
La Plateforme réunionnaise transmet au chef de l’Etat un nouveau manifeste
23 avrilAu cours d’un entretien dans la soirée du 22 avrils entre le Président de la République, Emmanuel Macron et la maire de Saint-Denis, Éricka (…)
Un article d’André Oraison, Professeur des Universités, juriste et politologue
21 novembre 2016, par
« Depuis mon arrivée à l’Université de La Réunion en 1967 et au cours des cinquante années écoulées, j’ai eu l’occasion de rencontrer à plusieurs reprises Paul Vergès en ma qualité de professeur de droit public et de science politique. Dans des conférences et dans la presse locale [1], j’ai été conduit à louer le dynamisme et la clairvoyance d’un homme politique exceptionnel. En tant que juriste et politologue, j’ai eu également l’opportunité d’analyser sous un angle critique, dans des revues scientifiques, certains de ses objectifs ainsi que les moyens envisagés pour les atteindre. »
Intellectuel, journaliste engagé, fondateur du PCR en 1959, chef de parti charismatique, fin stratège, militant anticolonialiste et anti-impérialiste, défenseur de l’égalité sociale, tribun passionné et parfois rebelle et même clandestin (de 1964 à 1966), Paul Vergès a été un professionnel de la politique et occupé, à ce titre, tous les postes imaginables. Il fut, tour à tour, député à l’Assemblée nationale de 1956 à 1958, maire du Port de la Pointe des Galets de 1971 à 1989, président du conseil régional de La Réunion de 1998 à 2010, député européen de 2004 à 2007 et enfin sénateur depuis 2011 jusqu’à son décès à 91 ans, le 12 novembre dernier. C’est dire que l’homme à qui nous rendons hommage est une personnalité à plusieurs facettes et aux multiples talents. Paul Vergès n’était jamais résigné et il était même infatigable. C’est un fait qu’il n’a jamais pris sa retraite. Il est mort, en quelque sorte, en service commandé et au service de son pays. C’est tout bénéfice pour les Réunionnais.
Une autre remarque s’impose pour résumer ce que fut et restera dans l’histoire de La Réunion Paul Vergès : comme le Général de Gaulle, il visait « haut » et voyait « loin ». Né en Thaïlande le 5 mars 1925, il fut un gaulliste d’action, patriote et résistant au cours de la Seconde Guerre mondiale en s’engageant à l’âge de 17 ans (de 1942 à 1945) dans les Forces Françaises Libres afin de restaurer l’indépendance de la France. Contrairement à beaucoup d’élus contemporains, des politiciens qui ne pensent le plus souvent qu’aux prochaines élections, Paul Vergès avait une autre dimension : il a été un homme d’État, un visionnaire extraordinaire qui, tel un prophète laïc – il était athée – réfléchissait toujours aux prochaines générations : pour lui, tout devait être entrepris pour accroître la responsabilité des Réunionnais au plan institutionnel, parvenir à l’autonomie énergétique de La Réunion, renforcer la coopération tous azimuts entre les pays membres de la Commission de l’océan Indien, lutter contre les dérèglements climatiques et la montée des eaux qui menacent les îles de l’océan Afro-asiatique et assurer la sauvegarde de leur environnement terrestre et marin, aujourd’hui gravement menacé.
À tous égards et pendant 60 ans, Paul Vergès a été le premier élève de la classe politique à La Réunion et était certainement conscient – comme ses partisans – de sa prééminence, d’où le culte de la personnalité que ses adversaires, de droite comme de gauche, lui ont parfois prêté. Ce qui est sûr, c’est qu’il était toujours, de par son intelligence et son tempérament, en avance sur son temps et, de ce fait, connu et reconnu au plan national comme à l’étranger et d’abord dans tous les États de l’Indianocéanie. En un mot, Paul Vergès a été pour La Réunion ce qu’Aimé Césaire a été pour la Martinique et les Antilles : la « clé de voûte » et à ce titre-là – qu’on le veuille ou non – il est et demeure unique.
Certes, dans ses divers mandats électifs, Paul Vergès – comme tous les grands hommes politiques – a parfois rencontré des difficultés et connu des échecs ainsi que l’incompréhension de ses compatriotes. Nous pensons notamment au concept ambitieux mais ambigu d’« autonomie démocratique et populaire » au sein de la République française qu’il n’a pas réussi à faire admettre aux Réunionnais entre 1959 et 1981 [2]. Nous pensons également à la renaissance ou seconde naissance du rail et au projet de « train-tram » qui devait faire entrer les transports publics de La Réunion dans une ère nouvelle, résolument orientée vers l’écologie. Pourtant, tous ses combats – même ceux qui ont été perdus – ont étés nobles et paradoxalement salutaires. Faut-il ici rappeler que Paul Vergès s’est battu courageusement avec succès pour le triomphe de la démocratie, l’état de droit et la bonne gouvernance dans les années « 50 », « 60 » et « 70 » en dénonçant, pêle-mêle, la fraude électorale massive et la partialité de la presse écrite, de la radio et de la télévision à une époque où les médias étaient entre les mains de l’État ou de groupes privés favorables aux idées d’une droite locale ultraconservatrice. Si La Réunion n’est plus une « île bananière », si on peut aujourd’hui s’exprimer librement dans les médias locaux et en être fier, nous le devons en grande partie à lui, au péril de sa liberté, au PCR et au journal « Témoignages » fondé le 5 mai 1944 par son père, le Docteur Raymond Vergès.
Paul Vergès a aussi combattu avec fougue pour la reconnaissance du patrimoine culturel immatériel exceptionnel qui est celui de La Réunion en militant pour l’enseignement de l’histoire de l’île « arc-en-ciel » ainsi que pour la pratique de la langue créole et du maloya. En sa qualité de maire du Port entre 1971 et 1989, il a contribué à l’éradication des bidonvilles et la végétalisation de la cité portuaire, transformant ainsi en deux décennies – tel un magicien – un désert de pierres en une oasis verdoyante. La route des Tamarins qui fait aujourd’hui l’unanimité dans l’opinion publique est aussi à mettre à son actif. Qui pourrait ne pas être admiratif pour l’œuvre accomplie ?
À la fin de sa vie, Paul Vergès a été témoin de défections importantes qui ont affaibli le parti qu’il avait créé en 1959. Certes, une page importante de l’histoire de La Réunion a été tournée le 15 novembre 2016 avec les émouvantes funérailles offertes à Paul Vergès au cimetière paysager du Port où reposent déjà son épouse Laurence, décédée en 2012, et son fils Laurent, tué sur la route du Littoral en 1988. Cependant, les idées de Paul Vergès demeurent au cœur humain toujours vivaces.
Dès lors, une question surgit. Qui poursuivra son œuvre ? La réponse à cette problématique est entre les mains de ceux, qui dans les différents palettes de la gauche réunionnaise, revendiquent une part de l’héritage de Paul Vergès. Cette réponse nous paraît décisive dans le domaine des réformes structurelles qui s’imposent en priorité, compte tenu de la crise économique et sociale sans précédent que connaît le département français des Mascareignes. Pour sa part, le PCR a fait savoir qu’il se prononcera sur cette question à l’occasion d’un congrès extraordinaire, fixé en janvier 2017.
Une gauche prospective, responsable et solidaire a pour obligation de continuer le dernier grand combat de Paul Vergès. Faut-il ici rappeler que La Réunion a connu deux étapes fondamentales, à tous égards bénéfiques pour l’épanouissement du peuple réunionnais : l’étape de la liberté marquée par la suppression de l’esclavage le 20 décembre 1848 et celle de l’égalité obtenue avec la loi de décolonisation du 19 mars 1946 ? Depuis 1959, Paul Vergès nous invite à aller plus loin et souhaite que toutes les énergies soient désormais mobilisées pour permettre à La Réunion de franchir un troisième palier : celui de la responsabilité des Réunionnais par le renforcement de la décentralisation. Après son combat pour l’autonomie réunionnaise, Paul Vergès est devenu – faut-il le souligner ? – le champion de la régionalisation, dès l’arrivée de François Mitterrand à la présidence de la République le 10 mai 1981.
Au soir de sa vie, le sénateur Paul Vergès a en quelque sorte fixé la « feuille de route » pour tous ceux qui veulent lui être fidèle et lui emboiter le pas. L’objectif de la responsabilité des Réunionnais est en effet subordonnée à trois réformes institutionnelles, au demeurant connexes. Mentionnons ici, en priorité, la création dans la région monodépartementale de La Réunion de l’instance du congrès des élus départementaux et régionaux en tant qu’entité compétente pour proposer les réformes statutaires qui s’imposent à La Réunion. Il faut également et surtout mentionner la fusion du département et de la région de La Réunion ainsi que la suppression de l’alinéa 5 de l’article 73 de Constitution.
Faut-il rappeler que la Guyane et la Martinique sont déjà dotées, en droit, d’une collectivité territoriale unique depuis le 1er janvier 2016 ? Afin d’agir avec plus d’efficacité et de visibilité, La Réunion devrait s’engager sur la même voie en application de l’alinéa 7 de l’article 73 de la Constitution qui fixe le nouveau statut des départements et des régions d’outre-mer. C’est le point de vue exprimé au Palais du Luxembourg dès le 4 octobre 2012 par Paul Vergès, à l’occasion des États généraux de la Démocratie territoriale. Après avoir constaté que La Réunion est une région monodépartementale depuis l’adoption de la loi de décentralisation du 31 décembre 1982 avec tous les effets négatifs que ce statut comporte, le sénateur communiste déclare que, dans l’intérêt bien compris de La Réunion, « il nous faut donc faire comme en Martinique et en Guyane, qui ont opté pour une collectivité territoriale unique ».
De même, le sénateur Paul Vergès a toujours considéré l’alinéa 5 de l’article 73 comme une hérésie constitutionnelle. Adopté par le Parlement après moultes péripéties et malgré la désapprobation affichée par Brigitte Girardin, alors ministre en charge des Outre-mer, l’amendement « 85 » s’est traduit par une exception ciblée, très importante et surtout injustifiée au regard du droit commun des DOM avec l’adoption de l’alinéa 5 de l’article 73 de la Constitution qui empêche La Réunion d’exercer un pouvoir législatif et règlementaire par habilitation, selon le cas, du Parlement ou du Gouvernement dans une série de domaines stratégiques comme l’énergie, l’enseignement, la culture, la fiscalité, les transports, la protection de l’environnement et – c’est aujourd’hui la priorité des priorités – l’emploi des jeunes actifs. Pour Paul Vergès, l’alinéa 5 de l’article 73 de la Constitution n’aurait jamais dû être voté par le Parlement dans la mesure où cette disposition vise à pétrifier ad vitam æternam, contre la logique et le bon sens, le statut départemental dans le seul département d’outre-mer de La Réunion et empêcher, par suite, les Réunionnais d’atteindre l’étape pourtant cruciale et ultime de la responsabilité au sein de la République.
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