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Libre opinion
3 avril 2023, par
Par André Oraison, Professeur des Universités, Juriste et Politologue
À La Réunion, certaines personnes évoquent parfois la théorie du grand remplacement et, plus souvent encore, la thèse de la préférence régionale : deux concepts sulfureux formulés pour fustiger l’arrivée jugée envahissante de Métropolitains ou Zoreils dans l’espace pourtant multiculturel réunionnais. Mais que faut-il entendre par Zoreil [1] ? On peut définir le Zoreil comme un Européen qui n’est pas né à La Réunion, par opposition aux Réunionnais fortement métissés et venus d’horizons divers : Cafres, Chinois, Comoriens, Créoles blancs, Malabars, Malgaches, Mahorais ou Zarabes.
Le vocable Zoreil ne laisse pas indifférent et il est même urticant pour certains Réunionnais qui n’hésitent pas à simplifier en mettant tous les Métropolitains dans le même panier et en les assimilant à des néocolonialistes qu’il faut stigmatiser au cri éliminatoire de « Zoreil deor ». Mais la réalité n’est-elle pas plus complexe qu’il n’y paraît ? Pour notre ami Guy Pignolet, les Zoreils ne forment certainement pas un bloc monolithique. Dans un courriel daté du 6 décembre 2021, cette éminente personnalité de La Réunion me fait remarquer qu’il serait judicieux d’établir le départ entre les Zoreils-Métropolitains ou Zoreils-Zoreils et les Zoreils-Réunionnais, encore appelés par les Créoles les Zoreils-Péi.
Le Zoreil-Zoreil est défini comme un Européen et le plus souvent comme un Métropolitain qui, pour des raisons généralement professionnelles, s’installe à La Réunion pour quelques mois ou quelques années tout en songeant toujours à revenir dans sa province natale dont il a une profonde nostalgie. Il s’agit au demeurant d’un sentiment respectable : il est normal de ne pas oublier son lieu de naissance, ses racines et l’endroit où l’on a vécu une partie de son existence et notamment sa jeunesse. À La Réunion, le Zoreil-Zoreil n’est certainement pas un étranger en raison du statut de « département français » attribué à La Réunion par la loi du 19 mars 1946. Mais c’est un Français qui reste avant tout dans son cœur un Métropolitain, quelle que soit la durée de son séjour dans l’ancienne île Bourbon. Concrètement, le Zoreil-Zoreil est celui qui entend rester un Alsacien, un Basque, un Breton, un Corse, un Languedocien, un Lyonnais, un Marseillais, un Normand, un Parisien, un Picard ou un Provençal.
Le Zoreil-Réunionnais ou Zoreil-Péi est celui qui a décidé de s’installer à La Réunion de manière définitive pour des raisons multiples : professionnelles mais aussi familiales et sentimentales. C’est un Métropolitain qui cherche à adopter le mode de vie des Réunionnais. Pour le Zoreil-Péi, La Réunion n’est pas la terre d’un exil forcé mais son pays, un pays qu’il aime et défend avec la même conviction que les Réunionnais de souche. Ainsi, Guy Pignolet — un savant que nous rangeons sans conteste dans la catégorie des Zoreils-Pei [2] — donne au passage un intéressant exemple lorsqu’il déclare qu’on distingue aisément les Zoreils « à la manière dont ils parlent de leurs origines : les Zoreils-Zoreils disent qu’ils sont de Carpentras tandis que les Zoreils-Réunionnais disent qu’ils viennent de Carpentras ». On peut bien sûr avaliser ce constat, au demeurant fort subtil. Mais un tel constat ne nous empêche nullement, dans une conception œcuménique, de contester le clivage binaire entre le Zoreil-Zoreil et le Zoreil-Pei.
Je m’interroge : moi qui suis né en Tunisie le 4 octobre 1941 et habite à La Réunion depuis 1967 ne suis-je pas tout simplement un Réunionnais, au même titre que Paul Vergès [3], le fondateur du Parti communiste réunionnais (PCR), né lui aussi à l’étranger en Thaïlande le 5 mars 1925 et qui, pendant plusieurs décennies, a animé la vie politique locale et proposé — à la suite de la révision constitutionnelle du 28 mars 2003 — une série de réformes crédibles en droit et nécessaires en fait pour La Réunion [4] ?
Pour répondre à cette question, je suis convaincu qu’il faut récuser le départ certes original mais discriminatoire entre les Zoreils-Zoreils qui seraient condamnables et les Zoreils-pei qui seraient convenables. Pour défendre une conception généreuse et libérale dans la « société arc-en-ciel » qu’incarne La Réunion depuis l’abolition définitive de l’esclavage le 20 décembre 1848, je reviens à ma première approche en m’appuyant sur la définition du Réunionnais émanant d’un Réunionnais de souche en la personne de Jean-Claude Fruteau. Dans une série d’interviews de personnalités politiques et syndicales publiées le 14 mars 2012 dans la presse locale, l’ancien député-maire socialiste de Saint-Benoît a donné du Réunionnais une définition non alambiquée et qui devrait, par suite, être admise par toutes les personnes de bonne foi. Rédigée dans un style laconique, voici cette définition que je fais mienne : « Un Réunionnais, c’est quelqu’un qui vit à La Réunion, quel que soit son lieu de naissance » [5].
Pour consolider ma religion dans le cadre d’une conception universaliste, je me réfère également à l’opinion d’une figure désormais incontournable de la vie politique locale en la personne de Bernard Grondin qui a été élu chef du Gouvernement de « l’État réunionnais » par une poignée de militants nationalistes, le 5 novembre 2017. Au cours d’une habile interview réalisée par le journaliste David Chassagne, cette personnalité anticolonialiste et sécessionniste a en effet défini en des termes particulièrement bien frappés ce qui me paraît être le véritable critère de l’authentique Réunionnais et cela, sans avoir à faire une référence explicite à la catégorie spécifique des Métropolitains ou Zoreils :
« Pour moi, en tant qu’indépendantiste, il y a une définition identitaire. Si out papa et out maman lé Réunionnais, ou lé Réunionnais. Si seulement un des deux parents est Réunionnais, ou lé Réunionnais. Si ou lé né en France et out parent lé Réunionnais, ou lé Réunionnais. Maintenant, si tu viens d’ailleurs et que tu habites La Réunion depuis longtemps (ou pas trop longtemps) et que ou vive en Réunionnais, ou lé Réunionnais aussi. Nou lé pas dans l’exclusion ! Le Réunionnais que l’a arrivé il y a 300 ans ou 200 ans ou moins, si i vive en Réunionnais, lé aussi Réunionnais que mwin » [6].
En guise d’ultime réflexion, je reprends à mon compte le beau slogan du regretté Laurent Vergès, fils de Paul Vergès et qui fut — comme son père — député du PCR. Plus encore, j’adhère au cri du cœur de toute personne qui aspire à être accueillie et reconnue dignement dans cette belle île de La Réunion, quelle que soit son appartenance ethnique, sa religion, la couleur de sa peau ou son lieu de naissance : « Mi di zot tout : Nou lé pa plis, nou lé pa mwin, respekt a nou ! ».
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Messages
3 avril 2023, 09:43, par Maillot joseph Luçay
Comme les normands sont des français de Normandie et les bretons sont des français de Bretagne etcet.... il nous suffit de dire que nous les Réunionnais , nous sommes les français de la Réunion et plus largement des français d’outre mer . Et quand nous allons habiter en France nous devenons des français de la Région où nous habitons de la même manière que les français de Bretagne de Normandie ou des Alpes qui viennent s’installer chez nous pour y vivre deviennent des français de la Réunion .
La Réunion est une terre française depuis que la France en a pris possession en 1643 et ceux qui y vivent de manière permanente depuis cette date sont en principe des français s’ils n’ont pas une autre nationalité qui prime sur la nationalité française , car l’étranger qui vient vivre en France reste un étranger tant qu’il na pas obtenu la nationalité française par décision des autorités françaises compétentes pour l’attribuer .
Qu’il y ait une certaine xénophobie de la part des réunionnais à l’égard de ceux qui viennent d’ailleurs c’est un peu normal . C’est une réaction que rencontre les gens qui émigrent et vont s’installer ailleurs . Mais elle disparait lorsque les nouveaux venus se sont intégrés dans la population et font tout pour se faire intégrer . Cependant lorsque les migrants refusent de s’intégrer , il est normal qu’ils fassent naitre à leur égard un sentiment de rejet de la part des autochtones pour ne pas dire des indigènes .
C’est peut être à ce niveau que se situe la différenciation entre les zoreils et les créoles à l’île de la Réunion. Mais si cette différenciation perdure il y aura toujours un problème si les gens venus d’ailleurs viennent pour dominer les population locales , prendre les meilleures places et s’octroyer des privilèges , bref se comporter comme des colons, grands ou petits et agir comme si les habitants du pays étaient leurs esclaves . Cette situation sera toujours mal vécue par les réunionnais déjà installés depuis plusieurs générations et il y aura toujours un risque de confrontation , d’explosion sociale qui pourrait prendre le caractère d’un mouvement indépendantiste ou sécessioniste s’il est soutenu par des hommes et des femmes politiques .
L’esclavage a été aboli depuis longtemps , mais il peut renaitre sous des formes un peu plus sournoises dans les quelles la distinction entre les maitres et les esclaves n’est pas évidente , mais est suffisamment forte pour déboucher sur une révolte .
Pourquoi après plus de 70 ans après la transformation de notre île de la réunion en département département d’outre mer , beaucoup de réunionnais ont toujours le sentiment de vivre dans une colonie française principalement sous l’autorité des zoreils . Certes il faut du temps pour changer les choses , mais quand même 70 ans c’est beaucoup .Les réunionnais doivent être des français comme les autres français de Normandie de bretagne et des autres régions de la France . S’ils ne le sont pas au bout de 70 ans il faut y remédier rapidement avant qu’il ne soit trop tard .
3 avril 2023, 22:13, par julie
« en m’appuyant sur la définition du Réunionnais émanant d’un Réunionnais de souche en la personne de Jean-Claude Fruteau.(…) voici cette définition que je fais mienne : « Un Réunionnais, c’est quelqu’un qui vit à La Réunion, quel que soit son lieu de naissance ».
Siche ! Donc sur cette définition on dira qu’un Français c’est quelqu’un qui vit en France, quel que soit son lieu de naissance ». Vraiment chouette, mais on se demande pourquoi alors il y a autant de reconduites aux frontières ? Cette définition est aussi valable pour Mayotte et les comoriens qui y viennent j’imagine. Il Faudrait proposer cette définition à l’Etat français.
5 avril 2023, 07:05, par Maillot joseph Luçay
Madame Julie
Celui qui vit sur un territoire Français , que ce soit en métropole ou en outre mer n’est pas forcément français , car pour être français il faut aussi avoir la nationalité française . Et il faut savoir que le fait de vivre en France ne donne pas automatiquement la nationalité française . Les étrangers qui viennent vivre en France doivent répondre à certaines conditions pour obtenir la nationalité française ,et ceux qui sont reconduits à la frontière ou renvoyés chez eux sont en principe ceux qui ne répondent pas à ces conditions.
Il y a aussi le cas des étrangers qui ont obtenu la nationalité française, mais qui peuvent la perdre par décision de la justice suite à des actes criminels contre la France et ses intérêts .
La Réunion est soumise au droit Français et il ne faut pas s’étonner que les étrangers qui viennent vivre chez nous mais qui se comportent mal et ne respectent pas nos lois soient expulsés et renvoyés chez eux .
31 juillet 2023, 09:57, par oscar dudule
Sur l’origine du mot zoreil, j’ai entendu 2 autres versions.
1)Une version horrible lorsqu’un esclave marron était pris ; il est arrivée que le maître lui fasse couper une oreille.
2) d’après une autre personne ; cela serait plusieurs déformations de langage.
les arrivants étaient les gens du roi, devenu" les gens de rei, puis d’oreil , enfin zoreil.
Bien sûr je ne prends pas position ; j’en suis incapable. je pense qu’en fait, personne n’en sait rien.
1er août 2023, 08:12, par Maillot Joseph Luçay
l’origine du mot zoreille qui est utilisé à la Réunion pour désigner une personne de race blanche arrivée récemment dans l’ile remonte probablement aux début de la colonisation . Ce mot était probablement prononcé par les esclaves qui parlaient entre eux pour signaler qu’il y avait des oreilles indiscrètes qui pourraient les entendre lorsque leur maitre ou quelqu’un envoyé par lui s’approchait d’eux . Le mot zoreille désignait alors le blanc qui voulait entendre les esclaves qui pouvaient fomenter des projets malveillants contre lui ou qui organisaient leur fuite ou plutôt leur marronage .
Actuellement on distingue le créole blanc du zoreille . Le créole blanc représente les blancs qui sont issus de famille qui se sont installées à la Réunion depuis plusieurs génération , tandis que le zoreille représente le blanc qui vient d’arriver . S’il demeure longtemps à la Réunion , et s’intègre à la population réunionnaise le zoreille deviendra un zoréole et ses enfants nés à la Réunion seront des créoles blancs tant qu’ils vivront à la Réunion .
ça vaut ce que ça vaut , mais c’est une explication comme une une autre .