Utilisation des nappes phréatiques, retenues collinaires et autonomie énergétique

Un réseau de distribution d’eau adapté au changement climatique

11 janvier 2014

Plus d’une semaine après le passage de Béjisa, les réseaux d’électricité et d’eau sont quasiment rétablis. Gageons qu’enfin des leçons puissent être tirés sur ce plan du passage de ce cyclone d’intensité moyenne, pour construire des réseaux adaptés au changement climatique (voir ’Témoignages’ d’hier) dans la production d’énergie. Pour l’eau se pose également le même problème.

La multiplication des retenues comme celle-ci et l’exploration de nouvelles ressources souterraines pourront éviter les coupures d’eau pendant les cyclones. (photo Toniox)

Depuis le passage du cyclone Béjisa dans notre île, le rétablissement des réseaux d’eau et d’électricité a été un des marqueurs de l’actualité. La gestion de l’eau et de l’électricité à La Réunion a en effet révélé son inadaptation aux effets du changement climatique dans notre île.

Pour la production d’énergie, un réseau décentralisé au maximum permettra de limiter les coupures de courant, c’est un des volets de l’autonomie énergétique.

Pour l’eau se pose deux problèmes : le pompage et le captage. Pour le pompage, une panne d’électricité peut avoir de lourdes conséquences, quand le poste n’est pas équipé d’une source d’énergie de secours capable de tenir jusqu’au retour du courant.

Quant aux captages par gravitation dans les cours d’eau, ils ne peuvent fonctionner durant un cyclone car l’eau devient boueuse. L’arrivée d’eau est alors coupée de manière préventive, afin de ne pas compromettre la qualité sanitaire lors de la remise en service du réseau. La conjugaison de ces deux facteurs a déclenché de nombreuses coupures d’eau. Dans l’habitat moderne, cette défaillance pose de nombreuses difficultés, en particulier sanitaires. Car comment évacuer les déchets dans les égouts, s’il n’y a plus d’eau, et pas d’accès à une fosse septique comme dans les maisons traditionnelles ?

Décentraliser la production électrique

Sur la question de l’alimentation des pompes, la réflexion est de même ordre que pour l’électricité. Là aussi, l’énergie qui fait fonctionner l’équipement doit être produite au plus près. Lors d’un cyclone, la couverture nuageuse empêche les panneaux photovoltaïques de fonctionner à plein rendement. Pourquoi alors ne pas prévoir des batteries accumulant cette énergie pour la restituer en cas de coup dur ? Mais étant donnée la décentralisation du réseau, la distance séparant la pompe de sa centrale serait bien plus courte qu’aujourd’hui, ce qui diminuerait statistiquement le risque d’une coupure de courant.

L’autre problème est celui du captage. Dès que des fortes pluies tombent sur La Réunion, des abonnés sont privés d’eau. Ce paradoxe vient de la technique employée. Le trop plein d’eau entraine de la terre, l’eau devient boueuse, elle ne peut plus être traitée. C’est pourquoi la décision est prise de couper l’eau de manière préventive. Le captage est fermé pour protéger les équipements et les tuyaux. Une fois l’orage passé, alors tout peut reprendre.

Avec un cyclone, les quantités d’eau déversées sont telles que la crue peut persister plusieurs jours, sans oublier le risque de voir le captage ou les conduites emportées par un éboulis.

Or, une autre solution est possible.

Nappes phréatiques et retenues collinaires

Lundi dernier lors de sa conférence de presse, Paul Vergès était revenu sur la mise en œuvre du réseau d’adduction d’eau potable au Port. La direction d’Electricité et Eau de La Réunion (EER) proposait à la commune de capter l’eau de la rivière des Galets. La Ville a choisi d’explorer une autre voie, sachant qu’à chaque forte pluie l’approvisionnement aurait été perturbé.

La commune du Port a alors évalué la capacité de la nappe phréatique de la plaine des Galets, sous les pieds des habitants. Une fois démontrée que cette ressource pouvait satisfaire les besoins de 60.000 à 70.000 habitants, alors des travaux de forage et d’adduction d’eau ont été entrepris. Cela se passait au début des années 1970. Et cela permet aujourd’hui, 40 ans plus tard, aux habitants du Port de ne pas être privés d’eau, quelle que soit l’intensité du cyclone.

Certes, toutes les villes de La Réunion ne disposent pas d’une nappe phréatique aussi importante que celle de la plaine des Galets. Mais elles ont la possibilité de construire des réserves, grâce à des retenues collinaires. L’eau stockée dans ces installations ne peut pas être rendue boueuse à cause des fortes pluies, et elle peut être rendue potable à condition de disposer d’installations adéquates en aval. De plus, si elles se situent au dessus des habitations, ces retenues collinaires ne nécessitent pas de pompes pour distribuer l’eau, la simple force de la gravitation suffit.

Dans les hauts de notre île, il existe de nombreuses retenues potentielles, ce sont par exemple les anciens cratères.

La combinaison du réseau électrique décentralisé, et de la multiplication des réserves d’eau douce permettra aux Réunionnais d’éviter les coupures d’eau à chaque cyclone.

 M.M. 

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