« Comores : Le fils du Président, la patronne, l’avocat et leurs sociétés fantômes à Dubaï »

Les Comores ébranlées par les Pandora Papers

15 octobre 2021, par Hayatte Abdou

Une enquête réalisée par Hayatte Abdou dans le cadre des Pandora Papers sous la coordination de l’ICIJ et de la CENOZO ébranle l’archipel. En effet, elle démontre que le fils du chef de l’État, conseiller de la présidence, l’ancienne présidente du MODEC, le patronat comorien, et un avocat d’affaires travaillant pour la présidence sont impliqués dans la création de sociétés fantômes à Dubaï. Si aux Comores les Pandora Papers commencent à livrer leurs secrets, qu’en est-il à La Réunion ? Voici des extraits de l’article de notre consœur Hayatte Abdou. La version intégrale est disponible à cette adresse : https://cenozo.org/comores-le-fils-du-president-la-patronne-lavocat-et-leurs-societes-fantomes-a-dubai/

Quel est le point commun entre l’ancienne présidente du Mouvement des entreprises comoriennes ; le Modec, l’avocat Afif Mshangama et le fils du président Azali Assoumani ? Une société : SFM Company Formation DMCC, spécialisée dans la création des entreprises offshores, comme elle l’affiche sur son site internet.
Il y a cinq ans, fin 2016, SFM Compagny Formation DMCC a créé la société Select Cars Africa International Limited, domiciliée à Dubaï aux Emirats Arabes. La seule actionnaire de cette entreprise est Faharate Mahamoud, l’ancienne présidente du Modec, qui est aussi la sœur de l’actuel Ministre de l’intérieur et de l’information, Mahamoud Fakridine. Le contrat de Fourniture de services administratifs, entre SFM et Faharate Mahamoud stipule que Select Cars est spécialisée dans la « vente de voitures et consulting dans le secteur de l’automobile ».

Une boîte aux lettres à Dubaï

L’ancienne patronne des entrepreneurs comoriens semble ne pas savoir dans quel domaine son entreprise opère. Tantôt elle dit que c’est une entreprise de vente de voiture et de consulting dans le domaine de l’automobile, tantôt “c’est une société qui existe pour faciliter des échanges commerciaux”. Elle confirme ne pas faire d’affaires en Union des Comores, ni dans d’autres pays africains, mais dit vendre ses voitures en Europe, plus précisément en France.
Nous avons vérifié à Paris. Select Cars Africa International Limited n’apparaît nulle part sur le territoire français. De la société, nulle trace numérique non plus.
Si l’entreprise de vente de voitures et de consulting dans le domaine de l’automobile existe bel et bien légalement sur papier à Dubaï – nous l’avons trouvée dans le registre du commerce des Emirats – c’est juste une boîte aux lettres, une coquille vide.
Select Cars Africa International Limited interroge. Tout comme une autre société en lien avec SFM et… Afif Mshangama : Olifants Limited, créée par Nour-El-Fath Azali, fils du président Azali Assoumani dont il est aussi conseiller privé chargé des affaires économiques depuis 2019.
Le fils du président de l’Union des Comores explique que sa société Olifants Ltd est une entreprise de conseil.
Le choix d’enregistrer son entreprise aux Emirats Arabes Unis résonne pour Nour-El-Fath comme une évidence : “c’est le centre du monde“. Il évoque aussi la facilité : “c’est plus facile pour moi de faire des allers-retours et c’est beaucoup plus facile d’attirer des Asiatiques aux Emirats qu’en France”, se défend-il. “J’avais aussi besoin d’utiliser un prête-nom sur place pour installer mes affaires”. Pour autant, il garantit que la société n’a enregistré aucune activité depuis sa création. D’ailleurs, il affirme l’avoir “fermée en 2019” avant même qu’il soit nommé conseiller spécial auprès de son père. “J’ai commencé à recevoir des mails pour le renouvellement et j’ai demandé la fermeture“. Pourtant, selon la facture qui date du 18 février 2019, jusqu’à mars en 2020, Olifant Ltd était toujours active. Pour Nour-El-Fath Azali, cela s’explique par “une histoire de démarches“.

Vide juridique important

L’avocat Afif Mshangama a répondu aux questions de Will Fitzgibbon, un confrère de ICIJ. Il affirme toujours faire “la promotion du Business aux Emirats” pour ses amis et clients. Il confirme avoir recommandé SFM à Faharate Mahamoud : “Elle m’a interrogé à une époque si je connaissais quelqu’un qui créait des sociétés à Dubaï, car elle voulait y ouvrir une base pour des nouveaux marchés sans lien avec les Comores. Je lui ai recommandé SFM”. Il reconnaît cependant ne pas être au courant des activités de Select Cars Africa Internal Limited. “Je ne connais pas son business au sein de sa société enregistrée chez SFM. Il est arrivé qu’elle me demande de payer le renouvellement de sa licence et qu’elle me rembourse car je me trouvais en déplacement à Dubaï“.
Il affirme avoir le gouvernement comorien comme “client, prestigieux certes, mais un client quand même“.
L’avocat reconnaît aussi avoir été le partenaire du fils du président dans Olifants limited. Et confirme la version de son ami, pour la fermeture définitive de leurs entreprises à Dubaï. Aux Comores, ce domaine laisse un vide juridique important. Le Code général des impôts n’oblige en rien le Comorien et résident, qui a son entreprise offshore ou non dans un autre pays, de la déclarer à Moroni. D’ailleurs, l’impôt sur le revenu de l’entreprise non plus. Rien non plus dans le texte de la banque centrale des Comores.

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