Hydrométéorologie : un outil stratégique pour assoir la coopération entre les Pays de la zone Océan Indien

9 février 2022, par David Gauvin

Le 8 novembre, la COP26 s’intéressait aux "pertes et dommages" dus aux effets du dérèglement climatique. Les îles en développement sont particulièrement concernées. L’un des leviers d’action réside dans la prévention des risques. En cela, la capacité de générer des services climatiques utiles à la prise de décision et à la planification s’avère importante. C’est tout l’objet du projet Hydromet de la COI, cofinancé par l’AFD, l’UE et le Fonds vert. 

Entre 1964 et 2014, les Comores, Madagascar, Maurice et les Seychelles ont été touchés par plus de 100 catastrophes naturelles. 93 d’entre elles étaient en lien direct avec les phénomènes hydrométéorologiques, soit 74 tempêtes, 11 inondations et 8 sécheresses. L’agriculture, le tourisme, les infrastructures ou encore l’approvisionnement en eau sont les secteurs les plus touchés. La prévention et la gestion des risques de catastrophes sont essentiels pour réduire les risques dans ces secteurs sensibles. C’est tout l’intérêt de l’hydrométéorologie et de l’intégration de ses outils dans la prise de décision. Le projet Hydromet de la COI y contribuera. Une étude menée en 2017 par la Banque mondiale confirme la tendance croissante de la fréquence et de l’intensité des événements météorologiques extrêmes dans la région du Sud-Ouest de l’océan Indien. Les habitants de petites îles, de zones arides ou semi-arides, de zones inondables ou de zones côtières de basse altitude sont particulièrement exposés aux effets aggravants du changement climatique. Les dangers hydrométéorologiques se traduisent par des cyclones tropicaux, des pluies diluviennes, des orages, des inondations, de la sécheresse, des vagues de chaleur. Les dommages matériels résultant des événements climatiques sont estimés à 13,1 milliards de dollars selon la Banque mondiale.

Les services d’hydrométéorologie peuvent non seulement prévoir les quantités de pluie qui tomberont mais également émettre des avertissements lorsque ces précipitations menaceraient de faire déborder les cours d’eau. Pour élaborer ces prévisions, ils utiliseront la prévision météorologique ainsi que la modélisation du débit des cours d’eau, les données de flux de ces derniers, des quantités de pluie tombées, etc. Pour Abdoul-Oikil Said Ridhoine, météorologue à l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie aux Comores, l’hydrométéorologie est particulièrement importante dans un contexte d’adaptation aux effets du changement climatique. « Elle pourra améliorer et élargir la prestation des services climatiques, y compris les systèmes d’alerte rapide essentiels, afin de réduire les vulnérabilités climatiques et socio-économiques dans le pays », avance-t-il. Des services climatiques améliorés et pleinement fonctionnels permettent d’identifier les investissements à entreprendre pour éviter les dégâts causés par les catastrophes. Ils fournissent aussi une base importante pour renforcer la résilience, pour augmenter la sécurité des constructions, de l’aviation ou de la navigation et pour protéger l’environnement (évacuation des eaux usées et de matériaux).

Une majorité des pays en développement privilégie les investissements axés sur le relèvement post-catastrophe plutôt que sur l’amélioration de la résilience. Ils risquent alors l’endettement en cas d’épisode météorologique extrême. Or, l’amélioration des capacités de gestion des épisodes peut réduire le bilan économique, social et humain post-catastrophe. Dans le même temps, ces capacités accrues de résilience permettent de réduire progressivement leurs emprunts aux agences de financement. Le projet Hydromet, initié par la Commission de l’océan Indien (COI) et soutenu par l’Agence française de développement (AFD), l’Union européenne (UE) et le Fonds vert pour le climat, est donc une occasion de coopération régionale inédite qui répond à un besoin essentiel. Relevant « la singularité » du projet Hydromet, Laurent Labbé, de la direction InterRégionale pour l’océan Indien « Etudes & Climatologie » de Météo France, explique : « Les premiers bénéficiaires sont tout d’abord les services météorologiques de chaque territoire. Il est en effet essentiel de soutenir le développement autonome national car chaque île connait des besoins spécifiques. Parallèlement, le projet Hydromet va permettre la création d’un centre de climatologie régional propre à la COI. Ce centre permettra de mutualiser les fonctions nécessaires au développement et à la production de services à l’échelle de la région. »

Ce projet que l’on révèle ici après le cyclone Bejisa démontre que la coopération entre nos Pays est possible et souhaitable. Nos Pays sont très exposées au changements climatique, il nous faut des outils pour pouvoir sécuriser la population. Imaginons que cette modélisation permette d’anticiper les zones les plus touchés et les effets attendus. C’est par la science et la connaissance que nous pourrons vivre une vie meilleur. Face à nous se dresse un mouvement de plus en plus important. L’anti-science, qui est une position qui rejette la science comme l’ensemble des connaissances et de découvertes de la nature, et la méthode scientifique, dont font partie les principes intangibles de réfutabilité, de non-contradiction et de reproductibilité.
Les personnes qui ont des opinions antiscientifiques n’acceptent pas que la science soit une méthode objective, ou que celle-ci génère la connaissance universelle. Elles soutiennent aussi que le réductionnisme scientifique, en particulier, est un moyen intrinsèquement limité pour atteindre la compréhension du monde complexe dans lequel nous vivons. Les partisans des anti-sciences critiquent également ce qu’ils perçoivent comme le privilège incontestable, la puissance et l’influence que la science semble exercer dans la société, l’industrie et la politique ; ils s’opposent alors à ce qu’ils considèrent comme une attitude arrogante ou un esprit fermé parmi les scientifiques. Dans tous les cas il convient de saluer cette ambition portée par la COI sur l’hydrométéorologie.

« La science est toujours utile, on ne perd pas le temps employé à l’acquérir. »

Nou artrouv’

David GAUVIN

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