Lutte contre l’épidémie

Un dictionnaire de signes pour parler du VIH-Sida

21 août 2012

Donner les moyens de se protéger aux personnes malentendantes : un pas vers l’objectif des trois zéros.

Lorsque Marwei (24 ans) est tombée enceinte, elle n’a pas pu révéler son état en raison des tabous culturels associés à la grossesse hors mariage au Zimbabwe. Pour ne rien arranger, elle est née sourde et muette. Marwei est décédée à l’âge de 25 ans, négligée de tous, dans la ferme rurale de sa mère. Elle n’a jamais dit qui l’avait mise enceinte. Des croyances traditionnelles négatives mettent les personnes handicapées à la merci des abus commis par des membres de leur famille, des proches ou d’autres prédateurs sexuels. Pire encore, les personnes malentendantes et atteintes de troubles de la parole sont souvent laissées de côté par les programmes de lutte contre le VIH.

Le rapport intitulé “The Forgotten Tribe, People with Disabilities in Zimbabwe” (La tribu oubliée – Les personnes handicapées au Zimbabwe) et publié par Progressio en 2006 établit le constat suivant : « Les interventions de sensibilisation qui comportent essentiellement des composants informatifs, éducatifs et de communication ne tiennent pas compte des besoins des personnes malvoyantes et malentendantes, ni des personnes handicapées mentales ou souffrant de handicaps physiques graves ».

Comment parler de sexualité dans certaines sociétés ?

Dans certaines cultures africaines, il est souvent difficile de discuter ou de verbaliser librement les questions de sexualité, mais le langage des signes constitue une nouvelle possibilité de s’exprimer sur les problèmes liés au VIH sans crainte des tabous. Pourtant, au Zimbabwe, cette possibilité est largement sous-exploitée, car les personnes souffrant de troubles de la parole et de l’audition sont souvent dépeintes ou perçues comme des mineurs perpétuels ayant peu, voire aucun désir sexuel.

Malgré ces obstacles majeurs au Zimbabwe, les adultes malentendants et atteints de troubles de la parole ont fait un premier pas important vers l’émancipation en prenant l’initiative de répondre efficacement à leurs propres besoins spécifiques déterminants pour leur accès aux services anti-VIH par l’intermédiaire de leur organisation, l’Association nationale zimbabwéenne des Personnes sourdes et malentendantes (Zimbabwe national association for the Deaf – ZIMNAD).

« Les programmes de sensibilisation au VIH tiennent rarement compte des besoins spécifiques des personnes atteintes de troubles de la parole et de l’audition », explique Christine Sithole, Directrice nationale de la ZIMNAD.
« Fournir des informations ne suffit pas pour changer les attitudes et les comportements, il est nécessaire de transposer ces informations pour s’adapter à la situation et aux expériences personnelles des réalités vécues par ces personnes », ajoute-t-elle.

« Personne au bord de la route »

En guise de première étape créative, avec l’aide du Conseil national sur le Sida et l’ONUSIDA, l’organisation locale a réuni des formateurs des dix provinces du pays afin d’élaborer un dictionnaire de langage des signes sur le VIH harmonisé au niveau national, qui servira de base solide pour un programme national spécifique de lutte contre le VIH.

« Il y a tellement de gens malentendants et ce dictionnaire va beaucoup nous aider pour améliorer notre communication sur les questions liées au VIH », a indiqué Ephraim Baliya, Président du Conseil d’administration de la ZIMNAD, qui est atteint lui aussi d’un trouble de la parole et de l’audition.

Selon Progressio, le Zimbabwe compte 1,4 million de personnes handicapées, mais aucune information n’est disponible concernant le nombre de personnes souffrant de troubles de la parole et de l’audition.

« Nous voulons que l’objectif des trois zéros se concrétise et que personne ne soit laissé au bord de la route. De nombreuses personnes malentendantes ont été laissées de côté », insiste Mme Sithole. « Il s’agit d’un pas en avant vers l’objectif des trois zéros. Mais nous ne pourrons pas y parvenir si une partie importante de la population est exclue ».

Raymond Yekeye, Directeur des opérations du Conseil national sur le Sida, a répété que le gouvernement était pleinement conscient des besoins particuliers des personnes handicapées. Il a indiqué que le Plan stratégique national de lutte contre le Sida II (2011-2015) du Zimbabwe a été élaboré de manière à favoriser un environnement programmatique et juridique propice pour les populations vulnérables.

Les troubles de l’audition et la surdité constituent un handicap majeur qui limite l’accès d’un individu à l’éducation et l’emploi et son intégration sociale en général. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que 4,5% de personnes dans les pays en développement souffrent de handicaps auditifs.

(Source ONUSIDA)

Namibie : solidarité vers les plus vulnérables

Le projet communautaire Khaibasen a été mis en place en Namibie dans le but de favoriser la prise de conscience, d’éduquer et de donner la parole aux communautés vulnérables.

« Je me suis sentie émotionnellement et mentalement plus forte après les sessions de discussion organisées par le projet communautaire Khaibasen. Les réunions du groupe d’appui psycho-social m’ont apporté des connaissances importantes sur mes droits et sur la façon de prendre soin de moi-même », raconte Gan-Gans, 24 ans, qui assiste régulièrement à ces réunions.

Le projet communautaire soutient les femmes et les filles des bidonvilles de Keetmanshoop afin de leur permettre de mieux défendre leurs droits et de traiter des problèmes critiques tels que la santé sexuelle et reproductive, la violence sexiste et les services de prévention, de soins et de traitement anti-VIH.

« Avec l’aide financière et le renforcement des capacités fournis par l’ONUSIDA, nous sommes en mesure d’atteindre les femmes vulnérables dans les bidonvilles de Keetmanshoop », explique Desiree Haman, Coordonnatrice du projet communautaire Khaibasen. Le projet vise à fournir des conseils, une formation et un appui en matière de VIH pour les femmes.

Depuis 2002, l’ONUSIDA a versé de petites subventions à plus de 175 organisations en Namibie, qui exercent des activités catalytiques de prévention et de soins anti-VIH au niveau local. En Namibie, la riposte au VIH dans les communautés des bidonvilles reste financée en majeure partie par les partenaires de développement. Le gouvernement finlandais a fait don de 800.000 euros à l’ONUSIDA pour la mise en œuvre d’actions locales dans le Sud de la Namibie durant cette période. Des mécanismes de surveillance et d’évaluation ont également été mis en place afin de veiller à ce que les fonds soient correctement utilisés pour aider les communautés les plus pauvres et les plus vulnérables.

« L’approche finlandaise du développement, fondée sur les droits de l’Homme, vise à garantir que même les plus pauvres connaissent leurs droits et soient capables de les exercer », explique Anne Saloranta, Chargée d’affaires à l’Ambassade de Finlande en Namibie. « Le développement implique des possibilités plus nombreuses et de meilleure qualité permettant aux gens d’influer sur leur propre vie pour la rendre meilleure ».

En 2011, ce programme (également appelé Small Grant Fund, fonds de petites subventions) a été repositionné de manière à combler une niche stratégique dans le paysage de financement de la lutte contre le VIH en Namibie : apporter des fonds et un appui pour le renforcement des capacités aux organisations communautaires qui tentent de lutter contre la vulnérabilité au VIH des populations marginalisées des bidonvilles des régions de Khomas, Karas et Hardap. L’accent est mis plus particulièrement sur les jeunes femmes et les filles, les personnes handicapées et les personnes vivant avec le VIH.

VIH/SIDA

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