60ème anniversaire du vote de la loi du 19 mars 1946

La Possession rend hommage aux combattants de l’égalité

24 mars 2006

Les élus et la population de La Possession ont accordé une grande importance à la célébration du 60ème anniversaire du vote de la loi abolissant officiellement le statut colonial de La Réunion. Ils ont également tracé les perspectives ouvertes à l’occasion de cette célébration d’un événement de grande portée historique pour notre île.

La commune de La Possession - ses élus comme ses citoyens - n’a pas sous-estimé l’importance du 60ème anniversaire du vote de la loi Vergès-Lépervanche. Elle a consacré une grande place à cet événement. En effet, la célébration de cet anniversaire a donné lieu samedi dernier à un programme très riche, suivi par un grand nombre de personnes.
La manifestation a commencé par l’inauguration devant l’Hôtel de ville d’une exposition retraçant les circonstances et les conséquences du vote de la loi du 19 mars 1946. Puis le maire, Roland Robert, a procédé à la plantation d’un arbre du souvenir - un palmier de Madagascar - devant la mairie.
Avec Nelly Granger, présidente du Conseil municipal des jeunes de La Possession, il a également déposé une gerbe devant la stèle commémorative érigée à l’entrée de la ville à l’occasion du 50ème anniversaire de la transformation de La Réunion de colonie en département. Une manière de rendre hommage solennel aux citoyens et aux élus qui ont lutté pour un tel changement il y a 60 ans.

L’espoir des jeunes

Au nom des jeunes possessionnais, Nelly Granger a exprimé sa fierté et sa joie de célébrer ce 60ème anniversaire de la loi du 19 mars 1946. En effet, "comment serait La Réunion sans la Départementalisation ?", a-t-elle demandé. Et d’ajouter : "D’après les personnes âgées, la période de la colonisation était assez dure à vivre. On devrait tous se dire que nous avons de la chance, car nous avons des écoles, des livres, de l’électricité, des routes, etc... Alors qu’avant, ils avaient des lampes à pétrole, les télégrammes, les bougies, etc... J’espère que notre île se modernisera encore davantage".
Nelly Granger a profité de cette cérémonie pour commémorer également les 35 ans de mandature du maire, élu pour la première fois le 21 mars 1971. Au nom de tous les élus du Conseil municipal des jeunes de La Possession, elle lui a fait part de ses félicitations et lui a remis un trophée.

1 sur 100 a le Bac

Roland Robert a ensuite évoqué le contexte dans lequel fut votée la loi historique du 19 mars 1946, qui faisait de La Réunion, mais aussi des 3 autres "vieilles colonies de l’Empire" - La Martinique, la Guadeloupe et la Guyane - des Départements.
Il rappelle les graves problèmes de santé à cette époque, avec le paludisme, la dysenterie, la tuberculose... De surcroît, il y a peu de médecins (8 généralistes pour toute la colonie !), 6 sages-femmes, 2 dentistes, 1 seul hôpital, un personnel médical quasi inexistant...
Les écoles, aussi, sont inexistantes, la moitié des enfants se retrouve dans des classes surchargées, l’autre moitié se retrouve sans instruction, 6 jeunes sur 10 sont analphabètes, 1 sur 100 a le Bac...

Un "jour de gloire"

Roland Robert rappelle qu’"à toutes ces violences sociales s’ajoutent les violences politiques" entre d’une part "une Réunion triomphante, surpuissante économiquement et politiquement, née d’une mainmise coloniale et d’un passé sucrier omnipotent bâti sur l’esclavage et l’engagisme principalement", de l’autre, "une Réunion laborieuse, trop souvent miséreuse, connaissant l’humiliation et la faim. Et cette seconde Réunion est nettement plus abondante que la première !"
Raymond Vergès et Léon de Lépervanche considèrent que seule une départementalisation peut sortir l’île du chaos. "C’est donc le 19 mars 1946 que ce jour de gloire est enfin arrivé, emmenant avec lui mille et une promesses, sans que personne ne réalise, vraiment, à quel point le changement allait être grand, dans tous les domaines. Car beaucoup de ces promesses allaient être effectivement tenues, même si beaucoup d’autres allaient traîner les pieds".

"À nous de poursuivre cette œuvre"

Roland Robert rappelait tous les combats menés pour faire bouger les choses, notamment pour la réalisation de l’égalité sociale et concluait : "À nous, aujourd’hui, de poursuivre cette œuvre, et de la conforter bien entendu, car rien n’est définitivement acquis. Avec pour maîtres-mots, de plus en plus : respect de soi, respect de l’autre, respect de notre environnement. C’est l’enjeu de demain. C’est donc l’enjeu d’aujourd’hui".
Cette allocution du maire fut suivie d’une conférence-débat avec l’historien Eugène Rousse sur les résultats de la loi du 19 mars 1946 et d’une séance exceptionnelle du Conseil municipal, avec un seul point inscrit à l’ordre du jour. Le maire donnait lecture du discours de Léon Lépervanche à la séance de l’Assemblée nationale du 12 mars 1946. Cette lecture fut suivie d’un débat et du vote d’une motion du Conseil municipal.
(voir encadré)
Enfin, tout le monde se retrouva pour un “pot d’honneur”, dans une ambiance amicale et festive, à la hauteur de ce grand anniversaire.


La motion du Conseil municipal sur le 19 mars 1946

"... Que cette date historique soit déclarée jour férié"

"Le Conseil municipal de La Possession souligne les avancées considérables liées à l’application du statut de département français à l’ancienne colonie de La Réunion, où perduraient depuis 1848 dans la société de plantation, sous le régime pervers de l’engagisme, les schémas hérités de l’ordre esclavagiste : discrimination, ségrégation raciale, domination des grands propriétaires terriens, etc...
Il insiste sur la place prépondérante dans ce processus de Raymond Vergès et de Léon de Lépervanche, auteurs de la loi du 19 mars 1946. Ils ont voulu sortir notre île de son sous-développement, de la misère sur tous les plans.
Il insiste aussi, sur les combats menés et gagnés, depuis cette date, par le PCR et ses représentants, contre les résistances à l’accession à l’égalité pour tous les Réunionnais.
La loi du 19 mars 1946 a favorisé la transformation de l’île. Elle a modifié profondément ses structures économiques et sociales, en lui donnant notamment les moyens d’éduquer et de former ses jeunes, de soigner sa population et de lui offrir une réelle protection sociale.
Mais beaucoup reste à faire, et les effets de la départementalisation semblent avoir atteint leurs limites.
Le Conseil municipal de La Possession interpelle les pouvoirs publics sur la nécessité de promouvoir le développement du département dans le cadre de la région océan Indien et de l’Europe des Régions ultra-périphériques.
Le Conseil municipal demande que cette date historique soit déclarée jour férié à l’instar de la date anniversaire de l’abolition de l’esclavage."


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