
La Plateforme réunionnaise transmet au chef de l’Etat un nouveau manifeste
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Françoise Vergès et les débats à l’Assemblée constituante - 14 -
3 mai 2006
Dans la postface du livre de 1996 sur les débats parlementaires ayant conduit au vote de la loi du 19 mars 1946, Françoise Vergès a notamment présenté les différents courants de pensée dans le monde sur lesquels s’appuyaient ceux qui ont lutté pour l’abolition du statut colonial de La Réunion il y a 60 ans. Elle a exposé en particulier le contenu anti-colonialiste et anti-capitaliste donné par Raymond Vergès, Léon de Lépervanche et leurs amis au concept d’“assimilation” à la République, qui était au cœur de leur lutte. Les intertitres sont de “Témoignages”.
Le creuset de l’identité des anticolonialistes réunionnais de 1946 était la solidarité avec la classe ouvrière et paysanne, avec les opprimés.
Pour leur génération, la question était la suivante : si les idéaux démocratiques réaffirmés par la victoire sur le nazisme gouvernent de nouveau la France, pourquoi certains citoyens seraient-ils exclus de la communauté démocratique ? Qu’est-ce qui les marquerait comme différents ?
Une longue histoire
La demande d’assimilation de 1946 faisait suite à une longue histoire d’aspiration à l’intégration dans la famille française.
Classe sociale, dignité et pleine citoyenneté constituaient les fondations de la rhétorique anticolonialiste de 1946. Elle répondait à une "nécessité, celle d’exercer le vœu le plus cher de notre population, la revendication principale de nos classes laborieuses", disait Léon de Lépervanche (1) .
Une misère extrême
Ces classes laborieuses vivaient dans une extrême misère. Le journal “La Bataille Sociale” décrivait, dans un article de janvier 1915, les quartiers populaires de la capitale en ces termes :
"Notre ville montre le spectacle d’une misère à pleurer... Marchez à travers les rues de Petite-Ile, du Camp Ozoux, de La Source, du Camp Giron... Vous y verrez de terribles bidonvilles, où des familles entières vivent... Ce prolétariat urbain vit dans une terrible promiscuité avec les animaux qu’il élève" (2).
Des taux de mortalité énormes
En 1901, le taux de mortalité infantile à La Réunion était de 268 pour mille et de 145 pour mille en 1946. En France, à la même époque, il était de 37 pour mille.
22 à 39 pour mille des morts chez les adultes étaient causées par la malaria.
En 1931, sur une population de 197.933 habitants, le taux de mortalité était de 32,87 pour mille. Le taux de mortalité infantile de 37,4 pour mille pour les enfants de O à 2 ans et 78,53 pour mille pour les enfants entre deux et cinq ans.
Il n’y avait aucun service de santé couvrant toute l’île (3) .
Le combat de Raymond Vergès contre la malaria
Raymond Vergès, qui était revenu dans l’île en 1932 après plus de vingt ans passés en Asie où il avait été ingénieur, médecin et consul, chercha entre autres à remédier à cette situation. Alarmé par le taux de personnes victimes de malaria, il fit fabriquer des pilules à partir d’écorces de quinquina.
Le taux de malaria chez les enfants des écoles passa alors de 21 pour mille en 1934 à 11,5 pour mille en 1938.
En 1933, le docteur Vergès avait ouvert un centre de formation d’infirmières et en 1940 une école de sages-femmes.
Le témoignage de Mickaël de Villèle
La guerre augmenta la misère de la population réunionnaise. Mickaël de Villèle, délégué de La Réunion à l’Assemblée constituante d’Alger, dénonçait "l’état lamentable dans lequel le gouvernement de Vichy et sa bande de profiteurs ont abandonné le pays" (4) .
Il ajoutait : "Plus de 50% des enfants de dix à quinze ans sont analphabètes. L’alcoolisme est entretenu. La mortalité infantile dépasse 30%. Aucune mesure d’hygiène ou d’assurance sociale n’existe dans l’île, ou s’il en existe, ce n’est que sur papier. Le paludisme sévit à l’état endémique... Le personnel est payé à la journée de façon à ne pas bénéficier des allocations familiales... Rien n’a été fait dans cette île où il n’y a que du sucre et du rhum ! Les Créoles ne doivent pas être les seuls à faire acte de contrition, les dirigeants de la métropole aussi étaient coupables. Quelles réalisations pouvait-on attendre du comique défilé d’oiseaux de passage ?".
Les femmes, premières victimes
Les femmes étaient particulièrement touchées, dans cette société encore très rurale et féodale. Plus de 65% des femmes au-dessus de vingt ans n’étaient pas instruites.
Une seule travailleuse sur cinq percevait un salaire et les femmes constituaient 23% de la main-d’œuvre rurale, travaillant comme des bêtes de somme (5) .
(à suivre)
Françoise Vergès
(1) - Annales de l’Assemblée Nationale Constituante. Séance du 12 mars 1946.
(2) - Cité dans Prosper Ève. “La Première Guerre Mondiale vue par les Poilus Réunionnais”. Saint-Denis, La Réunion, Éditions CNH. 1992, p. 26.
(3) - Voir Prosper Ève, “Tableau du Syndicalisme à La Réunion” - Réunion Éditions CNH. 1991. PP. 42-44. Jean-Claude Balducchi donne des chiffres similaires. Voir : Jean-Claude Balducchi, “La vie politique et sociale à La Réunion”, 1932-1939. Deux volumes. Thèse. Université d’Aix en Provence, 1984.
(4) - Cité par Chantal Lauvernier op. cit. pp. 281-282.
(5) - Cité par Chantai Lauvernier op. cit. p. 301.
En effet, nous célébrons déjà le 20 décembre 1848, date anniversaire de l’abolition de l’esclavage qui a permis à plus de 60.000 esclaves de sortir de leur statut d’objet, et d’être, enfin, reconnus comme des êtres humains.
Extrait de “Nou lé pa plus. Nou lé pa moin. Rèspèk a nou :
Amplifions l’Appel pour que le 19 mars soit une date commémorative”, déclaration adoptée à l’unanimité par 1.200 vétérans réunis le 12 février à Sainte-Suzanne.
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