Corsair affrète temporairement un avion de la filiale mahoraise d’Air Austral

Vols La Réunion-Mayotte de Corsair assurés par Ewa : prouver que la collaboration avec Air Austral est possible

27 novembre 2021, par Manuel Marchal

Du 7 au 20 décembre, Corsair affrétera le Boeing 737 d’Ewa sur la ligne La Réunion-Mayotte en raison d’un manque de pilotes pour assurer cette desserte bihebdomadaire avec ses Airbus A330. Le recours d’Ewa permet d’éviter qu’Air Austral apparaisse dans cette affaire, compte-tenu à La Réunion de la levée de bouclier consécutive au projet de rapprochement capitalistique entre Air Austral et Corsair. Or, Ewa est la filiale mahoraise d’Air Austral et l’avion sera piloté par des salariés d’Air Austral aux conditions Air Austral. Cela semble vouloir dire que cet affrètement est un moyen de prouver que la collaboration entre Corsair et Air Autral est possible, ce qui à n’en pas douter intéresse grandement l’État sollicité par Corsair, selon « Tour mag », pour combler le déficit d’Air Austral en cas de fusion entre la compagnie guadeloupéenne et son homologue réunionnaise.

Du 7 au 20 décembre, les Airbus A330 de Corsair seront remplacés par un affrètement de la compagnie Ewa, filiale d’Air Austral.

Corsair a annoncé jeudi avoir pris la décision d’affréter le Boeing 737 d’Ewa pour assurer sa ligne La Réunion-Mayotte du 7 au 20 décembre. Ceci surprend si la référence est le critère économique. En effet, selon la compagnie guadeloupéenne, c’est le manque de pilotes qui l’oblige à suspendre temporairement sa liaison entre La Réunion et Mayotte. Elle est habituellement assurée en Airbus A330 dont la capacité est comprise entre 298 et 352 sièges, deux fois par semaine. Ils seront remplacés entre le 7 et 20 décembre par un Boeing 737 qu’Ewa loué à Air Austral, reconfiguré en classe unique pour une capacité de 180 passagers.
Or, les A330 de Corsair entre La Réunion et Mayotte sont loin d’être pleins. La logique aurait donc voulu que la compagnie diminue la fréquence, la ramenant à un vol par semaine, pour éviter de recourir à un affrètement.

Pourquoi solliciter la filiale Ewa et pas Air Austral ?

Quand bien même la pénurie de pilotes serait telle que l’affrètement temporaire serait la seule solution pour maintenir une présence « Corsair » sur la ligne La Réunion-Mayotte, rappelons qu’en août dernier, Air Austral et Corsair ont annoncé vouloir renforcer leur coopération commerciale, notamment par le biais de code-share et de la mise en place d’une joint-venture. La logique économique aurait donc amené Corsair à se tourner vers Air Austral pour assurer ses affrètements, et cela d’autant plus qu’Air Austral vient de renouveler sa flotte moyen-courrier avec la mise en ligne d’Airbus A220.
Compte-tenu de la mobilisation d’un front d’élus réunionnais et du personnel contre le projet de rapprochement capitalistique avec Corsair voulu par la direction d’Air Austral, le recours à la compagnie Ewa a pour résultat de ne pas faire apparaître le nom d’Air Austral dans cette affaire. Recourir directement à Air Austral pour ces affrètements aurait en effet montré clairement que la dynamique du rapprochement avec Corsair était enclenchée, ce qui n’aurait pas manqué de susciter d’emblée de nombreuses protestations.
Or, Ewa est la filiale mahoraise d’Air Austral. D’ailleurs, si les PNC mahorais d’Ewa assureront le service commercial à bord, les pilotes du Boeing 737 seront des pilotes Air Austral, payés selon les mêmes conditions qu’à Air Austral. C’est donc une diversion face au mécontentement prévisible. Cet affrètement permettra en tout cas de prouver la collaboration possible entre Corsair et Air Austral, ce qui ne manquera pas d’être scruté attentivement du côté de l’État, appelé par Corsair à verser un chèque de 200 millions d’euros selon notre confrère « Tour Mag ».

Quel avenir pour Air Austral sur La Réunion-Mayotte ?

Une fois l’affrètement terminé, le Boeing 737 d’Ewa ne restera pas cantonné aux lignes traditionnelles de la filiale d’Air Austral. En effet, Ewa a son plan de vol avec cet avion pour desservir La Réunion, via Gillot et Pierrefonds, selon un modèle low-cost d’après les représentants syndicaux d’Air Austral. Ewa va donc concurrencer frontalement Air Austral avec un coût de production moindre. Ewa prendra donc des clients à Air Austral sur sa ligne historique. Cela posera inévitablement la question du retrait d’Air Austral de La Réunion-Mayotte, le transfert d’activité d’Air Austral sur sa filiale Ewa que craint le personnel de la compagnie réunionnaise.
La conséquence sera une réduction de la flotte moyen-courrier, alors qu’elle vient à peine d’être renouvelée !
Ce sera surtout pour Air Austral l’abandon d’un des piliers de son activité. Le dernier lien de la compagnie avec Mayotte sera alors le Mayotte-Paris qui reste très rentable, comme en ont témoigné les manifestations d’élus et de la population mahoraise fustigeant notamment des tarifs jugés trop chers.

Répercussions inattendues de la crise COVID chez Corsair

En dernier lieu, il convient de remarquer que le motif invoqué pour justifier l’affrètement d’Ewa est étonnant. En effet, comment imaginer qu’une compagnie aussi expérimentée que Corsair ne puisse anticiper suffisamment en amont ses besoins en formation à un point tel qu’elle se trouve obligée de recourir à une compagnie tierce pour assurer une de ses lignes ? Ce problème ne s’est pas posé à Air Austral alors qu’elle a fait entrer dans sa flotte des Airbus A220 nécessitant une formation des pilotes affectés au moyen-courrier. Ces Airbus A220 ont été livrés cette année en pleine crise COVID, tout comme les A330 Néo de Corsair. La crise COVID a donc eu des répercussions inattendues à Corsair.

M.M.

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