Françoise Vergès et les débats à l’Assemblée constituante - 20 -

’Avec le peuple créole, avec le peuple de France’, le combat pour l’égalité

29 mai 2006

Nous poursuivons la publication de la postface du livre paru en 1996 sur les débats parlementaires ayant conduit au vote de la loi du 19 mars 1946. Dans ce texte, Françoise Vergès analyse les idées de ceux qui ont lutté pour l’abolition du statut colonial de La Réunion, il y a 60 ans. L’historienne expose en particulier le contenu anti-colonialiste et anti-capitaliste donné par Raymond Vergès, Léon de Lépervanche et leurs amis au concept d’“assimilation” à la République, qui était au cœur de leur lutte. Les intertitres sont de “Témoignages”.
Dans nos dernières éditions, nous avons vu que ce concept d’assimilation fut notamment dénoncé par les opposants à la départementalisation et à l’égalité, dont les gouvernants socialistes.

L’assimilation voulue par la génération de 1946 ne se réalisait donc pas.
Du coup, la radicalisation de celles et ceux qui s’étaient battus pour l’extension des lois sociales, pour l’égalité, semblait inévitable.
En 1947, la Fédération réunionnaise du Parti communiste français était organisée. En 1944, le journal “Témoignages”, "journal de défense des sans défense", avait été fondé.
Jusqu’à la fin de son mandat législatif en 1956, Raymond Vergès protesta contre la non-application de la loi du 19 mars. "Avec le peuple créole, avec le peuple de France, nous poursuivrons ici et partout notre lutte contre l’oppression et pour la liberté", déclarait-il en 1951.

Des décennies d’inégalité

Le projet d’égalité sociale resta inachevé pendant les décennies suivantes. La modernisation de l’île entreprise dans les années 60 ne répondit pas à l’attente exprimée par le mouvement social et politique de 1946.
La départementalisation prônée par la Droite fut une départementalisation qui insista sur les transferts financiers. Ces "masses financières injectées dans l’île au nom de la solidarité nationale provoquèrent", analyse Sonia Chane-Kune, "le bouleversement des structures économiques et sociales" (1).

La Réunion dans une position intermédiaire

Mais "les revenus distribués à partir de ces transferts, continue-t-elle, n’étant pas la contrepartie d’une production locale, la forte demande de consommation qui en résulte est surtout orientée vers les produits importés".
Sonia Chane-Kune conclut que La Réunion se retrouve alors dans une position intermédiaire, avec des structures économiques qui se rapprochent de celles des pays du Tiers-Monde et des infrastructures éducatives et sanitaires qui ressemblent davantage à celles des pays développés.

(à suivre)

Françoise Vergès

(1) - Sonia Chane-Kune, “Aux origines de l’identité réunionnaise”. Paris - L’Harmattan, 1993. p. 198.


Plus que jamais, nous nous rappelons les propos de Laurent à l’Assemblée nationale : "Nou lé pa plus. Nou lé pa moin. Rèspèk a nou".

Extrait de “Nou lé pa plus. Nou lé pa moin. Rèspèk a nou :
Amplifions l’Appel pour que le 19 mars soit une date commémorative”, déclaration adoptée à l’unanimité par 1.200 vétérans réunis le 12 février à Sainte-Suzanne.


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