Quand Lafarge finançait Daesh, Paris laissait faire

25 avril 2018

L’entreprise Lafarge est accusée d’avoir versé de l’argent entre 2012 et 2014 au groupe terroriste Daesh. Cette somme était destinée à garantir le fonctionnement d’une usine de ciment située en Syrie. Autrement dit, c’était une redevance payée à l’État islamique autoproclamé. Si la société Lafarge est poursuivie, c’est parce qu’elle est suspectée d’avoir commis un acte illégal, en l’occurrence le financement d’un groupe terroriste. Mais il semble que la France a laissé faire à l’époque.

Dans leurs éditions de lundi, « Libération » et « Le Monde » publie la preuve que les services de renseignement français étaient au courant. Ils s’appuient pour cela sur le compte-rendu d’un interrogatoire d’un cadre de Lafarge par la juge chargée d’enquêter sur cette affaire. Il affirme avoir rencontré à 33 reprises des membres de la DGSI, de la DGSE et de la DRM entre 2012 et 2014. En tant que responsable de la sûreté, ce cadre était au courant des liens entre Lafarge et Daesh, et il indique que lors de ces rencontres avec les services de renseignements français, il ne faisait pas de tri dans les informations qu’il leur transmettait.

Il est difficile d’imaginer que les services de renseignements pratiquent la rétention d’information à l’encontre du gouvernement. Ce qui signifie donc que Paris ne pouvait pas ignorer qu’une major du BTP finançait un groupe terroriste responsable de nombreux morts en Irak et en Syrie. Apparemment, cela ne posait pas de problème, car à l’époque rien n’a été fait pour couper ce canal de financement de Daesh.

Quelques jours après la décision unilatérale de la France de s’associer aux États-Unis de Trump et à la Grande-Bretagne pour bombarder la Syrie, ces faits apportent un éclairage sur les motivations des gouvernements français à l’égard de ce pays. Ils confirment un soutien implicite à des terroristes contre le gouvernement syrien. Or, ce financement a contribué à renforcer Daesh, qui a ensuite mené une offensive en Europe contre des civils.

J.B.

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