Communiqué du PCR

Les Chagos : triste anniversaire et véritable espoir

19 juin 2023, par Ary Yée-Chong-Tchi-Kan

Les Chagossiens commémorent, en ce moment, le souvenir du dernier groupe de déportés. C’est un triste anniversaire d’une décennie de déportation.

De 1963 à 1973, les autorités britanniques ont méthodiquement vidé l’archipel de Chagos de toute présence humaine. Les habitants ont été dirigés vers les Seychelles et Maurice et abandonnés sur les quais. Derrière eux, les chiens ont été capturés et exterminés par gaz dans le calorifère qui servait de séchage de cocos. C’était les conditions exigées par les Américains pour installer une grande base militaire à Diégo-Garcia, une île qu’ils vont louer pour 60 ans, à l’abri des regards étrangers.

La Réunion était l’autre maillon d’une technologie avancée de transmission d’informations capable de pénétrer dans l’eau jusqu’aux sous-marins nucléaires. Ceux-ci n’avaient plus besoin de remonter à la surface pour communiquer, avec le risque de se faire repérer. Ainsi, dans la même période qu’on expulsait les Chagossiens, la France partageait avec les américains la stratégie, l’installation et la gestion de l’antenne OMEGA. Jusqu’à quelles limites ?

En 1975, la CIA avait entrepris l’éliminer physiquement Paul Vergès et Paul Béranger, les 2 dirigeants progressistes qui s’opposaient à la militarisation de l’Océan Indien. Lors d’une Conférence Extraordinaire du PCR tenue, au Port, le 27 avril 1975, l’ordre fut donné de faire échec à ce projet insensé. Les 3 et 4 mai, une séance de travail inter-île a eu lieu à La Réunion. Les jours suivants, les noms des 3 agents de la CIA étaient divulgués, puis le nom de l’hôtel où ils étaient logés à Maurice.

Il est clair que les habitants qui peuplaient les îles de l’archipel des Chagos ont été les victimes directes de la stratégie des grandes puissances occidentales. A contrario, cela explique le soutien qu’ils ont eu de la part du PCR et du MMM. Élu au Parlement Européen, Paul Vergès a soulevé la question de la citoyenneté de ces habitants expulsés et dispersés par le gouvernement britannique. Le parlement a reconnu qu’ils sont citoyens de l’Union Européenne. Ainsi, pour la première fois, la lutte du peuple Chagossien a fait irruption sur la scène internationale, sous l’angle politique.

Plus tard, analysant les changements intervenus dans le monde, le gouvernement de la République de Maurice a lié la cause Chagossienne à celle d’une décolonisation tronquée. L’ONU et le Tribunal Pénal International ont reconnu la responsabilité de la Grande Bretagne qui a été sommée de rétablir la souveraineté de Maurice dans les frontières reconnues avant l’indépendance. Ainsi, la revendication principale des Chagossiens du retour au pays prend un angle politique nouveau.

La commémoration du souvenir du dernier groupe de déportés s’inscrit dans ce nouveau contexte qui pourrait s’intituler : la réparation. Un document de Human Right a identifié 3 crimes contre l’Humanité. Gageons que les Mauriciens et les Chagossiens trouveront les conditions politiques de leur nouveau rapport.

Pour notre part, en cette occasion exceptionnelle, nous réitérons l’inscription de la cause Chagossienne à l’ordre du jour de la COI. En effet, c’est une honte de fêter avec faste différents anniversaires de la création de la COI sans jamais penser à tous les crimes couverts par le silence d’une institution de coopération dont le siège se situe à quelques encablures du siège des Chagossiens, à Maurice. Si la France ne le fait pas, il appartient aux Conseils Régional et Départemental d’en faire la demande. Au nom de la solidarité avec un voisin, un peuple créole, né de l’esclavage, tout comme le peuple réunionnais.

Saint Denis, Samedi 17 juin 2023,
Pour le Parti Communiste Réunionnais,
Ary YEE-CHONG-TCHI-KAN,

Chagos

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Messages

  • Nous, Réunionnais de toutes obédiences épris de justice, réitérons aussi la demande d’attribution du Prix Nobel de la Paix au peuple chagossien et au Chagos Refugees Group collectivement, pour les décennies de combat pacifique qu’ils ont mené – autrefois dans des conditions très rudes – et mènent encore aujourd’hui, jusqu’à la victoire que sera leur retour aux Chagos.

    Dans le passé, les Chagossiens ont enduré des grèves de la faim et des séjours en prison, uniquement parce qu’ils voulaient faire reconnaître leur droit au retour et, dans l’attente, à une vie décente dans leur exil.

    Ils ne se sont jamais départis d’une conduite pacifique de bout en bout dans la quête de ces droits. Honneur à leur combat !


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