Vie chère : Le PCR interpelle le gouvernement

Propositions pour faire augmenter le pouvoir d’achat

24 août 2007, par Manuel Marchal

La vie chère est une « injustice sociale » infligée à une population déjà durement touchée par le chômage, constate le Parti communiste réunionnais. La baisse du pouvoir d’achat est le catalyseur des luttes sociales. Le gouvernement peut et doit agir afin de faire reculer cette injustice. Le PCR propose également des pistes et appelle au débat afin que la hausse du pouvoir d’achat, priorité affichée par le gouvernement, soit une réalité à La Réunion.

« À La Réunion, les prix sont plus élevés qu’ailleurs, tout le monde le reconnaît. Mais en plus, ils augmentent plus rapidement. Cela vient aggraver la situation sociale de La Réunion où 300.000 personnes sur 780.000 habitants relèvent de la CMU ». Dans un contexte de très grande pauvreté, la lutte pour l’amélioration du pouvoir d’achat est une revendication essentielle que le Parti communiste réunionnais veut porter au plus haut niveau. Il interpelle le gouvernement pour qu’il prenne une série de mesures urgentes inscrites déjà dans la loi, et propose plusieurs pistes. Tel était l’objet de la conférence de presse tenue hier par Élie Hoarau, Maurice Gironcel et Sylvie Mouniata, représentants du PCR.
Élie Hoarau constate « une flambée des prix depuis quelque temps. La Réunion est confrontée à une série d’augmentations. Elles ont des conséquences sur le pouvoir d’achat, et sur les revenus des Réunionnais ».
« Ce sont des augmentations qui grèvent le pouvoir d’achat des Réunionnais qui survivent des minima sociaux, mais aussi de ceux qui ont un emploi », souligne Élie Hoarau, secrétaire général du PCR. « Cela explique les mouvements sociaux que nous avons connus ou que nous connaissons, à la Brinks, à REP, à Rhums-Réunion et à la SAPHIR. Autant de luttes où le pouvoir d’achat est au cœur des revendications ».
Ces hausses sont loin d’être un phénomène passager. Élie Hoarau cite une étude de l’INSEE d’où il ressort qu’au cours de ces dix dernières années, les prix ont augmenté en France de 30%, et de 38% à La Réunion sur la même période.

La loi peut faire baisser les prix

« Face à cette injustice sociale, il est nécessaire d’agir de manière urgente », insiste Élie Hoarau. Le PCR interpelle le gouvernement sur ce point, afin « qu’il prenne le plus rapidement possible des décisions pour remédier à ces injustices ». Le secrétaire général du PCR souligne que Nicolas Sarkozy a demandé au gouvernement de placer la lutte pour le pouvoir d’achat comme priorité. « Si le président de la République considère que le gouvernement a les moyens de la faire, qu’il le fasse pour La Réunion car c’est ici que l’injustice est la plus grande ».
Le PCR propose tout d’abord la mise en œuvre de la deuxième étape de la loi Galland. Ce texte prévoit que les distributeurs répercutent à la baisse sur les prix de détail les bénéfices qu’ils obtiennent en augmentant leur marge bénéficiaire. En 2005 en France, l’application de cette loi avait permis de faire baisser de 3,2% le prix des produits de grande marque dans la distribution. Élie Hoarau note que le secrétaire d’État à la Consommation, Luc Chatel, « s’attend cette année à une baisse comprise entre 3 et 7% sur les produits de grande marque vendus dans la grande distribution », et il ajoute qu’il reste encore une marge de manœuvre. Cette baisse est le résultat d’un accord passé entre les distributeurs et le ministère des Finances. « Pourquoi pas ici à La Réunion ? Nous avons les mêmes distributeurs et les mêmes marques ».
Autre piste à creuser : la baisse des taux des crédits à la consommation. Le PCR déplore que ces taux augmente au moment même où le pouvoir d’achat diminue. Cette injustice est à corriger.
La Commission de surendettement peut être un autre levier pour faire augmenter le pouvoir d’achat. Le PCR interpelle l’État. « Pourquoi ne pourrait-il pas intervenir en faveur des plus démunis en effaçant les dettes de ces familles ? »

Créer et pérenniser des emplois

Améliorer le revenu des familles est une autre piste. L’État doit tirer les enseignements des conflits sociaux récents et presser pour une augmentation des revenus lorsqu’il est médiateur. « Le dialogue social doit être revalorisé et ne pas être une épreuve de force », précise le secrétaire général du PCR.
La création d’emplois durables est un moyen essentiel pour faire augmenter le pouvoir d’achat des Réunionnais.
Élie Hoarau relate la situation des jeunes diplômés recrutés dans l’Éducation nationale du temps du gouvernement Jospin. « Sept ans, huit ans après, ils sont toujours précaires. La précarité ne contribue pas à faire augmenter le pouvoir d’achat ».
Le PCR évoque également la pérennisation des emplois-aidés dans les gisements d’emplois que constituent l’environnement ou les services à la personne.
Élie Hoarau souligne qu’il est important « d’agir le plus rapidement possible, la situation se dégrade ». Et d’appeler l’opinion à débattre sur ces sujets pour déboucher sur toute une série de mesures et d’initiatives afin que le slogan du gouvernement soit une réalité.

Manuel Marchal


Observatoire des prix et des revenus

Améliorer le fonctionnement de cet outil

Le PCR se félicite de l’installation de l’Observatoire des prix et des revenus. Il rappelle que c’est le résultat d’une bataille à laquelle il avait beaucoup contribué, notamment au Parlement lorsque le PCR a fait voter l’article de loi inscrivant l’Observatoire dans la législation.
Mais le PCR fait part de ses inquiétudes quant au fonctionnement de ce nouvel outil.
« Trois commissions ont été créée pour le prix des carburants, le foncier, le prix des billets d’avion. Ce sont des sujets sur lesquels il faut travailler », note Élie Hoarau. Mais d’autres sont essentiels et ne font pas l’objet de la création d’une commission.
« Ce qu’attendent les Réunionnais, c’est la transparence sur les prix de la distribution courante et des services », souligne le secrétaire général du PCR, « pourquoi ces prix sont-ils beaucoup plus élevés qu’en Métropole et qu’aux Antilles ? ». Quant à l’étude des prix des carburants, elle ne doit pas se limiter aux données fournies par la préfecture. Il est nécessaire d’étudier plus en amont « le pourquoi du comment de la facture pétrolière que l’on présente aux Réunionnais ».


Hausse des prix sur 10 ans

+30% en France, +37% à La Réunion

Non seulement à La Réunion les prix sont les plus élevés des régions de la République, mais en plus, ils augmentent plus vite.
C’est le résultat d’une étude de l’INSEE. 30% de hausse sur 10 ans en France, 37% d’augmentation des prix à La Réunion sur la même période.
C’est autant de perdu pour le pouvoir d’achat des Réunionnais, en particulier ceux qui survivent avec des minima sociaux. C’est une donnée supplémentaire qui caractérise le contexte réunionnais.


Hausse de produits et services stratégiques

La hausse du pétrole entraîne plusieurs augmentations : le prix des carburants, celui du gaz, des billets d’avion, de l’électricité et des produits dérivés du pétrole.
Autre produit stratégique concerné : les céréales. Une augmentation des cours mondiaux se traduit à La Réunion par une hausse du prix du pain.
Et d’autres sont à venir, avertit le secrétaire général du PCR. Tout d’abord celle de l’eau évoquée par le Préfet. Elle pourrait atteindre des proportions considérables. Enfin, les mesures annoncées par le gouvernement, telles que la hausse des franchises médicales et le forfait hospitalier, vont faire augmenter le coût des dépenses de santé.


Limiter au strict nécessaire les effets scolaires

La vie chère a un impact sur la rentrée scolaire. « Des familles sont en difficulté », précise le secrétaire général du PCR. La faute notamment par « des listes d’effets longue comme un jour sans pain ». Ce constat s’explique par l’abandon d’un effort, celui de demander aux familles et aux enseignants de se limiter au strict minimum nécessaire pour réussir.
Le PCR demande que sur ce point, la prise en compte du contexte spécifique de La Réunion passe par un retour à plus de mesure. C’est-à-dire à limiter les achats de fourniture scolaire au strict nécessaire.


Les Cent-jours du gouvernement

L’essentiel, c’est la loi-programme

Le PCR a donné son point de vue sur plusieurs mesures prises par le nouveau gouvernement.
Le principal enseignement de ces Cent-jours, c’est l’annonce d’une loi-programme pour l’Outre-mer, précise Élie Hoarau. « C’est ce qui nous concerne. Il faudra d’abord faire le bilan de tout ce qui a été fait. Et il faudra également que les Réunionnais donnent leur point de vue sur la nouvelle loi. Ce texte ne devra pas se contenter d’être issu de discussions entre le gouvernement et les parlementaires. Tous les Réunionnais doivent donner leur avis car la loi-programme concerne l’ensemble des Réunionnais ».
Par ailleurs, le secrétaire général du PCR a évoqué la signature par Nicolas Sarkozy de la plate-forme de l’Alliance, et donc son engagement à respecter les contrats déjà signés pour le financement du tram-train, de la nouvelle route du littoral, du contrat de projet État-Région et des Programmes opérationnels européens. Depuis l’entrée en fonction du nouveau gouvernement, « pas d’atteinte à cet engagement jusqu’à présent et rien ne laisse entendre que ces contrats ne seront pas honorés ».


Financement de la santé publique : Des mesures à revoir

Concernant l’annonce de franchises médicales pour faire reculer le déficit des comptes sociaux, le PCR soutient une autre logique que celle du gouvernement. Celle de faire financer la Sécurité sociale par l’impôt direct « qui est la manifestation de la solidarité envers les plus démunis ». Sur ce point, le gouvernement ne va pas dans ce sens, « car la hausse du forfait et les franchises, c’est faire payer uniquement par ceux qui sont malades ».


Desserte aérienne

Un danger pour l’équilibre financier de compagnies aériennes

Le président de la République a récemment annoncé que pour faire baisser le prix du billet d’avion, il envisageait d’autoriser des vols charters "secs" sur la desserte aérienne de La Réunion.
À ce sujet, le secrétaire général du PCR avertit que « cela risque de remettre en cause l’équilibre financier de compagnies qui ont fait preuve de leur viabilité ». Une viabilité qui a permis à La Réunion la création de plusieurs centaines d’emplois durables pour les Réunionnais.


Naufrage de kwassas-kwassas et cyclone Dean et

Le PCR solidaire des victimes

Au nom du PCR, Maurice Gironcel a fait part de l’émotion, des condoléances et de la solidarité de son parti envers les victimes de deux tragédies.
C’est tout d’abord le drame des kwassas-kwassas qui chavirent dans le bras de mer entre Anjouan et Mayotte. « Il est urgent qu’une solution politique soit trouvée pour remédier à cette tragédie qui a trouvé son origine voici plus de trente ans », déclare Maurice Gironcel.
Solidarité aux Antillais, et plus particulièrement aux Martiniquais et aux Guadeloupéens, touchés par le passage du cyclone Dean. Cette catastrophe « pose le problème de la fragilité des économies insulaires », note Maurice Gironcel. L’impact économique est déjà considérable. Il est estimé à 250 millions d’euros à la Martinique et à 150 millions d’euros à la Guadeloupe.
Ces événements doivent être l’occasion de réfléchir au développement durable de nos pays dans un contexte d’intensification de la fréquence et de la violence des cyclones.

Lutter contre la vie chèreParti communiste réunionnais PCRElie Hoarau

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