Jeux des îles : « La France a pris ses responsabilités », nous aussi !

3 août 2015, par Ary Yée-Chong-Tchi-Kan

Si l’on en croit les reportages des médias, le Ministre des Sports, M. Kanner, qui ne connaît pas l’histoire mouvementée de nos îles, entre elles, d’une part, et dans leurs rapports à la France, d’autre part, aurait déclaré que « la France a pris ses responsabilités ». Mal lui en a pris, car cette affirmation sonne dans nos têtes et dans nos cœurs comme celle d’une France rétrograde. En effet, nous ne confondons pas la France de Colbert, rédacteur du Code Noir, esclavagiste, avec celle de Scheolcher, la France abolitionniste. Dans les 2 cas, la France avait pris ses responsabilités.

Nous sommes en 2015. Comment un événement où on devait exalter l’amitié et la fraternité géographiques finit-il par de telles déclarations péremptoires ? Or, il suffit de se rappeler du contenu du communiqué du PCR de la semaine dernière, pour se rendre compte que les tracasseries administratives pour obtenir un visa d’entrée à La Réunion ont constitué les bases d’un trouble manifeste à la sérénité des jeux. Pourquoi la France témoigne-t-elle tant d’humiliation envers nos frères et sœurs de Madagascar et des Comores, deux pays qui accueillent des Français et des Réunionnais, sans exiger ni un délai, ni un visa préalable, ni une somme d’argent ? Oui, pourquoi ?

Dans 2 ans, en 2017, nous allons commémorer le 70e anniversaire du massacre des Malgaches par l’armée Française, en 1947. Près de 100 000 morts. Or, les Malgaches venaient de participer à la Libération de la France de l’occupation nazie, entre 1939 et 1945. 2 ans à peine après ce moment de fraternité vécue dans les tranchées et sous les bombes allemandes, des Malgaches qui voulaient être aussi libres que les Français étaient jetés du haut des avions dans le vide. À Moramanga, le train bondé de Malgaches fut criblé de balles. Cela ne vous rappelle pas les fameux trains de la mort, en partance pour l’Allemagne ? Un peu plus tard, l’épisode de la Sakay est encore vivace dans les esprits. La France a-t-elle tiré toutes les conséquences de ces événements tragiques dans lesquels des Réunionnais ont été entraînés, faisant de La Réunion, une colonie colonisatrice, à son tour ? En la circonstance, « la France a pris ses responsabilités », non ?

Et les Comores ? Mitterrand arrive au pouvoir en 1981. C’est l’alternance politique. La France a été incapable d’imaginer une solution globale à un problème crée sous la droite, 6 ans avant. La gauche se devait d’ouvrir une solution de rassemblement qui respecte toutes les parties et la dignité humaine. 34 ans après cette première alternance, quel est le bilan ? Un cimetière maritime pour 20.000 individus, impensable avant. L’an dernier, 2014, on a compté plus de 19.000 reconduites à la frontière à Mayotte. L’impasse est totale. Et, à La Réunion, c’est le racisme anti-Comorien, anti-Mahorais qui se répand. Peut-on proclamer devant l’avenir que la France, de gauche de surcroît, a pris ses responsabilités ?

A contrario, tout observateur impartial peut mesurer les efforts déployés par des démocrates sincères, en particulier, les communistes Réunionnais, pour formuler des propositions de bon sens afin de sortir des séquelles historiques et rapprocher les peuples des îles. Cela suppose qu’au préalable, il faille connaître l’histoire singulière de nos îles et assumer l’avenir en commun. C’est notre responsabilité, en lien avec une France humaniste.

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