Jean-Yves Langenier, maire du Port, et la loi Vergès-Lépervanche - 2 -

’Une loi pour aider leur peuple à sortir de la misère coloniale’

13 avril 2006

Nous continuons la publication du discours prononcé le vendredi 17 mars dernier par le maire du Port lors de l’inauguration de l’exposition “Honneur annoncer Réunion Département”. Celle-ci a été réalisée à l’occasion du vote de la loi du 19 mars 1946 et on peut toujours la voir sur les grilles de l’hôtel de ville.
Lors de cette inauguration, Jean-Yves Langenier a rappelé à quel point les Réunionnais en général et les Portois en particulier ont dû lutter pour obtenir le vote de cette loi. D’où la foule et l’ambiance exceptionnelles qui ont animé l’aéroport du Port lors du départ des deux élus réunionnais qui ont porté à Paris la demande des Réunionnais d’abolir le régime colonial du pays.
Voici donc la suite de cette allocution du maire du Port. Les intertitres sont de “Témoignages”.

Quand les deux députés-maires, Raymond Vergès et Léon de Lépervanche, se rendent à Paris, c’est pour donner à une aspiration populaire - la transformation de La Réunion de colonie en département - la forme d’une loi. Une loi dont ils espèrent qu’elle va aider leur peuple à sortir de la misère coloniale.

Trois siècles de misère et d’oppression

Plusieurs propositions de loi, pour la transformation des quatre "vieilles colonies" en département, avaient été déposées auprès de l’Assemblée constituante, dont une par Raymond Vergès et Léon de Lépervanche.
Les discussions avaient été longues et passionnées.
L’enjeu est alors de taille car il s’agit d’en finir avec trois siècles de régime colonial.
Trois siècles de misère et d’oppression.

"Bénéficier des mêmes droits que leurs frères de métropole"

Le 12 février 1946, Raymond Vergès présente ainsi le projet de loi aux parlementaires :
"Terre française depuis plus de 300 ans, associée depuis plus de 3 siècles au destin de la métropole dans la défaite comme dans la victoire, la colonie considère que seule son intégration dans la patrie peut résoudre les nombreux problèmes auxquels elle a à faire face."
Au cours de la séance suivante, Léon de Lépervanche se fait le porte-parole du peuple réunionnais :
"La proposition que nous soumettons - déclare-t-il - répond aussi à une nécessité, celle d’exaucer le vœu le plus cher de notre population, la revendication principale de nos classes laborieuses, groupées autour de cette devise “La Réunion département français”. Citoyens français, les Réunionnais doivent être assujettis aux mêmes obligations et bénéficier des mêmes droits que leurs frères de métropole."

Une loi adoptée à l’unanimité

Quelques jours plus tard, le 14 mars, la loi tendant au classement comme départements français de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique et de La Réunion, est adoptée à l’unanimité, par l’Assemblée nationale constituante.
La publication au “Journal officiel” se fera le 19 mars 1946, soit quatre mois, jour pour jour, après le départ pour Paris de Léon de Lépervanche et de Raymond Vergès.

Le début d’une longue lutte

Cette victoire historique, sans équivalent depuis celle du 20 décembre 1848, marque en fait le début d’une longue lutte.
En effet, un des enseignements les plus significatifs que nous pouvons tirer de cette période est qu’il ne suffit pas de légiférer pour réparer les préjudices et les injustices de trois siècles de colonialisme, ni pour briser les mécanismes inhumains d’une société régie par la domination économique de quelques familles puissantes sur le reste de la population.

(à suivre)


Soixante ans après, malgré les retards et les entraves au progrès qu’il a fallu combattre, nous constatons que cette loi a permis l’extension des droits sociaux et a ouvert la voie à une transformation radicale de notre île. C’est la grande bataille victorieuse pour l’Égalité.

Extrait de “Nou lé pa plus. Nou lé pa moin. Rèspèk a nou :
Amplifions l’Appel pour que le 19 mars soit une date commémorative”, déclaration adoptée à l’unanimité par 1.200 vétérans réunis le 12 février à Sainte-Suzanne.


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