Le 70e anniversaire de la loi du 19 mars 1946 au Tampon

André Thien Ah Koon : « Faire preuve de la même audace et de la même détermination que nos aînés »

21 mars 2016

Samedi, la Mairie du Tampon a célébré le 70e anniversaire de l’abolition du statut colonial à La Réunion. Voici quelques extraits du discours prononcé à cette occasion par André Thien Ah-Koon, maire du Tampon.

Les députés Raymond Vergès et Léon de Lépervanche ont exprimé la volonté profonde des Réunionnaises et des Réunionnais d’être des Français à part entière. Ce sentiment patriotique des Réunionnais explique leur choix en faveur de l’intégration et de l’assimilation alors même que durant cette période d’autres peuples colonisés revendiquaient l’indépendance.

Au lendemain de la guerre, la misère sociale, la précarité et la pauvreté régnaient dans les « 4 veilles colonies ». Accéder au rang de Département, c’était obtenir immédiatement l’application des lois sociales qui existaient en France ; c’était abolir le régime colonial fondé sur les injustices et les inégalités. L’objectif poursuivi par les auteurs de la loi, c’était de sortir leurs populations de la misère, c’était obtenir les moyens pour le progrès social et pour le développement de leur territoire.

Concernant le bilan des 70 ans de départementalisation, le maire du Tampon note que « Les élus et la population ont dû se battre et ont dû mener de nombreuses batailles durant des décennies pour conquérir des droits et souvent pour faire simplement appliquer la loi, et pour faire jouer pleinement la solidarité nationale dans tous les domaines.

Les féodalités locales défendant leurs intérêts particuliers ont retardé l’application pleine et entière de la loi.

Cette injustice a provoqué à la Réunion, la revendication d’autonomie qui a émergé à la fin des années 50, en réaction au refus d’appliquer la loi de 1946.

« On ne peut se satisfaire d’une telle situation »

Grâce à la Départementalisation, La Réunion est sorti du sous-développement et a rejoint progressivement les niveaux des départements de la métropole. Cela est indéniable.

Je veux saluer ici, l’action de Pierre Lagourgue qui a beaucoup fait dans le domaine social au Département et dans le domaine économique la Région. Mais bien entendu, rien n’est idyllique et ces avancées remarquables ne sauraient masquer les insuffisances et les difficultés rencontrées.

C’est grâce aux grands combats menés par les élus de La Réunion que la bataille pour l’égalité sociale a été gagnée. La vérité historique, c’est de citer les combats menés aussi bien par le PCR ; que par le Mouvement France Réunion Avenir (FRA) avec Pierre Lagourgue, Paul Bénard et votre serviteur André Thien Ah Koon.

Ainsi, la marche pour l’égalité sociale, relancée sous le second mandat de François Mitterrand, a été achevée sous la présidence de Jacques Chirac en 1996.

Mais malgré toutes ces avancées, force est de constater la situation d’impasse dans laquelle nous nous trouvons à l’aube de ce XXIème siècle :

Certes, nous sommes un Département français relativement bien équipé et nous bénéficions des mêmes droits que nos compatriotes de la métropole.

Mais notre société réunionnaise est minée par le cancer du chômage :

  • 30% de la population active sont privés d’emploi ; près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté ;
  • 25 000 ménages sont en attente d’un logement ;
  • La Réunion compte 110 000 illettrés.
    Les inégalités sont criantes et mettent en danger la cohésion sociale.

On ne peut se satisfaire d’une telle situation.

S’il est globalement positif, au regard de la situation qui existait sous la colonie, le bilan de la départementalisation, 70 ans après le vote de la loi du 19 mars 1946, rencontre aujourd’hui ses limites.

La nouvelle étape historique

Nouveaux outils pour affronter les nouveaux défis

La situation en 2016 n’a rien à voir avec celle de 1946.

Aujourd’hui, le défi qui nous est posé est d’une toute autre nature : quelle voie choisir pour assurer notre développement dans le cadre de notre intégration à l’Europe et dans le contexte inédit de la mondialisation ?

Comment concilier notre intégration à la France et à l’Europe avec notre insertion dans notre environnement géo-économique de l’océan indien ?

Certes, dans le cadre départemental actuel, des batailles doivent continuer d’être menées.

C’est notamment la poursuite de la politique de rattrapage de nos retards dans de nombreux domaines, retards accentués chaque année par la progression démographique.

C’est aussi, sur le plan de l’égalité,

- la lutte pour l’égalité du pouvoir d’achat,

- la lutte contre la vie chère ;

- la lutte contre les monopoles ;

- la lutte pour une véritable « continuité territoriale économique »…

Il est significatif de noter que 70 ans après la loi de Départementalisation, le gouvernement estime nécessaire d’ouvrir le chantier de l’Egalité réelle !

Mais fondamentalement, c’est la question de notre modèle économique qui est posée.

Comment maintenir et développer notre production locale au moment où se déploient les Accords de Partenariat Economique entre l’Europe et les pays de notre environnement ?

Notre statut de région ultra périphérique de l’union européenne (RUP) nous permet-il de défendre efficacement nos intérêts et de résister au rouleau compresseur de la mondialisation ?

L’exemple de la filière canne, menacée par la suppression en 2017, des quotas de production et des prix garantis, est un signal extrêmement inquiétant.

70 ans après le vote de la loi de départementalisation, nous devons concevoir de nouveaux outils pour affronter les nouveaux défis.

Après la conquête de la liberté par l’abolition de l’esclavage en 1848, après la conquête de l’égalité et de la pleine citoyenneté par la loi du 19 mars 1946, nous devons poursuivre plus que jamais la bataille pour notre développement économique.

Nous devons faire preuve de la même audace et de la même détermination que celles de nos aînés, car de notre engagement dépendra l’avenir de nos enfants.

19 mars

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