Conférence de Wilfrid Bertile sur les organisations d’intégration régionale à l’université d’Antananarivo -3-

Le co-développement présenté aux étudiants malgaches

16 mai 2023, par Manuel Marchal

Ce 8 mai, Wilfrid Bertile tenait une conférence sur le thème des organisations d’intégration régionale à l’Université d’Antananarivo, organisée par la Mention COMMO. Au terme de son exposé, le conseiller régional délégué au co-développement régional répondit à plusieurs questions relatives à la Commission de l’océan Indien. Il présenta également aux nombreux étudiants malgaches la stratégie de co-développement portée par la Région Réunion.

Le 8 mai dernier, l’Université d’Antananarivo accueillait dans ses murs un ancien secrétaire général de la Commission de l’océan Indien, Wilfrid Bertile. Ce fut à l’occasion d’une conférence de l’élu régional réunionnais, ancien professeur de Géographie, sur le thème des Organisations d’intégration régionale.

L’exemple du riz

Lors de la séance des questions, Wilfrid Bertile put exposer le concept de co-développement, bien différent de celui de la coopération. L’objectif principal est d’aller vers le partenariat gagnant-gagnant Il cita comme exemple la production de riz à Madagascar. Apporter un soutien pour que le pays puisse être autosuffisant puis exportateur permettra à La Réunion de ne plus importer l’aliment de base de Thaïlande. Les 60000 tonnes consommées annuellement à La Réunion pourront être fournies par l’excédent de production de Madagascar.

L’aliment animale est un autre sujet possible de co-développement

À La Réunion, elle est importée d’Amérique latine. Pourquoi ne pas faire venir ses produits de Madagascar ?

Compagnie maritime régionale

Wilfrid Bertile souligna que les perturbations du commerce mondial causées par la crise COVID et la guerre en Ukraine ont rappelé la nécessité de raccourcir les approvisionnements. Actuellement, le commerce entre les pays de la COI est très faible. La création d’une compagnie maritime régionale permettrait de développer les échanges entre nos îles. Les producteurs auront de meilleurs débouchés. Les consommateurs auront la garantie de l’approvisionnement.

Pour La Réunion, ceci peut concerner de nombreux produits.

Cela permettra également de renouer des liens culturels et historiques grâce à l’intensification des échanges aux bénéfices mutuels.

Le co-développement est la stratégie qui guide la politique de voisinage de la Région Réunion.

La COI et les conflits

Auparavant, après l’exposé, les étudiants posèrent quasiment immédiatement la première question. Ceci soulignait l’intérêt des étudiants pour la Commission de l’océan Indien.

Une étudiante a demandé pourquoi la COI ne prenait pas une position sur la question des îles Éparses et sur celle de Mayotte..Wilfrid Bertille répondit que la COI avait parmi ses principes celui de ne pas prendre parti dans un différend impliquant deux de ses membres. Le contraire causerait la disparition de l’organisation.

Ceci n’empêche pas la COI de s’impliquer activement dans la résolution de conflits.

Wilfrid Bertile cita deux exemples. Il évoqua tout d’abord la participation de la COI comme médiateur dans la crise separatiste qui toucha les Comores. La COI contribua aux Accords de Fomboni qui ramenèrent la paix en instaurant une présidence tournante de l’union des Comores.

Accord de Fomboni et rencontre de Dakar

Wilfrid Bertile revint également sur le rôle qu’il joua en tant que secrétaire général de la COI lors de la crise électorale de 2001 à Madagascar, avec de fait deux candidats se déclarant président. Wilfrid Bertile rencontra Didier Ratsiraka et Marc Ravalomana et leur proposa de se réunir pour sortir de l’impasse. Cette proposition déboucha sur une rencontre à Dakar où fut signé un accord malheureusement pas respecté.

Wilfrid Bertile indiqua également que la COI était porteuse d’un important message de solidarité. Lors de la crise de 2009 à Madagascar, la Grande Île fut temporairement exclue de la SADC. La présidence seychelloise de la COI voulait s’inscrire dans les pas de la SADC et exclure Madagascar. Wilfrid Bertille reussit à rappeler aux Seychelles les fondamentaux de la COI, notamment la solidarité familiale, et que sans Madagascar, que restait-il de la COI. La présidence seychelloise décida finalement de maintenir Madagascar dans la COI.

L’UE privilégie les projets liés à la pêche

Wilfrid Bertile fut également interpellé sur les effets du poids du financement de l’Union européenne sur l’indépendance de la COI. L’ancien secrétaire général de la COI répondit que ceci se ressentait dans les projets financés par l’UE, ils concernent essentiellement la pêche car les bateaux européens sont nombreux à pêcher dans nos eaux où la ressource est encore abondante, contrairement à l’Europe.

Remerciements

En conclusion, le Docteur Rasoanilana, responsable de la Mention COMMO, remercia chaleureusement Wilfrid Bertile de sa venue à l’université d’Antananarivo, de la qualité de sa conférence qui permit un moment d’échange très intéressant et formateur pour les enseignants et les étudiants.

Wilfrid Bertile remercia l’université de son accueil et notamment les étudiants. Pour lui, cette conférence fut notamment un moment de rajeunissement., grâce au partage avec des membres de la jeunesse malgache.

Fin

Manuel Marchal

ResponsabilitéMadagascar

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