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Françoise Vergès et les débats à l’Assemblée constituante - 7 -
24 avril 2006
Dans la postface du livre paru en 1996 sur les débats parlementaires ayant conduit au vote de la loi du 19 mars 1946, Françoise Vergès analyse le combat de ceux qui à l’époque ont lutté pour l’abolition du statut colonial de La Réunion. Elle explique en particulier le contenu anti-colonialiste et anti-capitaliste donné par Raymond Vergès, Léon de Lépervanche et leurs amis au concept d’“assimilation” à la République, qui était au cœur de leur lutte. Les intertitres sont de “Témoignages”.
La doctrine de l’assimilation appartenait à l’histoire de la colonisation. Le droit romain en faisait déjà état. Pour les Romains, l’humanité était une et l’Imperium (empire) pouvait inclure des cultures différentes. (1) Les frontières entre le monde des "humains" et celui des "barbares" ne pouvaient que se dissoudre lentement.
Cet héritage universaliste fut repris par les théologiens du Moyen-ge, qui pensaient que la conversion au christianisme pouvait être obtenue sans qu’il y eut transformation culturelle et politique.
La colonisation “éclairée” par les Lumières
La politique de l’empire romain servit de modèle aux empires coloniaux du 16ème au 18ème siècle. Mais alors que le commerce remplaçait la conquête, la philosophie des Lumières remplaça l’évangélisation et proposa d’autres formes d’assimilation culturelle.
Les philosophes des Lumières apportèrent leur contribution au débat sur la colonisation en proposant de remplacer les "tyrans, prêtres, hypocrites" du vieil ordre par les scientifiques éclairés du nouvel ordre mondial et de substituer à la conquête physique et spirituelle l’instruction éclairée.
Condorcet expliquait ainsi cette nouvelle colonisation : "Les peuples d’Amérique, d’Afrique, d’Asie et d’autres contrées lointaines semblent n’attendre que d’être civilisés et de recevoir de notre part les moyens de l’être et de trouver des frères parmi les Européens pour devenir leurs amis et leurs disciples". (2)
Entre assimilation et intégration...
Pendant l’expansion coloniale, le débat fut repris. Quels devaient être les termes du contrat qui liait la métropole et ses colonies ? Quel devait être le statut des coloniaux ?
La théorie de la conquête coloniale reposait sur deux doctrines qui se voulaient différentes : la doctrine de l’assimilation et la doctrine de l’intégration.
Arthur Girault, qui fut l’architecte de la doctrine assimilationniste, présentait dans son ouvrage classique "Principes de colonisation et de législation coloniale" (1894) une argumentation détaillée des idéaux de l’assimilation. L’assimilation, écrivait-il, "est l’union plus intime entre le territoire colonial et le territoire métropolitain". (3) Son but "est la création progressive de véritables départements français". "L’assimilation, poursuivait Girault, doit être pensée comme l’héritière directe du projet de la Révolution française, car la Constitution de l’An III (1795) avait déclaré que les colonies étaient “partie intégrante de la République”". (4)
L’assimilation était annoncée dans les "principes de 1789, l’égalité d’accès de tous les citoyens aux fonctions publiques et au devoir de juré, la liberté de la presse et le suffrage universel". (5)
Un concept ambigu, contradictoire...
L’historien Jean Fremigacci a montré combien le concept d’assimilation était un concept ambigu et extrêmement contradictoire, qui ne pouvait produire que frustrations et mécontentements. (6)
Dans ses "aspects politiques et économiques, l’assimilation signifiait l’oppression et était donc en totale contradiction avec le contenu social et de progrès suggéré par le terme". (7)
De plus, quand les colonisés demandaient l’application de l’assimilation dans le champ des lois civiles, le pouvoir colonial résistait chaque fois.
... voire colonialiste
Pour l’historien Benjamin Stora, un des buts de la stratégie de l’assimilation était d’homogénéiser les individus, d’effacer les particularismes.
Mais un des autres buts de l’assimilation était la mise en place d’une "stratégie de différenciation et de ségrégation fondée sur la présupposition qu’il y avait des différences entre les colonisés et les métropolitains". (8)
Mieux vaut "l’association"...
Pour des hommes comme Jules Harmand et Albert Sarraut, partisans de la "doctrine de l’association", celle-ci permettait de répondre aux contradictions soulevées par la domination coloniale. La doctrine de l’association rejetait une colonisation basée sur l’idée d’une "supériorité de la race blanche" et de son "destin" à coloniser les "races inférieures". Galliéni, qui avait conduit la conquête de Madagascar, déclarait que le but de l’association était "d’intéresser les indigènes à l’administration de leur pays et de les associer au développement de nos nouvelles possessions". (9)
... et finalement la politique néo-coloniale
L’économiste Paul Leroy-Beaulieu, dans son ouvrage "De la colonisation chez les peuples modernes" (1874), écrivait que la colonisation devait être un "échange permanent d’influences, une réciprocité de services, une continuité de relations dans un monde de dépendance mutuelle, entre une société qui est encore dans l’enfance et une société adulte". (10)
Sarraut réalisa finalement la synthèse des deux doctrines et publia en 1923 "La mise en valeur des colonies françaises", ouvrage dans lequel la politique néo-coloniale était annoncée.
Santé et éducation formaient les piliers de cette politique. (11) La colonisation elle-même n’était pas questionnée. "Leur" pays, "nos" possessions, comme l’exprimait Galliéni. Ce qui était en jeu, c’était la forme sous laquelle cette colonisation serait organisée, administrée.
(à suivre)
Françoise Vergès
(1) - Voir Anthony Pagden, “Lords of All Words, Ideologies of Empire in Spain, Britain and France, c. I5OO - c.18OO. New Haven ; Yale University Press. 1995. Pagden signale que le verbe “civiliser” signifiait "transférer un cas d’une branche de la loi à une autre branche de la loi".
(2) - Marie Jean Antoine, marquis de Condorcet. “Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain” Paris : Alain Pons, 1988.
(3) - Arthur Girault, “Principes de colonisation et de Législation Coloniale”. Paris. Le livre de Girault eut 5 éditions entre 1894 et 1927. Voir Martin Deming Lewis, “One Hundred Million Frenchmen : the Assimilation Theory in French Colonial Policy”. Comparative Studies in Society ans History. Janvier 1962.
(4) - Cité dans Lewis, op. cit. p. 134.
(5) - Cité dans Jean Fremigacci. “L’État colonial français, du discours mythique aux réalités 1880-1940 - Matériaux pour l’histoire de notre temps”. Juillet-Décembre 1993.
(6) - Ibid.
(7) - Ibid. p. 27.
(8) - Benjamin Stora. “Passé colonial et représentations françaises de la guerre d’Algérie. Le masque de l’universalisme républicain”. Communication au XVIème Congrès de l’Association Internationale de Sciences Politiques. Berlin, Août 1994.
(9) - Cité dans Fremigacci, op. cit. p. 29.
(10) - Paul Leroy-Beaulieu. “De la Colonisation chez les peuples modernes”, Paris. Librairie Guillaumin et Cie, 1886.
(11) - Sarraut, op. cit. p. 89.
Le 19 mars 1946, à l’initiative de nos 2 députés, Raymond Vergès et Léon de Lépervanche, l’Assemblée constituante vota à l’unanimité une loi qui abolit le statut colonial et créa le Département de La Réunion.
Extrait de “Nou lé pa plus. Nou lé pa moin. Rèspèk a nou :
Amplifions l’Appel pour que le 19 mars soit une date commémorative”, déclaration adoptée à l’unanimité par 1.200 vétérans réunis le 12 février à Sainte-Suzanne.
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