Clouer le bec aux canards

7 juillet 2012, par Geoffroy Géraud-Legros

« Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous puissiez le dire ». Attribuée — à tort — à Voltaire, la formule décrit sans doute le niveau le plus haut d’adhésion à la liberté d’expression. Un niveau, disons-le franchement, rarement atteint. Sans aller jusque-là, permettre et accepter la diversité des opinions nous commande, parfois, d’endurer les propos d’autrui. Même lorsqu’ils nous sont défavorables. Même en grinçant des dents et en serrant les poings.
Le lecteur, sans doute, nous voit déjà venir : nous faisons, bien sûr, référence au procès intenté contre “Témoignages” par la députée-maire de Saint-Paul, qui a débuté hier devant le TGI de Saint-Denis. Mais c’est ici moins le procès lui-même que ses effets qui nous interpellent. Celle qui nous poursuit s’est sentie blessée par une chronique : elle a le droit de demander justice. L’usage, en la matière, est de demander un euro symbolique, ou un montant modique. Signe que ce que l’on demande aux juges, c’est la réparation de l’honneur, et non un « graton ». Là, 57.000 euros sont exigés pour une formule polémique. Une jolie somme, qui, si elle venait à être prélevée, mettrait un coup dans l’aile au plus ancien quotidien réunionnais.

On ne veut donc pas démontrer que “Témoignages” a tort. On veut le faire taire, et se payer sur la bête. Ce n’est pas la première fois : la nouveauté, c’est que le coup vient d’une personne que “Témoignages” a « mise en l’air » dans des articles qui, compilés depuis 2008, composent un volume de 347 pages. Il faut croire que tout ce qui n’est pas louange mérite, comme dirait l’intéressée, « la mort politique »… Avec, en bruit de fond, les outrances d’une avocate qui — le monde est petit — était oratrice le jour où celle qui attaque “Témoignages” créa son parti politique. C’est au cours de ce rassemblement que des propos intolérables ont visé Jean-Yves Langenier. Pas question, pour ce dernier de rechercher la vengeance.
Quelques jours plus tard, il a répondu en face et avec dignité à son insulteur. C’est, là, une question de style. Sur le fond, plus qu’une éventuelle condamnation, le procédé qui nous inquiète, car tout cela ressemble fort à de l’intimidation.

Certains personnages politiques réunionnais sont, plus que d’autres, insultés, comparés aux pires criminels, moukaté... Cela ne leur fait sans doute pas plaisir, mais ils "laissent la mer battre", animés par une certaine idée de la démocratie. Et heureusement : s’ils s’en formalisaient, il y a bien longtemps que les canards de la place auraient le bec cloué… D’ailleurs, qu’en pensent leurs rédac’chefs ?

G.G.-L.


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