Débat sur la « nouvelle route du littoral » au Conseil régional

Route en mer dite NRL : la Région Réunion vote pour l’expertise financière et technique

28 octobre 2021, par Manuel Marchal

Au terme de 5 heures de débat sur le chantier de la route en mer dite nouvelle route du littoral ou NRL, les conseillers régionaux ont adopté une délibération demandant notamment une expertise financière et technique des alternatives possibles à la poursuite du projet. La nouvelle majorité régionale fait donc sienne une revendication portée depuis plus de 10 ans par l’Alliance et le PCR, et soutenue depuis par plusieurs associations. Si cette revendication se concrétise, alors il sera possible d’avoir les informations suffisantes pour ne pas reproduire les erreurs de ces 10 dernières années qui ont conduit le chantier dans une impasse financière et technique.

Ce mercredi, une séance plénière extraordinaire était consacrée à la route en mer, dite nouvelle route du littoral ou NRL. Elle a débouché sur l’adoption d’une délibération présentée par la présidente de la Région, Huguette Bello. Parmi les différents articles de ce texte figure la demande d’une expertise financière et technique des alternatives possibles à la poursuite du projet, tout en sollicitant l’accompagnement de l’État pour la réaliser.
Rappelons que ce projet est financé par le redéploiement des fonds obtenus auprès de l’État et de l’Europe en 2007 par la Région présidée par Paul Vergès et dirigée par l’Alliance. La remise en cause de ces deux grands chantiers par la majorité régionale issue des élections de 2010 visait à saborder le chantier du tram-train. La reconstruction du chemin de fer de La Réunion était combattue par le lobby du tout-automobile et des énergies fossiles qui craignait de perdre sa position dominante en raison des progrès rendant possible l’autonomie énergétique de La Réunion dès 2025. Ces progrès s’appuyaient sur le projet d’une électrification des transports, organisés autour du chemin de fer. Cette remise en cause déboucha sur la signature en 2010 d’un accord très avantageux pour l’État : en échange d’une contribution forfaitaire de l’ordre de 800 millions d’euros, Paris laissait à la Région Réunion l’entière responsabilité des surcoûts qui n’allaient pas manquer de se produire. En effet, construire une route à 6 voies en pleine mer sur les pentes d’anciennes coulées de lave était un défi sans précédent, manifestement sous-estimé par la Région présidée par Didier Robert entre 2010 et 2021.
L’expertise financière et technique est une revendication aussi ancienne que le projet de route en mer voulu par Didier Robert. Si cette proposition de l’Alliance et du Parti communiste réunionnais avait été prise en compte en 2010 lors du redéploiement des crédits obtenus pour construire la tram-train et la nouvelle route du littoral, nul doute que La Réunion ne serait pas dans l’impasse actuelle.

Où trouver 500 à 700 millions d’euros ?

En effet, le projet de Didier Robert a été lancé sans que ses promoteurs ne se soient assurés d’avoir les matériaux nécessaires pour le terminer. De plus, l’ancienne majorité soutenait que le budget initial, 1,6 milliard d’euros, ne serait pas dépassé pour la réalisation de cette route. Les faits ont depuis montré que le projet incluant pour moitié une digue en pleine mer afin de satisfaire les intérêts de certains transporteurs n’était pas réalisable faute de matériaux disponibles à La Réunion.
En termes financiers, le budget initial est déjà dépassé alors que seule une moitié de cette route pourrait être livrée d’ici un an. Selon les estimations présentées lors de cette séance plénière extraordinaire, il manque entre 500 et 700 millions d’euros pour boucler le chantier. Par ailleurs, les majors du BTP qui ont bénéficié de marchés publics d’un montant de plus d’un milliard d’euros, ont assigné la Région en justice pour obtenir des indemnités d’un montant équivalent.
Or, au bout de 11 ans de présidence de Région par Didier Robert, la collectivité a vu ses marges de manœuvre budgétaire se réduire considérablement. Selon Patrick Lebreton, premier vice-président de la Région, la Région ne peut plus emprunter au maximum que 150 à 200 millions d’euros. Or, la route en mer n’est pas le seul chantier que la Région doit mener. La majorité présidée par Huguette Bello compte en effet relancer d’autres chantiers quasiment abandonnés sous l’ancienne mandature et indispensables aux Réunionnais comme la construction de nouveaux lycées, ainsi que d’autres projets d’infrastructure.

La route du littoral et le chantier de la route en mer transférés de la Région à l’Etat ?

La délibération demande également l’actualisation du Protocole de Matignon, contrat fixant les contributions des trois financeurs : Région, État et Europe. Il est proposé que l’État et la Région contribuent au surcoût en fonction d’une clé de répartition liée à leur contribution initiale. C’est ce qu’avait obtenu Paul Vergès de l’État en 2007 dans le contrat de financement initial, une clause qui avait été effacée lors de la renégociation du contrat par Didier Robert au grand bénéfice de l’Etat.
Intervenant avant le débat, Jacques Billant, préfet de La Réunion, a rappelé les engagements de l’État dans le financement du projet. Outre sa contribution initiale, l’État a également décidé d’un soutien supplémentaire de 17 millions d’euros pour la réalisation de la connexion permettant de mettre en service la demi-route en mer constituée par le viaduc entre Saint-Denis et la Grande-Chaloupe. Prélevée dans le Plan de relance, cette somme constitue environ la moitié de la somme nécessaire à la réalisation de cet ouvrage qui n’était pas prévu dans le projet initial.
Pour appuyer la demande de la Région, Patrick Lebreton a évoqué la proposition d’une recentralisation de l’axe routier reliant La Possession à l’aéroport, transféré à la collectivité depuis 2008 car route nationale. Rappelant que le Conseil départemental avait obtenu de l’État la reprise en main de la gestion du RSA, le premier vice-président de la Région a indiqué qu’en France, l’État n’avait pas transféré aux collectivités locales des axes routiers considérés comme stratégiques. L’axe La Possession-Saint-Denis pourrait entrer dans ce classement, car il relie le seul port de commerce de La Réunion à la capitale où se concentrent emplois et services, ainsi qu’à l’aéroport où arrivent les vols intercontinentaux.
Par ailleurs, il a été également été relevé que la réalisation de la route en mer a pour but de sécuriser un itinéraire emprunté par 66.000 véhicules par jour. Pour Wilfrid Bertile, conseiller régional de la majorité, la sécurité est une compétence relevant de l’État, pas de la Région.

M.M.

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Messages

  • Pas un mot, c’est fort regrettable, sur le projet de train, lié à la NRL lui aussi, un TER péi qui reliera enfin, St Joseph à Ste Rose, aussi bien pour les passagers, touristes, élèves, gramounes, retraités, que pour le fret, pour la canne, en vrac, le sucre dans des wagons trémis, des wagons citernes pour le gaz, les carburants, puis les voitures voyageurs, les fourgons postaux, etc, il y a du travail pour ce beau projet puis pour son exploitation, son entretien futur, bref, pas mal d’emplois durables pour les jeunes en particulier, qui pour le moment, sont un peu, beacoup résignés finalement lorsqu’ils découvrent le monde du travail local où bien souvent hélas, ne leur sont proposés que des emplois sous diplômés, donc sous-payés face à leur formation reçue, le sacrifice que cela a demandé de leur part puis à leur famille qui leur ont fait confiance pour "s’en sortir", se lancer pleinement pour devenir des citoyens actifs, volontaires. C’est pour quand ? Combien de temps attendre encore ? , Arthur.

  • Avant même l’adoption de ce projet de route du littoral j’avais prévu qu’elle nous coûterait plus de 3,2 milliards d’euros , soit le double de ce quia été prévu initialement alors que si on avait adopté mon projet de passer par les hauts nous n’aurions pas dépensé plus que les 1,3 milliards que nous avons dépensés pour la route des tamarins . Il semblerait que j’avais raison , le meilleur choix était de passer par les hauts et non de construire une route en mer . Cette route par les hauts serait déjà ouverte à la circulation , aurait donné du travail aux réunionnais comme cela a été le cas pour la route des tamarins et les terres de la Montagne qui auraient été désenclavées auraient certainement contribué au développement des activités industrielles et artisanales et offert d’autre perspectives à la construction de logements et on aurait peut être pu faire d’une pierre deux coups en utilisant le même tracé pour construire en même temps notre fameux tram train dont le financement était déjà approuvé par l’état depuis 2008.

    Comme l’a souligné monsieur Wilfrid Bertile la Réunion est devenue la risée de tout le monde avec sa route la plus cher du monde au kilomètre et a déjà perdu toute crédibilité après des instances nationales européennes et internationales pour obtenir de l’aide pour l’achèvement de ce projet démentiel , et il est probable que l’expertise technique et financière que nous demandons avec plusieurs années de retard ne nous permettent pas de trouver les fonds nécessaires pour terminer le chantier qui a déjà englouti près de 3 milliards d’euros quand on ajoute aux 1,6 milliards d’euros déjà dépensés les 700 ou 800 millions d’euros déjà engagés et le milliard d’euros demandés par le groupent d’entreprises qui ont obtenu le marché pour les dédommager des dommages qui leur sont causés par le non respect des clauses de leurs contrat.( Cela fait beaucoup mais rien ne nous dit que les juges administratifs ne leur donneront pas raison si leurs arguments sont fondés juridiquement .

    Je pense que l’expertise technique et financière est absolument nécessaire, mais elle ne doit pas trainer en longueur . il faudrait imposer un délai de réponses aux experts qui seront consultés , et comme de toute façon nous aurons beaucoup de mal à mettre en place des financements complémentaires pour l’achèvement de l’ouvrage que l’on estime déjà réalisé à 80% Il faudrait peut être envisager de faire appel à un emprunt public pour trouver l’argent nécessaire. Ce ne serait pas la première fois que des travaux d’intérêt général seraient financés par des fonds privés en échange d’une compensation avantageuse, comme un taux d’intérêt exceptionnel ou encore la possibilité de défiscaliser ses impôts pendant plusieurs années .

    Lorsque la cathédrale de Notre dame de Paris a été incendiée, il a fallu moins d’une semaine pour avoir des promesses de financement défiscalisable pour plus d’un milliard d’euros . Certes ,notre nouvelle route du littoral ne peut pas être comparée à Notre Dame de Paris , mais notre île fait partie du patrimoine de l’humanité et ne serait ce , qu’à ce titre beaucoup de gens gens très riches pourrait s’engager à nous aider financièrement si nous mettons en place un dispositif adéquat qui fonctionnerait sous le contrôle de l’état ou d’un organisme international comme la banque mondiale ou le fonds monétaire international qui ont compétence pour intervenir dans les grands projet de développement.

    Nous pourrions également organiser une loterie nationale ou internationale dont le produit pourrait être affecté en partie à l’achèvement de notre route .

    Pour ma part si j’avais de l’argent ( ce qui n’est malheureusement pas le cas )je serai certainement d’accord pour contribuer au financement de l’achèvement de notre route du littoral si on me garantissait que ma contribution serait correctement rémunérée et je suis convaincu que beaucoup de réunionnais mais aussi de français ou d’européens et même d’étrangers seraient prêt à en faire de même .En tout cas si une loterie était organisée j’achèterai certainement quelques billets .

  • Bonjour M.Maillot
    il est, à mon sens , certain que l’abandon du tram train a été une grosse erreur, de la part de Didier Robert.d’autant plus que cela s’est fait pour des raisons de politique partisane. .
    Mais sur la NRL, les oppositions n’ont pas fait mieux. elles ont multiplié les obstacles ,en très grande partie pour nuire au président en place.
    Comme souvent la politique politicienne ( avec un petit p) se révèle néfaste.
    L’intervention ,hier, de Mme Rabénaza , sur une chaîne publique confirme mon impression. voila une personne ,qui a tout fait pour fournir des obstacles à cette route, et qui maintenant n’a d’autres ressources que pratiquer le langue de bois.

    Sur votre position de la route des hauts , vous avez peux être raison. Mais, personnellement, je n’ai pas assez d’éléments pour me prononcer. donc je ne dis rien.

    Mais la suite ? Dans un premier temps , il est urgent de réaliser les jonctions du coté du barachois et le grande chaloupe. Fin 2022 ?
    Vous parlez de ridicule . oui ,le monde entier a rit de nous, lorsque M.Robert a inauguré un morceau de route où personne de pouvait circuler. il faut oser le faire.cela me fait penser à un épisode d’un roman de San Antonio, où un métro et inauguré ,et où faut revenir à pieds (Lol) Ce roman date de plus de 50 ans . Référence bizarre j’en conviens.
    Pour les 2 ou 3 km restants , je pense que cela ne sera pas fait à la fin de ce mandat de Mme BELLO


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