« Le côté obscur » de l’indépendance de Maurice

13 mars 2019, par J.B.

Le 12 mars, nos voisins les Mauriciens fêtent l’indépendance, la libération de la tutelle britannique. Pour les Chagossiens, c’est un jour de deuil. Ils se rassemblent pour sauver leur identité et rappeler leur histoire. La rédaction du journal l’Express de Maurice consacre un article à cette double significations. En voici quelques extraits, photo à l’appui.

« Selon la légende urbaine enseignée dans les écoles, la couleur rouge du quadricolore [1] représente la lutte pour l’Indépendance. Même si cette version « édulcorée » de l’histoire est contestée, elle prend quand même tout son sens pour les Chagossiens. A chaque fois que l’Indépendance de Maurice est évoquée, ils ne peuvent éviter de penser au déracinement qu’ils ont vécu à cause de ce jour.

Ironie de l’histoire, Lyseby Elysé, la Chagossienne qui a ému La Haye, a été décorée par la République en ce 12 mars 2019 (Member of the Order of the Star and Key of the Indian Ocean). 51 ans et un avis consultatif favorable de la Cour internationale de justice (CIJ) après, comment les Chagossiens vivent-ils l’Indépendance ?

Son grand-père, Ferdinand Mandarin, était le président du Comité social des Chagossiens, un des premiers groupes à demander non seulement le droit de retour sur l’archipel, mais aussi l’autonomie des Chagos. Aujourd’hui, Hansley Mandarin, son petit-fils, pense la même chose. Pour lui, le 12 mars le ramène invariablement aux histoires empreintes de douleurs que les grandes personnes se racontaient. Petit, ces voix lui parvenaient de derrière les portes. Parfois, elles étaient accompagnées de sourires tristes, d’autres fois, c’étaient des larmes… Il n’y comprenait pas grand-chose, mais à chaque fois, les histoires se terminaient avec une voix tremblante.

Les années sont passées, et à force d’entendre l’histoire de ses ancêtres, il a fini par comprendre. Dès lors, il n’a pas fallu longtemps à Hensley Mandarin pour reconstituer le puzzle. A cause de l’indépendance, ils ont été expulsés de chez eux. Tout un peuple parti en laissant tout derrière. « Ti zis dan lavantaz Moris sa. Nou pep pann gagnn narien ladan nou », avance-t-il.”
« Jamais personne ne nous a enseigné notre histoire, même à l’école. On parlait de l’Indépendance sans relater les dessous de l’histoire, sans dire que nous avons été la monnaie d’échange pour le 12 mars 1968 », s’indigne Isabelle Charlot, présidente du Chagossian Islanders Movement (CIM).

Allen Vincatassin, le président en exil, il estime que l’Indépendance de Maurice est une bonne chose, mais déplore le fait qu’elle ait été obtenue au détriment de son peuple, précisant qu’à cause du traitement réservé aux Chagossiens, il ne se sent pas Mauricien.

D’ailleurs, Liseby Elysé, celle qui avait ému le monde avec son témoignage à la CIJ, avait relaté que lorsque les « zilwa » avaient débarqué, la rumeur courait qu’ils « manz dimounn » et ils étaient ostracisés. « Nous avons déjà été utilisés, et nous ne voulons pas que l’histoire se répète », affirme Isabelle Charlot. C’est pour cette raison qu’elle souhaite que les Chagos soient autonomes et non sous la tutelle de Maurice.

D’ailleurs, les Chagos ont le « brain power » nécessaire pour s’auto gérer. Idem pour Hansley Mandarin. Selon eux, si quelqu’un doit décider de l’avenir de l’archipel, si la base peut rester ou pas, c’est à la communauté chagossienne et non à Maurice. » (fin des extraits).

Du côté Mauricien, le gouvernement aurait tout intérêt à ouvrir une Commission Vérité pour aborder la réconciliation. Les réactions populaires au lendemain de l’ordonnance du CIJ étaient violentes contre les Chagossiens, accusés de manque de reconnaissance. Un diplomate parle “des Mauriciens d’origine Chagossienne”. Il faut d’urgence mettre fin aux mépris ambiant contre les Chagossiens et leur “pavillon”, drapeau Chagossien qui ne comporte pas la couleur rouge.

J.B.

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