Quel message les autorités veulent-elles transmettre à la population ?

Le Sakifo 2021 autorisé en pleine crise sanitaire

10 décembre 2021, par Manuel Marchal

Le Sakifo 2021 doit débuter ce soir, 10 décembre, sur la plage de Saint-Pierre. Les autorités sanitaires estiment qu’il y a plus de risque de transmettre le coronavirus autour d’une table de pique-nique regroupant quelques personnes que sur une plage de Saint-Pierre où se concentreront du 10 au 12 décembre des milliers de fêtards. Dans quelques semaines, La Réunion connaîtra-t-elle un « effet Sakifo » traduit par une nouvelle flambée des cas de coronavirus ? Qui paiera les conséquences ?

Ces derniers jours, les autorités sanitaires ont appelé à renforcer la vigilance en raison d’une recrudescence de l’épidémie de coronavirus. A cela s’ajoute la découverte des premiers cas du variant Omicron. Il est tellement contagieux que le premier cas d’Omicron sans lien trouvé avec l’un des deux cas importés a été détecté à peine trois jours après l’annonce de la découverte de ce variant chez deux passagers de retour d’un voyage.
L’État ne cesse de communiquer sur le respect du port du masque dans tous les lieux publics y compris ceux soumis au Pass sanitaire. Il a même décrété une quarantaine obligatoire pour les passagers en provenance de tous les Etats de notre région. Il a également maintenu l’interdiction des pique-niques et décidé d’une nouvelle fermeture des discothèques.

Une discothèque géante ouverte pendant 3 jours non-stop

Quelle est la différence entre une discothèque et un festival de musique ? Le Sakifo est-il autre chose qu’une discothèque géante ? Apparemment pour les autorités sanitaires, il est plus facile de maintenir les distances de sécurité et le port du masque dans un rassemblement festif qui affirme avoir déjà vendu 12.000 billets d’entrée que dans un club de danse limité à 75 % de sa capacité d’accueil.
Les autorités sanitaires estiment également qu’il y a plus de risque de transmettre le coronavirus autour d’une table de pique-nique regroupant quelques personnes que sur une plage de Saint-Pierre où se concentrent pendant trois jours des milliers de personnes venues faire la fête.

Le précédent du Grand Raid

Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que l’épidémie de coronavirus prospère à La Réunion, car manifestement les décisions ne sont pas prises en fonction de la réalité scientifique, mais d’une idéologie. Car le Sakifo est-il autre chose qu’une discothèque géante ? Il s’agit de préserver les profits et de soutenir la domination d’une culture sur les autres à La Réunion.
En effet, à la fin du mois d’octobre, les autorités sanitaires ont autorisé le Grand Raid. Des milliers de personnes sont venus à La Réunion sans quarantaine ni tests obligatoires à l’arrivée. Tout au long du parcours des trois courses étaient disséminés de nombreux postes de contrôle, sans oublier la concentration du départ. C’étaient autant d’occasions propices à la transmission du coronavirus.
Le Grand Raid a également coïncidé avec un pic du trafic aérien entre La Réunion et la France, avec des passagers qui pouvaient venir sans contrôle sanitaire à partir du moment où ils étaient vaccinés. Quelques semaines plus tard débutait la 5e épidémie de coronavirus observée depuis l’année dernière à La Réunion.

La culture occidentale privilégiée

Le Grand Raid et le Sakifo sont des emblèmes d’une culture importée de l’Occident à La Réunion. Elles inscrivent notre île comme une étape d’une tournée de courses ou des festivals centrée sur l’Europe et l’Amérique du Nord. Plus de 50 ans après Woodstock, le festival de musique est devenu une tradition en Occident. C’est le grand rendez-vous culturel de l’été dans l’hémisphère Nord, et c’est ce qui est importé à La Réunion au travers du Sakifo.
Le pique-nique fait partie de la culture réunionnaise. Il permet aux Réunionnais d’aller à la plage ou dans les Hauts une fois par semaine. Ceci permet à plusieurs générations de se retrouver. Mais les autorités sanitaires jugent que les pique-niques sont plus dangereux que le Sakifo.
Quel est donc le message que les autorités sanitaires veulent-elles transmettre à la population ? Est-ce pour dire qu’à partir du moment où une personne peut payer 85 euros pour participer à une manifestation importée d’Occident, elle est immunisée contre le coronavirus ? Chacun sait pourtant que l’argent ne permet pas d’acheter l’immortalité !
Dans quelques semaines, La Réunion connaîtra-t-elle un « effet Sakifo » traduit par une nouvelle flambée des cas de coronavirus ? Qui paiera les conséquences ?

M.M.

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