Travaux de sécurisation de la route littorale

« Le destin d’une falaise, c’est de tomber »

29 avril 2004

Au cours de la dernière campagne électorale, à défaut d’arguments tangibles susceptibles de remettre en cause le bilan favorable de la mandature régionale, les détracteurs du président Paul Vergès ont trouvé opportun d’accuser la collectivité de ne pas encore avoir apporté de solution aux problèmes de sécurité et de circulation de la route du littoral.
En plus de révéler l’ignorance des accusateurs face à la complexité des nombreux paramètres inhérents à l’apport de solutions, c’est tout l’aspect et les faits historiques attenant au choix et à la réalisation du tracé qui étaient occultés. Préfet et directeur de l’Équipement, au cours de la première réunion du CARIP mercredi dernier à la préfecture, ont tenu à resituer la route du littoral dans son contexte historique et à souligner implicitement la justesse des propos tenus par le président de la Région depuis des année, et rappelés lors de la campagne : "Le destin d’une falaise, c’est de tomber".

Pourquoi faut-il encore attendre ?

Déclaré d’utilité publique en 1955, l’axe Saint-Denis/La Possession fut et reste sujet de débats et polémiques. D’études en études, après avoir supprimé le chemin de fer, le tracé haut par le plateau de La Montagne est délaissé malgré les solides arguments présentés notamment après la guerre par le docteur Raymond Vergès et par l’ingénieur Emile Hugot.
Après quatre années d’intenses et périlleux travaux ayant entraîné la mort de huit ouvriers, la première route du littoral au pied de la falaise est inaugurée le 25 juillet 1963. Pour trouver sa part de financement, soit 800 millions, le Conseil général fait appel au portefeuille des automobilistes, augmentant de 4 à 10 francs CFA par litre la taxe sur l’essence, ce qui lui permet de récolter la somme nécessaire en 10 ans.
Aujourd’hui encore, l’importance du financement, estimé par les experts à 1,2 milliard d’euros, explique l’attente encore nécessaire pour répondre à ce projet d’ampleur et à sa complexité technique. Pour la DDE (Direction départementale de l’équipement) : "Même avec le soutien de la collectivité nationale et de l’Union européenne - l’une et l’autre déjà très sollicitées -, ce budget est très difficile à mobiliser dans un contexte économique délicat".
Autre facteur qui justifie cette attente, la longueur des études et des procédures. De tels projets d’infrastructures sont soumis à une réglementation précise : il faut s’assurer de leur faisabilité technique et financière et de la tenue d’un grand débat public, annoncé officiellement par Georges Mercadal, vice-président de la Commission nationale du débat public, lors de sa récente visite dans l’île. Ce grand débat, premier du genre dans toute la République - qui assure une large concertation entre les élus, les services de l’État, les acteurs socio-économiques, les associations, les usagers et riverains -, est un préalable indispensable prévu par la loi "Démocratie et proximité", d’octobre 2002. "Compte tenu de la complexité des études, de l’état actuel de la réglementation et de l’importance du financement à réunir, il est vraisemblable que ce projet va être réalisé en plusieurs étapes successives et que son achèvement complet ne puisse être prévu qu’à l’horizon 2015-2020", constate ainsi la DDE.

La nécessaire concertation

Durant la campagne électorale des dernières régionales et cantonales, le président de la Région avait déjà soulevé les problématiques annoncées lors de la première réunion de travail du CARIP à la préfecture. Cependant, les médias dominants ont jugé préférable de ne pas s’en faire l’écho, laissant ainsi planer doute et suspicion. Il avait pourtant évoqué le risque constant d’une chute importante "en écaille" de la roche, d’un glissement de plaque géologique, qui pourrait piéger des dizaines d’automobilistes car, "le destin d’une falaise, c’est de tomber".
Se référant au gigantesque éboulis du tunnel du Cap Bernard en mars 1961, l’idée d’un nouveau passage dans la roche lui apparaissait dangereuse et inopportune. Envisager une voie sur mer, au vu des impacts liés aux changements climatiques et plus particulièrement à la densification de la houle, protégerait des risques d’éboulis mais pas de l’inondation de la voie qui mettrait là encore la sécurité des automobilistes en péril. Il avait souligné également les facteurs liés à la protection de l’environnement, de la faune et de la flore, regrettant la disparition du ti’train et déplorant le choix politique du tout-automobile, qui conduit notre pays à une saturation des axes de circulation, sans oublier l’aspect écologique.
Alors que la Région annonçait l’ouverture de deux grands chantiers de la route des Tamarins, Paul Vergès n’a pas omis de souligner que dans le même temps, les études concernant le projet tram-train et la route du littoral venaient s’ajouter à l’important financement mis en place et aux enjeux pour le développement durable de notre île. Lorsque le président de la Région est le premier en France et Outre-mer à se préoccuper des changements climatiques et de leurs répercussions, on se moque de lui. Aujourd’hui, c’est une préoccupation générale. Idem pour le tram-train qui apparaît pourtant comme une solution essentielle pour sauver La Réunion du tout-voiture qui l’asphyxie.
À quand la fin des attitudes négatives destinées à discréditer en vain la parole d’un responsable politique, plutôt que de s’intéresser au fondement de sa réflexion et de ses propositions ? Notre pays a besoin d’unité d’actions et de réflexions pour penser son développement durable et non d’accusations mesquines qui portent préjudices aux grands projets de demain. Mais les Réunionnais ne sont pas dupes et ont démontré lors des dernières élections qu’ils offrent leur confiance à l’Alliance proposée par le président de la Région, car c’est main dans la main qu’il nous faut penser La Réunion de nos enfants, détachés des enjeux personnels ou des perspectives carriéristes.

Estéfany


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