robert un allié essentiel et à peine arrivé dans le fauteuil de président de Région en 2010, Didier Robert s’est empressé de démolir les projets du tram-train et de la nouvelle route du littoral pour les remplacer par une route en mer comblant les attentes des importateurs de véhicules, des compagnies pétrolières ainsi que des transporteurs qui pensaient bénéficier d’importants marchés.
Mais les matériaux pour cette route en mer n’existent pas à La Réunion en quantité suffisante. Cette réalité était connue depuis le début, mais le gouvernement français s’est entêté à soutenir le projet pharaonique de l’ex-président de Région. Résultat, 12 ans après l’arrêt du chantier du tram-train et l’annulation de la Nouvelle route du littoral, les Réunionnais ont reculé car entre temps, les importateurs d’automobiles continuent de faire fortune au rythme de plus de 20.000 véhicules importés par an. Toute cette masse de métal et de plastique fabriquée à l’étranger et qui arrive chaque année à La Réunion encombre plus nos routes. Cela rend encore plus difficile les déplacements.

M.M.

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