Visite de Herimanana Razafimahefa, président du Sénat

Madagascar propose un partenariat « gagnant-gagnant » à La Réunion

4 août 2023, par Manuel Marchal

Une délégation conduite par Herimanana Razafimahefa, président du Sénat de Madagascar, propose un partenariat « gagnant-gagnant » aux acteurs économiques de La Réunion, notamment dans le domaine de l’agriculture. Avec l’appui technique de notre île, Madagascar pourrait atteindre une production suffisante pour remplacer l’Asie comme fournisseur du riz, aliment de base des Réunionnais. Plus largement, le second personnage de l’État malgache propose que Madagascar produise ce que La Réunion a besoin, surtout sur un plan alimentaire.

Herimanana Razafimahefa, président du Sénat de Madagascar, conduit une délégation en visite à La Réunion. Il a rencontré hier les directions de la Chambre consulaires au siège de la Chambre de commerce et d’industrie à Saint-Denis. Parmi les pistes de coopération évoquées, l’agriculture.
Le président du Sénat estime qu’il est anormal que La Réunion importe de la nourriture depuis l’Asie ou l’Europe alors que Madagascar est à une heure d’avion ou deux jours de bateau et dispose de terres disponibles pour produire.
Il propose que Madagascar produise ce que La Réunion a besoin, surtout sur un plan alimentaire. Ceci permettra également d’augmenter les revenus des agriculteurs malgaches qui vendront leurs produits à La Réunion. La Chambre d’Agriculture a proposé un accompagnement technique.

Herimanana Razafimahefa, président du Sénat de Madagascar, lors du Salon de l’Habitat organisé par le Secrétariat d’Etat aux Nouvelles villes et à l’Habitat.

Madagascar et La Réunion : le riz même aliment de base

Cette démarche du deuxième personnage de l’État malgache converge avec la volonté de la Région notamment de relancer une politique de co-développement avec les voisins de La Réunion, notamment Madagascar.
Le 8 mai dernier, lors d’une conférence à l’Université d’Antananarivo, Wilfrid Bertile, conseiller régional délégué à la coopération régionale, avait donné quelques exemples de cette politique de co-développement. Il a notamment été question du riz.
A Madagascar, la population augmente rapidement mais la production agricole a des difficultés à suivre. En conséquence, les Malgaches doivent importer du riz. Or, comme à La Réunion, le riz est l’aliment de base. Et dans notre île, il est en totalité importé.
Wilfrid Bertile avait expliqué que La Réunion peut apporter un appui pour que Madagascar redevienne non seulement autosuffisante en riz, mais puisse également disposer d’un surplus qui pourra être exporté. 50.000 tonnes par an suffisent à répondre aux besoins des Réunionnais. Au lieu d’être importé de Thaïlande ou du Pakistan, l’aliment de base de notre population viendrait alors de Madagascar, beaucoup plus proche.
En visite le mois suivant à Madagascar, Huguette Bello, présidente de la Région Réunion, avait réaffirmé cette orientation en rupture avec les 10 années d’immobilisme de l’époque Didier Robert.

Augmenter les revenus des agriculteurs malgaches

Cette politique « gagnant-gagnant » avait été initiée lorsque la Région Réunion était dirigée par Paul Vergès. En 2008, la collectivité avait organisé un séminaire sur le co-développement durable dans l’océan Indien. C’est à cette occasion qu’avait été évoquée la possibilité de refaire de Madagascar le grenier de notre région.
D’une part, ceci donne la possibilité aux agriculteurs malgaches d’exporter vers La Réunion, le pays qui a plus fort pouvoir d’achat de la région. En conséquence, dans le cadre d’une politique « gagnant-gagnant », les revenus des paysans impliqués dans cette coopération augmenteront de manière substantielle.
D’autre part, la crise causée par la pandémie de COVID-19 suivie par celle liée à la guerre en Ukraine a perturbé l’approvisionnement de La Réunion. La spéculation a fait augmenter les prix. Ces épisodes ont montré la vulnérabilité considérable de La Réunion à cause d’une politique qui n’a pas pour but de développer notre île, mais d’y transformer en profits privés pour des entreprises françaises l’argent public transféré de France sous formes de salaires et d’aides sociales.

Loi sur les investissements

Le président du Sénat de Madagascar a fait part également de la démarche entreprise pour attirer les investisseurs dans le pays : la récente loi sur les investissements ainsi que le nouveau Code minier.
Car ce partenariat doit passer par le privé. Il est nécessaire dans ce cas que l’investisseur potentiel bénéficie de garanties suffisantes pour s’engager.
Après les Chambres consulaires hier, Herimanana Razafimahefa doit rencontrer aujourd’hui la Région et le Département.

M.M.

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Messages

  • Je l’ai déjà dit dans mes interventions précédentes , les agriculteurs réunionnais pourraient produire eux mêmes les 60000 tonnes de riz nécessaire à leur consommation annuelle et même un peu plus pour l’exporter en Europe dans des conditions de production qui seraient peut être plus avantageuses que la production de canne .

    Si nous voulons réaliser notre autonomie alimentaire en bénéficiant de la garantie de la politique agricole commune qui est accordée aux agriculteurs européens qui produisent du riz , il vaudrait mieux encourager les réunionnais à produire eux mêmes leur riz plutôt que de s’engager à acheter notre riz à Madagascar .

    Par ailleurs , si les malgaches produisent plus de riz que ce qui est nécessaire à leurs besoins , ils trouveront toujours des acheteurs en Europe ou sur le marché mondial . je rappelle que le monde consomme environ 500 millions de tonnes de riz par an et que la France en consomme chaque année 500000 tonnes alors qu’elle n’en produit que environ 65000 tonnes .

    Bien entendu en attendant que nous puissions produire nous mêmes notre riz , nous pouvons accorder une préférence au riz de Madagascar plutôt que d’aller nous approvisionner , au Vietnam , en Inde ;au Cambodge ou en chine ; mais tant que nous n’atteindrons pas notre autonomie alimentaire nous serons toujours dépendant de ceux qui nous approvisionnent .

    L’accord de partenariat que nous pourrions signer avec Madagascar ne devrait pas nous empêcher de produire nous mêmes notre riz mais au contraire instituer une coopération qui permettrait aux malgaches de nous aider en partageant leurs compétences et leur savoir faire et peut être aussi leurs moyens techniques et notamment la possibilité d’usiner notre riz paddy chez eux .

  • Encore quelques mots sur cette idée de partenariat gagnant -gagnant entre la Réunion et Madagascar et notamment sur ce qui concerne un éventuel engagement de la Réunion d ’acheter exclusivement du riz malgache pour sa consommation .

    Bien que situés dans l’océan indien à plus de 10000 km de la France et de l’union européenne nous serons toujours , en tant que citoyen européens, obligés de respecter les règles fixées par l’union européenne pour l’importation et l’exportation de nos produits agricoles .
    Or pour ce qui concerne l’importation de riz en Europe (ile de la Réunion comprise ) , la commission européenne a fixé un droit de douane qu’i s’élève actuellement à 125 euros par tonne de riz pour protéger les agriculteurs européens qui cultivent du riz. Et par conséquent, tant que nous n’aurons pas la possibilité d’adapter les lois de la république à nos spécificités, même si nous ne cultivons pas du riz à la Réunion , les importations de riz à la Réunion qui ne seront pas originaires des pays de l’union européenne seront soumises à ce droit de douane qu’elles proviennent des pays d’Asie (Inde ,Pakistan , Thailande ... ) ou de Madagascar.

    Ce droit de douane fixé actuellement à 125 euros par tonne peut évoluer à la hausse ou à la baisse selon l’évolution du marché mondial du riz et du prix minimum appliqué au riz produit en Europe pour permettre aux agriculteurs européens planteurs de riz d’avoir un revenu décent ,mais il pourrait être dissuasif pour les importations de riz malgache .

    L’idée d’un partenariat économique entre Madagascar et la Réunion et peut être aussi l’’ile Maurice ainsi que Mayotte et la république des Comores est certainement très intéressante mais le contenu de ce partenariat ne relève pas forcément exclusivement des compétences de la Région et du Département . Pour cela il faudrait que la prochaine révision constitutionnelle prévue au début de 2024 inclut la suppression de l’alinéa 5 de l’article 73 de notre constitution .

    Actuellement , vu que la production de riz peut être plus avantageuse que la production de cannes à sucre si on peut compter sur deux récoltes par an , et vu que la production de riz européen est protégée des importations à bas prix en provenance du marché mondial par un droit de douane de 125 euros qui sera probablement maintenu ou augmenté si la production mondiale continue de baisser suite aux inondations en Azie , nous avons à l’ile de la Réunion intérêt à cultiver notre riz nous mêmes le plus tôt possible .


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