La 5e République est morte, vive la 6e République

21 juin 2022, par David Gauvin

Emmanuel Macron a perdu sa docile majorité absolue à l’Assemblée nationale, au terme du second tour des législatives. Mélenchon a échoué à devenir Premier ministre et le Rassemblement national a doublé la droite traditionnelle. Le Pays est devenu ingouvernable. C’est la fin de l’ancien monde et peut être le début d’un nouveau.

Emmanuel Macron se retrouve au centre d’un paysage politique sens dessus dessous, avec une Assemblée fragmentée, sans majorité claire au sein de laquelle son camp recule fortement, tant au profit de la gauche que de l’extrême droite. A l’issue du second tour des législatives dimanche, les candidats macronistes « Ensemble ! » remportent 245 sièges, devant la coalition de gauche Nupes et ses alliés (131 sièges) et le RN qui réalise une percée historique (89 sièges).

Le chef de l’Etat a perdu la majorité absolue (établie à 289 sièges sur 577) qui, pendant cinq ans, avait voté tous ses projets pratiquement sans discuter. Il hérite à la place d’une Assemblée nationale où à défaut de majorité, vont siéger deux oppositions puissantes qui lui sont résolument hostiles. Conséquence : deux mois après sa reconduction à l’Elysée, le mandat du président vacille déjà, ses projets de réforme, dont les retraites, aussi. Et la France avance politiquement en terre inconnue.

Depuis 1993, tous les gouvernements successifs ont demandé un vote de confiance aux députés à leur arrivée. Cette procédure, prévue par l’article 49-1 de la Constitution, permet au Premier ministre d’engager, « après délibération du conseil des ministres », la « responsabilité du gouvernement sur son programme ou éventuellement sur une déclaration de politique générale ». Le Premier ministre vient alors s’exprimer dans l’hémicycle, avant que les députés ne se prononcent. Le vote se fait à la majorité absolue (soit au moins 289 voix, si tous les sièges sont pourvus). En cas de désapprobation, le gouvernement est contraint à la démission.

La Nupes prévoit de présenter dès le 5 juillet une première motion de censure. Définie dans l’article 49-2, cette procédure met en cause la responsabilité du gouvernement et peut aboutir à sa démission. Pour être recevable, une motion de censure doit être signée par un dixième des députés (soit 58). Un seuil atteignable par plusieurs groupes dans la nouvelle Assemblée. Pour être adoptée, la motion doit ensuite être approuvée par une majorité absolue des députés (289 voix). Dans le passé, une seule motion de censure a été votée en 1962, contre le gouvernement de Georges Pompidou. Le général de Gaulle, alors président de la République, avait riposté en procédant à la dissolution de l’Assemblée nationale.

Et on ne parle même pas des lois de finances votées en fin d’année. En réalité, depuis dimanche la 5e République est morte. Le président doit avoir la lucidité et le courage pour mettre en place un processus constitutionnel pour aller vers la 6e République.

« La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés. » Antonio Gramsci

Nou artrouv’

David Gauvin

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Messages

  • Dites plutôt vive la "minocratie " si je peux me permettre ce mot pour qualifier le régime politique dans lequel envoie la la majorité des électeurs qui ont refusé d’aller voter.

    La majorité d’une minorité reste une minorité . Jusqu’à quand allons nous accepter ce refus de voter des électeurs ? Si on continue sur cette pente descendante sans réagir la participation électorale descendra bientôt à 20% de puis à 15% puis à 10%.

    Si notre législation prévoit que pour être élu au premier tour d’une élection un candidat doit obtenir une majorité des suffrages exprimés correspondant au moins à 25% des électeurs inscrits sur les listes électorales c’est surtout pour éviter que nos responsables politiques soit élus par moins de la moitié du corps électoral . Cette règle devrait être valable également pour les autres tours , 2eme ou 3eme.

    Mais je pense qu’il est temps de modifier notre droit électoral et de rendre le vote obligatoire . Cette obligation d’être inscrit sur les liste électorale est facile à instituer et existe déjà dans certains pays membres de l’union européenne .Pourquoi ne pourrions nous pas en faire autant ?.

    Lors des élections européennes la participation électorale est très faible ,aussi bien en France métropolitaine que dans les régions ultrapériphériques . L’institution d’un vote obligatoire dans tous les pays de l’Union pourrait certainement améliorer la stabilité politique de tous les pays de l’Union mais également consolider la construction européenne qui devient actuellement de plus en plus fragile alors qu’elle est de plus en plus indispensable dans le contexte international actuel .

    La vraie démocratie nécessite une participation électorale supérieure à 50 % des électeurs inscrits . Encore faut il que l’on prenne des dispositions pour obliger les électeurs à aller voter . Le droit de vote crée un devoir et le devoir implique une obligation . C’est aux aux pouvoirs public de faire appliquer cette ligne de conduite .

    Le droit électoral c’est un peu le code de la route de nos démocraties et si nous voulons qu’elles fonctionnent correctement il nous faut instituer des règles claires qui obligent tous les usagers et qui les sanctionnent lorsqu’ils refusent de les appliquer.


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