Colloque “Philippe Lakermance” : les nouvelles approches de la maladie d’Alzheimer

Vers un projet réunionnais de prise en charge des patients

30 avril 2004

La maladie d’Alzheimer est un des premiers problèmes de santé dans le monde, touchant les pays dont la population vieillit, et La Réunion n’est pas épargnée. Le colloque “Philippe Lakermance” se veut un acte fondateur de la prise en charge pluridisciplinaire de la maladie d’Alzheimer. Organisé par l’Observatoire du vieillissement cérébral en collaboration avec l’Agence nationale de la formation hospitalière (ANFH), il est ouvert à l’ensemble des professionnels qui accompagnent les personnes âgée atteintes de troubles psycho-comportementaux.

Le colloque “Philippe Lakermance”, sur la prise en charge pluridisciplinaire de la maladie d’Alzheimer se tiendra le mercredi 12 et le jeudi 13 mai au village de Corail à Saint-Gilles. Il rassemblera tous les professionnels, aussi bien les paramédicaux : soignants des hôpitaux, cliniques, institutions gérontologiques..., que les médecins généralistes, neurologues, psychiatres, gériatres, les psychologues, orthophonistes et institutions dont le Conseil général, l’Agence régionale d’hospitalisation, la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales, la Caisse générale de sécurité sociale...
Le colloque porte le nom de Philippe Lakermance, un psychiatre qui a beaucoup œuvré dans le domaine de l’évolution de la prise en charge des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et de démences, et qui est décédé lors d’un accident tragique avant que le colloque, dont il était l’un des instigateurs, puisse voir le jour. Le docteur Pierre Catteau expliquait que le colloque porte son nom "en mémoire de son action et de son influence".
Participeront à ce colloque des spécialistes de renommée internationale comme le neurologue Jacques Touchon, le psychiatre Philippe Robert, le gériatre Dina Zekry et le neuropsychologue Francis Eustache. Pour Pierre Catteau, ce colloque permettra de "faire le point sur la connaissance de la maladie, tant au niveau de l’épidémiologie (nombre de personnes touchées) que de l’instrumentalité : les outils de prise en charge, leur analyse qualitative". Un réseau de prise en charge devrait également être mis en place.

"Affectivité et sécurité"

Le thème du colloque : “La Maladie d’Alzheimer ; nouvelles approches, troubles psycho-comportementaux et démence du sujet âgé” met en exergue que "les nouvelles approches permettent de mieux comprendre les capacités des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer. Si les symbolismes sont déstructurés en puzzle, persiste une grande richesse de la pensée émotionnelle et de la capacité relationnelle. Les nouvelles approchent permettent de proposer à chaque stade de la maladie, une prise en charge et un environnement garants de la dignité de la personne". Pierre Catteau donnait deux maîtres mots de la prise en charge : "affectivité et sécurité", notions exprimées dans la formule inscrite sur l’affiche du colloque : "Je ne sais plus qui tu es ; je ne sais plus qui je suis, mais je sais ce que j’aime".
Pour Gérard Payet, directeur de l’ANFH, "c’est une opportunité d’offrir une formation commune aux médecins et aux personnels soignants. Ce colloque devrait initier un type d’action plus spécifique du programme de formation mettant en commun la formation médicale et paramédicale". Pierre Catteau soulignait lui aussi l’unité d’action de l’ensemble des professionnels et des aidants rassemblés dans un but de santé publique.
Le psychiatre Gérard D’Abbadie témoignait pour sa part que "le psychiatre joue un rôle important dans la détection de la maladie. Il a un rôle de pistage important car certains états dépressifs peuvent être proches de la maladie et il faut éviter les errances". Il ajoutait que "la famille souvent garde une vision péjorative de l’évolution de la maladie, or un diagnostic précoce permet de lutter contre cette évolution et d’améliorer la conduite sociale de manière spectaculaire".

Rencontres professionnelles et publiques

Suzelle Lebihan, présidente de Réunion-Alzheimer, indiquait que ce colloque ouvert aux professionnels profitera aux familles. Les intervenants extérieurs seront présents pour une rencontre grand public à Saint-Pierre, le mercredi 12 mai à la salle Lucet Langenier à 18 heures 30, sur le thème de la prise en charge de la maladie. C’est une première conférence dans le Sud sur ce sujet.
L’aspect juridique complétera les approches médicales avec la participation d’un magistrat Philippe Mao, premier président de la Cour d’appel, qui interviendra sur la prise en charge éthique de la maladie d’Alzheimer lors d’une conférence intitulée "Entre conscience et démence, quelles protections juridiques ?". La conférence se tiendra le jeudi 13 mai à partir de 14 heures au Village Corail.
Suzelle Lebihan, quant à elle, fait ressortir l’importance de ce colloque car "face à la maladie d’Alzheimer, dès le départ, on ressent le besoin de comprendre, le besoin d’information. La famille est trop seule, nous devons fédérer toutes les forces pour que la famille se trouve entourée et souffre moins de cette solitude. Il faut une action coordonnée pour un soutien permanent".

Un manque cruel d’Unités de vie Alzheimer

La mise en place d’une approche pluridisciplinaire permet d’appréhender la personne malade dans son ensemble, de trouver à chaque stade évolutif de la maladie une prise en charge et un environnement adéquat, garant du respect de sa dignité.
Selon les organisateurs, en l’absence pour l’instant d’un diagnostic précis, l’état de déficit cognitif de type Alzheimer frapperait plus de 2.000 personnes âgées à La Réunion. Les spécialistes pensent que 30 à 50% des cas échappent encore à ce diagnostic, notamment par fatalisme combiné de la famille et du médecin généraliste face aux troubles amnésiques de la grande vieillesse et face aux troubles psycho-comportementaux de cette maladie.
Tous les organisateurs du colloque se rejoignent pour dire : "La personne atteinte de la maladie d’Alzheimer doit bénéficier essentiellement d’affectivité et de sécurité. La prise en charge affective est en idéal réalisée dans le milieu familial. Mais à un certain stade d’évolution de la maladie, les troubles psycho-comportementaux sont tellement sévères que, pour ne pas mettre en péril l’équilibre de la famille, il devient indispensable de réaliser cette prise en charge dans les Unités spécialisées, les Unités de vie Alzheimer".
L’île ne compte que trois établissements qui proposent une formule relais, un accueil de jour, un accueil temporaire. Leur fonctionnement n’est pas satisfaisant, il leur manque la moitié du personnel nécessaire.
C’est pourquoi les organisateurs du colloque misent beaucoup sur la table ronde finale, sous la présidence d’Antoine Perrin, le directeur de l’Agence régionale de l’hospitalisation. Pierre Catteau insiste : "Il faut dès maintenant être dans le pratique". Les professionnels revendiquent "un droit à la créativité et à l’expérimentation dans le contexte réunionnais de la prise en charge pluridisciplinaire". C’est l’objet de la table ronde : “L’existant à La Réunion ; comment optimiser le réseau de prise en charge ?”
La Réunion pourra profiter de ce colloque pour s’inspirer des modèles québécois, suisses, danois, pour inventer une plate-forme réunionnaise de prise en charge de la maladie qui soit réalisable dans les meilleurs délais.

Eiffel


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