La main tendue repoussée

Des Mahorais veulent priver Mayotte d’épreuves des JIOI 2027

25 septembre 2023, par Manuel Marchal

Après les déclarations de politiciens refusant que Mayotte organise une partie des JIOI 2027 attribués aux Comores, le chef du Comité régional olympique de l’île est allé dans le même sens, ressortant la fable de la volonté des Mahorais d’être Français en 1841. Rappelons que Mayotte et ses habitants ont été vendus au Royaume de France en 1841 en échange d’une rente annuelle de 10000 piastres. D’où vient donc cette fable invoquée à tout bout de champ par certains ? Or, c’est la croyance en cette fable qui est utilisée pour justifier de priver Mayotte de l’organisation d’une partie des JIOI.

Les Jeux des îles de l’océan Indien 2027 ont été attribués aux Comores. Avec le soutien notamment de la Chine, l’Union des Comores disposera des infrastructures nécessaires pour accueillir un tel événement. Dans un souci d’ouverture, le gouvernement des Comores a souhaité que toutes les îles de l’archipel puissent être associées aux JIOI 2027. Son ministre des Sports a tendu la main vers les Mahorais, en proposant qu’une partie des épreuves ait lieu à Mayotte.
Mais comme il fallait s’y attendre, des politiciens ont refusé la main tendue en ressortant la fable de la volonté mahoraise d’être Français depuis 1841, date de la colonisation de cette île par Paris. Plus grave, le chef du mouvement sportif de cette île, le représentant du Comité régional olympique et sportif, a repris cette fable à son compte pour refuser les JIOI à Mayotte en 2027.
Voici ce qu’il a déclaré selon Mayotte Première : « cela entrerait en contradiction avec le projet de candidature de Mayotte pour l’organisation de cet événement, qui doit permettre une restructuration globale du territoire ainsi qu’avec le combat que nous, Mahorais, menons depuis 1841 pour affirmer notre statut d’île française et notre identité en tant que tel ».

Mayotte et sa population vendues à la France en 1841

Il faut savoir qu’en 1841, Mayotte était sous le joug d’un sultan usurpateur. C’était un ancien roi du Boeny à Madagascar. Tentant de se révolter contre le Royaume de Madagascar dirigé par la reine Ravanalona, il fut vaincu et choisit de quitter Madagascar pour Mayotte. A la faveur d’un coup d’État, il prit le pouvoir à Dzaoudzi. Mayotte était à cette époque une dépendance d’Anjouan qui était dirigée par un ancien général de l’armée du Royaume de Madagascar. Craignant une invasion qui aurait mis fin à ses privilèges, le sultan usurpateur se tourna vers la France qui cherchait un point d’appui proche de Madagascar.
Depuis plus de deux siècles, Paris rêvait de coloniser Madagascar. La colonisation de La Réunion est d’ailleurs la conséquence de l’échec d’une première colonisation française de Madagascar au 17e siècle. En échange de la protection de la France, le sultan usurpateur vendit Mayotte et sa population en 1841 pour une rente annuelle de 10000 piastres, et la promesse que ses fils seront admis d’office au lycée de La Réunion. Il offrit ainsi à bon marché au colonialisme français une tête de pont lui permettant de se déployer plus tard dans les autres îles de l’archipel des Comores et à Madagascar.
En 1841, les habitants de Mayotte n’avaient pas leur mot à dire. Dans cette transaction, ils furent traités comme des esclaves. L’identité de leur maître avait changé, c’est tout. Alors faire croire que les quelques milliers d’habitants peuplant alors Mayotte avaient revendiqué vouloir être Français en 1841 relève pour le moins de la désinformation.

Mayotte seule ne pourra pas organiser les JIOI

Mais manifestement, l’histoire de Mayotte n’est pas enseignée à Mayotte, ce qui explique que certains puissent vouloir faire croire n’importe quoi. Il est grand temps que cesse donc cette fable. Cela passe par l’appropriation par les Mahorais de la réalité de leur histoire. L’ex-puissance coloniale sortirait grandie si elle faisait le nécessaire pour cet objectif.
Car en attendant, certains continuent de bercer les Mahorais dans l’illusion. Grâce à l’attribution des Jeux des îles de l’océan Indien aux Comores, Mayotte avait l’opportunité unique d’accueillir une partie des JIOI. Il est en effet illusoire de croire qu’un jour, tous les pays membres de l’instance dirigeante des Jeux des îles seront unanimes pour confier à Mayotte seule une telle organisation.
Gageons que l’opinion mahoraise puisse un jour être véritablement informée sur les tenants et les aboutissants de cette affaire. Nul doute que dans ce cas, la volonté mahoraise sera d’accepter de participer à l’organisation du plus grand événement sportif et culturel de l’océan Indien.

M.M.

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Messages

  • Un peu de politique fiction : Mayotte organisatrice de jeux des îles proposant des épreuves aux trois îles de la République des Comores. Vous croyez que les dirigeants comoriens accepteraient ?

  • l’article est tout de m^me plus que "dirigé" . C’est logique venant d’un journal qui reflète l’opinion d’un parti politique.
    l’auteur de l’article écrit, entre autres :
    " Avec le soutien notamment de la Chine, l’Union des Comores disposera des infrastructures nécessaires pour accueillir un tel événement."

    J’espère sincèrement, que les infrastructures seront prêtes ; ce qui n’est pas encore certain. 4 ans c’est court. N’oublions pas que les jeux ont déjà, par le passé, été attribué aux Comores. Finalement c’est l’ïle Maurice qui a du prendre le relais .
    la suite est assez comique
    "Dans un souci d’ouverture, le gouvernement des Comores a souhaité que toutes les îles de l’archipel puissent être associées aux JIOI 2027. Son ministre des Sports a tendu la main vers les Mahorais, en proposant qu’une partie des épreuves ait lieu à Mayotte."
    Franchement, vous croyez à l’argument " souci d’ouverture" et à "main tendu" ?. Moi pas.
    je pense que le gouvernement comorien , voit la ,un occasion de trouver une raison, pour rapprocher, politiquement, Mayotte de l’état comorien.
    Cela ,au détriment de l’immense majorité des Mahorais ,qui ont montré au cours de différentes consultations, qu’ils ne veulent pas de l’état Comorien.

  • L’organisation des JIOI est une décision à l’unanimité.
    Pour 2027 : unanimité pour confier l’organisation aux Comores
    Pour 2031 : unanimité pour confier l’organisation aux Maldives.
    Pour 2027 et 2031, Mayotte était candidat, mais pas d’unanimité pour Mayotte.
    Cela ramène à 2035.
    Si le statu-quo persiste, qui peut croire que Mayotte arrivera à obtenir le vote des représentants de La Réunion, de Maurice, des Comores, de Madagascar et des Maldives ?
    Ceci n’est pas de la politique fiction mais de la real politik

  • La Coupe du monde au Qatar a permis de constater le niveau de vie des ressortissants qataris. Ce pays a été capable d’organiser une Coupe du monde de football, et les Qataris ont un niveau de vie supérieur à celui des Européens. L’Europe est en déclin, c’est ce que montrent les conséquences de la guerre en Ukraine.
    Si grâce au gaz les Comores deviennent le Qatar de l’océan Indien, nul doute que les flux migratoires entre Mayotte et Anjouan s’inverseront : les Mahorais viendront chercher du travail aux Comores pour échapper au sous-développement.
    La Chine, l’Arabie saoudite entre autres estiment que les Comores ont un potentiel pour être un pays émergent. Nous verrons d’ici là si l’attachement à Paris sera aussi grand à Mayotte que "depuis 1841"...


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