Quand une décision prive les Réunionnais du droit à un train et menace d’empêcher le respect d’un choix démocratique

Route en mer de La Réunion : les responsables de la crise doivent payer

6 novembre 2023, par Manuel Marchal

Une revendication des majors du BTP bénéficiaires du marché de la route en mer risque de faire exploser encore plus la facture finale de ce chantier. La route en mer a été décidée par une poignée d’élus réunionnais soutenus par le gouvernement de l’époque. Paris doit donc assumer ses responsabilités dans la crise qu’il a contribué à créer. En effet, Paris a donné tout d’abord son accord pour que l’argent public prévu pour le train serve à une autre fin, puis les dérogations nécessaires au lancement du chantier.

Le financement du chantier de la route en mer était à l’ordre du jour de l’assemblée plénière du Conseil régional de ce 3 novembre. Le groupement d’entreprises bénéficiaires du marché demande un milliard d’euros de plus, alors que 1,6 milliards d’euros sont déjà dépensés et qu’au moins 800 millions d’euros doivent l’être. Ce milliard demandé correspond à une année de recettes de la Région Réunion. Ceci donne une idée de la gravité de la situation, découlant d’une décision prise par une poignée d’élus réunionnais en 2010, avec le soutien du gouvernement.

L’argent du train jeté à la mer pour une demi-route

Rappelons qu’en 2010, Didier Robert, nouveau président de Région, et les élus de sa majorité votèrent pour la réaffectation de l’argent obtenu par Paul Vergès pour reconstruire le train, au financement d’une route en mer. Ce vote a été suivi par la signature d’un accord entre Didier Robert et François Fillon, Premier ministre représentant l’État. Avec le soutien de Paris, ces élus avaient donc un budget de 1,6 milliard d’euros pour mener à bien un chantier de 12 kilomètres en pleine mer.
11 ans plus tard, quand Didier Robert et sa majorité perdent les élections, la première moitié de la route n’est même pas terminée entre Saint-Denis et la Grande Chaloupe, et la partie en digue entre la Grande Chaloupe et La Possession n’est pas démarrée, à l’exception d’un morceau de pont relié à rien inauguré à La Possession par Didier Robert. Il a fallu ajouter un raccordement à 70 millions d’euros pour utiliser la première moitié de route en mer. Il s’avère que l’intégralité des 1,6 milliard d’euros ont déjà été dépensés pour une demi-route. En effet, la nouvelle majorité régionale a négocié avec l’État une participation à une rallonge budgétaire afin de terminer le chantier : l’État apportera 400 millions d’euros de manière forfaitaire, pour un coût estimé à 800 millions d’euros au moment de la signature de l’accord l’an dernier.

Des Réunionnais soutenus par Paris responsables de la crise

Cela fait donc déjà 2,4 milliards d’euros. C’est deux fois le coût pour reconstruire le train entre Sainte-Marie et Saint-Paul avec le percement de plus de 10 kilomètres de tunnels entre La Possession et Saint-Denis. Avec un milliard de plus, la facture s’élèverait donc à 3,4 milliards d’euros. La Région conteste la demande des majors du BTP. En effet, on ose imaginer les conséquences catastrophiques pour la collectivité si elle voyait sa dette enfler d’un milliard d’euros.
Didier Robert et la poignée d’élus réunionnais qui ont voté pour lancer le chantier de la route en mer, ainsi que l’État qui a cautionné cette décision, portent alors une double responsabilité.
La première, c’est de ponctionner à un point tel les finances de la Région Réunion qu’elle soit dans l’impossibilité de financer l’indispensable reconstruction du train. En effet, La Réunion a été exclue des projets de RER co-financés par l’État et elle n’a donc pas les moyens financiers de dépenser plusieurs centaines de millions d’euros dans un train.
La seconde, c’est de réduire considérablement la possibilité pour la Région Réunion de mener à bien le programme qui a recueilli la majorité des suffrages exprimés au second tour des dernières élections régionales.

Paris doit assumer ses responsabilités dans la crise

Manifestement, il est possible de prendre une telle décision en toute impunité. S’il apparaît difficile de rendre les élus réunionnais pécunièrement responsables de leur acte, l’État a lui les moyens de réparer. En effet, sans le soutien d’un gouvernement, Didier Robert n’aurait jamais pu démarrer son chantier. Tout d’abord, il a eu l’accord de l’État pour utiliser l’argent prévu pour le train à une autre fin. Ensuite, il a bénéficié de dérogations décidées par l’État pour que le lancement du chantier soit possible. Pour Paris, la facture de la route en mer est une part négligeable des plus de 400 milliards prévus sur quelques années pour acheter des armes et payer ceux qui pourraient s’en servir.
Par ailleurs, les bénéficiaires des marchés sont des sociétés françaises qui paient notamment leurs impôts en France et pas à La Réunion, et qui rapatrient leurs bénéfices en France.
Il serait donc logique que dans cette affaire, le gouvernement répare les décisions de l’État.

M.M.

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Messages

  • L’achèvement de la route en mer entre la Possession et Saint Denis est une priorité absolue . On devra payer le prix qu’il faudra , mais elle doit être impérativement terminée . Mais cette obligation de l’achever ne nous interdit pas de programmer la construction d’une ligne de chemin de fer qui ferait presque le tour de l’ile depuis Sainte Rose jusqu’à Saint Joseph .

    Ce projet pourrait être réalisé simultanément en plusieurs tronçons sur les zones les plus peuplées , par exemple de Sainte Marie à Saint Paul en même temps que de Saint Louis à Saint Joseph , avec des liaisons par téléphérique sur certains secteurs pour desservir les hauts , notamment à Saint Denis ,à Saint Paul , à Saint
    Leu et à saint Pierre .

    Il faudra bien entendu que l’Etat accepte de participer largement au financement, mais si les finances de la Région Réunion ne lui permettent pas actuellement de programmer une participation à la hauteur de l’enjeu , pourquoi ne pas faire financer ce projet par des taxes sur les importations et l’achat des véhicules automobiles ( qu’ils soient neufs ou d’occasion )et sur le prix des carburants .

    Dans ces conditions rien ne nous empêchent de relancer dès que possible ce projet de voie ferrée et de téléphérique , et notamment de le faire chiffrer de manière précise pour pouvoir déterminer le montant des taxes qui pourraient être réclamées aux automobilistes par le conseil régional pour pouvoir le financer .

    Comme il y a déjà près de 600000 véhicules automobiles en état de fonctionner à la Réunion et que nous importons chaque année au moins 35000 de plus je pense qu’il ne nous faudra pas plus de 5 ou 6 ans pour mettre en place la contribution de la Région Réunion à Ce grand projet de développement économique pour notre île .

    On peut espérer que la route en mer sera achevée dans 4 ou 5 ans , et que les travaux de ce projet de voie ferrée prennent le relais dans la foulée , mais vue les lenteurs administratives , il n’y a pas de temps à perdre pour prendre les décisions qui s’imposent .

  • Un bon rappel d’infos pour ceux, celles qui avaient oublié ou ignoré cette histoire que l’on peut qualifier de dingue quand on y pense. Projet tombé à l’eau, volontairement rejeté, donc argent gaspillé avant même le départ ! Amplification du "tout automobile", on devrait écrire "du tout pour dessus le goudron" ! Sans oublier que le beau projet du train serait pourvoyeur d’emplois durables, un belle opportunité pour les jeunes diplômés qui pour le moment, malgré leurs formations, galèrent ou se retrouvent sous payés, sans perspective, c’est grave pour le moral, non ? Comment faire des efforts lorsqu’on sait que l’avenir est bouché, que l’on va avoir des difficultés pour s’insérer dans le monde du travail ? Que l’on se sent inutile dans la société, donc "non attendu" ? Rouler en train, un TER péi électrique enfin cette fois, de Ste Rose à St joseph aussi bien pour les citoyens que les marchandises, voilà un progrès, un bonne idée à copier et une bonne image que la Réunion pourra donner. Car en attendant, et ça ne fait que se poursuivre, on perd son temps dans les bouchons, on subit la pollution, on encombre les rues, bref, rien de pas vraiment bon pour nos santés, le stress, le bruit, la pollutions entre les gaz, les huiles, les poussières de métaux lourds comme le plomb, les déchets induits etc... Arthur qui pédale en attendant le train enfin. Voir aux Archives de Champ Fleuri la très belle éxpo sur le train de jadis, du tan lontan, le célèbre CFR cher aux gramounes !

  • Pour compléter mon intervention je précise que si le contexte législatif actuel ne permet pas aux Régions de créer d’autres ressources fiscales que celles qui lui sont déjà attribuées par la loi , il faudrait que nos parlementaires leurs permettent de trouver d’autres ressources pour faire face à des situations exceptionnelles .

    Le choix d’un développement économique équilibré nous impose de donner à nos citoyens d’autres moyens de transport que le tout automobile , mais nous devons aussi lutter efficacement contre le réchauffement climatique qui est causé en grande partie par l’émission de gaz à effet de serre des véhicules automobiles , qu’il s’agisse de voitures , de camions de bateaux ou d’avions , et la taxation de l’achat de ces véhicules et de leurs carburants permettrait de disposer des fonds nécessaires , pour réaliser des moyens de transport moins polluants et plus économiques .

    Si cette taxation n’existe pas il faudrait que le gouvernement demande à nos élus de la voter , ou que nos élus se saisissent eux mêmes de la question et fassent adopter les propositions de lois nécessaires pour la créer et définir les conditions de son utilisation .

  • De nouveau, bravo pour ces idées que je trouve très bonnes, constructives, que les décideurs devraient prendre en compte. Penser à l’avenir de la planète, non pas revenir en arrière mais réaliser que l’on ne peut pas continuer ainsi, consommer, gaspiller sans souci, préoccupation le "après moi le déluge", c’est un tragique exemple d’irresponsabilité partagée ! On verra bien, si les élus réagissent. Combien de temps, donc d’argent cela prendra ?

    Un TER péi " Ste Rose St Joseph" pour les humains, les animaux et les marchandises ! La preuve, aucun d’eux ose affirmer le contraire ou pire, de proclamer qu’il faut poursuivre "jusqu’au bout" le "tout voiture" qui rapporte beaucoup jusqu’à ce que la Réunion devienne un véritable enfer routier en éternel boulot de réfection, extension, donc d’artificialisation des sols.
    Hier notre fils a cependant trouver une annonce pour du travail "originale" inattendue ! Elle concerne la recherche de spécialiste en pose de voie ferrée, ici .

    Bon week-end à vous quand même. Arthur.
    ____________________________________________________

  • Deux sujets dans cet article.
    1) le train l’abandon du tram train a été une faute grave de la part de D. ; d’autant plus qu’elle a été prise pour des raisons de politique politicienne
    Cela a couté cher,financièrement, à La Région et augment e encore les embouteillages sur nos routes.il faut relancer le projet ;mis il faudra,au moins, 10 ans pour que les premiers wagons roulent.
    2) La NRL. Bien sûr il faut la terminer le plus vite possible , la réaction des écolos,demandant d’abandonner totalement est lamentable. La aussi la politique partisane prends le dessus sur le bon sens.
    Par contre sur les responsabilités du retard et du surcout ; à mon sens,elles sont partagés.
    L’ancien président du Conseil Régional n’a pas prévu le problème des roches, puis il a cédé aux exigences des transporteurs. Enfin inaugurer un tronçon de route où personne ne passe et ridicule.
    Mais les associations soi disant " pour la défense de l’environnement" , ont aussi une grande part de responsabilité . ils ont multiplié les recours ? aussi, pour des raisons de politique partisane. La présidente actuelle du Conseil Régional y a aussi contribué , en finançant ces associations. Maintenant, elle a hérité du bébé


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