Quand la transition énergétique devient un atout économique, qu’attend t’on ?

13 avril 2022, par David Gauvin

Pour 2021 et 2022, l’éolien ou le solaire notamment, pourraient permettre d’économiser plus de 14 milliards d’euros aux finances nationales. L’impérieuse nécessité d’avoir de l’énergie décarbonnée rencontre l’intérêt pour les finances publiques et les ménages.

La crise géopolitique et la flambée des prix de l’énergie révèlent la dépendance énergétique de la France aux importations d’énergies fossiles. Or, la situation énergétique que traverse le pays va peser sur l’industrie, la productivité mais aussi sur les ménages français dont 6 millions sont en situation de précarité énergétique. Les énergies renouvelables, en particulier l’éolien, via le mécanisme qui régit leur intégration au marché de l’énergie, permettent de générer des économies substantielles mais aussi des recettes nouvelles pour l’État, dans un moment où les pouvoirs publics doivent mobiliser des fonds pour protéger le pouvoir d’achat des Français. « Le solaire et l’éolien, c’est du pouvoir d’achat » : les énergies vertes contribuent désormais en milliards d’euros au budget de la France, ont calculé les représentants du secteur, qui appellent l’État à en faire profiter les Français et à accélérer le déploiement des renouvelables. Sur 2021 et 2022, ces deux sources d’énergie devraient permettre d’économiser ou d’apporter plus de 14 milliards d’euros aux finances nationales.

Le prix moyen de l’électricité s’est établi à 231 €/MWh sur le premier trimestre 2022, après un prix moyen de 108,83 €/MWh en 2021, et de 50 €/MWh en moyenne avant COVID. Mais pour les énergies renouvelables, et en particulier l’éolien, cette hausse drastique des prix de l’électricité se traduit en réalité par des économies pour le budget de l’État et même sur 2022 par des recettes supplémentaires via le complément de rémunération. Lorsque les prix du marché sont inférieurs au prix cible fixé lors de l’attribution du projet, l’État verse un complément de rémunération au producteur. A l’inverse, quand les prix du marché sont supérieurs, c’est le producteur qui verse à l’État la différence. À ce rythme, l’éolien devrait avoir remboursé d’ici fin 2024 « tout ce qu’il a perçu depuis 2003 », soit 11 milliards d’euros, estime la filière, qui, pour ses estimations, a travaillé avec des analystes de marché et sur les prévisions d’évolution du marché de la Commission de régulation de l’énergie (Cre).

Les volumes de CSPE (contribution au service public de l’électricité) ont été évalués avant crise par la CRE en juillet 2021, pour être porté à un montant global de 9,1 milliards d’euros. Ainsi programmée, la CSPE prévoyait une part dédiée à l’énergie éolienne de 1,8 milliards d’euros et de 2,9 milliards d’euros pour l’énergie solaire. Or, cette révision basée sur des données datant de juillet 2021 nécessite une mise à jour pour prendre en compte la forte hausse du prix de l’électricité, et donc la forte contribution de l’éolien au profit du budget de l’État depuis désormais le 8e mois continu, via le mécanisme de complément de rémunération : sur le seul mois de décembre 2021, l’éolien a reversé 600 millions d’euros à l’État. Sur la base d’une hypothèse assez conservatrice de prix moyen annuel de l’électricité de 220 €/MWh pour 2022, la CSPE pour les énergies renouvelables électriques s’établira à 5,15 milliards d’euros, au lieu des 8,8 milliards anticipés par la CRE lors de sa révision de juillet 2021. En 2022, la part du soutien à l’éolien, estimée par la CRE en juillet 2021 à 1,3 milliards d’euros sera ainsi nulle, et même excédentaire à hauteur 3,7 milliards d’euros. De la même façon, le soutien à l’énergie solaire prévu par la CRE de 3 milliards d’euros ne sera que de 0,1 milliard d’euros, libérant près de 3 milliards d’euros supplémentaires. Ce sont ainsi 7,9 milliards d’euros qu’éolien et solaire remettront à la disposition du budget de l’État sur l’année 2022.

Si la France respecte la trajectoire PPE (programmation pluriannuelle de l’énergie) qu’elle s’est fixée sur l’éolien, l’État percevra une recette nette estimée à 18 milliards d’euros d’ici à 2035. Les énergies renouvelables permettent ainsi de faire baisser mécaniquement la facture d’électricité des Français, en participant au financement de la maîtrise des prix, mais représentent également une source de recettes pour l’État. Le secteur suggère que l’État réaffecte ces crédits « pour qu’ils contribuent à protéger les plus vulnérables du choc énergétique ». « Il faut ’remettre l’église au centre du village’ : c’est grâce aux ENR qu’on peut amortir l’augmentation de la facture électrique des Français », dit Jean-Yves Grandidier, le président de Valorem, pionnier du secteur. L’éolien est particulièrement ciblé par l’extrême droite, Marine Le Pen appelant à un moratoire, voire à “démonter” les parcs. Emmanuel Macron, pour sa part, soutient les ENR, solaire et éolien en mer surtout, mais des ambitions à la baisse dans l’éolien terrestre. Et pendant ce temps, nous sommes satisfaits de remplacer le charbon des centrales thermiques importé d’Afrique du Sud par des copeaux de bois provenant d’Amérique du Nord. On marche à l’envers.

« Il faut d’abord savoir ce que l’on veut, il faut ensuite avoir le courage de le dire, il faut ensuite l’énergie de le faire. » Georges Clemenceau

Nou artrouv’

David Gauvin

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Messages

  • Vous préférez planter des panneaux solaires et des éoliennes plutôt que des arbres ?
    ça je ne peux pas le comprendre... Il y a aussi la sobriété à défendre et tout un tas de " techniques" qui permettent de réduire l’impact de nos vies trop gourmandes sur la planète ! Tant que les responsables, les décideurs prendront le problème à l’envers...La création d’emplois ne passent pas forcément par l’implantation de technologies très consommatrices de produits de base à extraire encore et encore au détriment de la planète et des populations...


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