Faire respecter notre identité réunionnaise dans l’Europe

De 1957 à 2013 : la bataille continue

27 mai 2010, par Manuel Marchal

Avant l’élection de Paul Vergès au Parlement européen en 1979, l’intégration de La Réunion au Marché commun de la CEE coûtait bien plus à La Réunion qu’elle rapportait. Des décennies de luttes vont aboutir à la reconnaissance progressive au sein d’une Europe toujours plus puissante de nos spécificités. C’est aujourd’hui Élie Hoarau qui est la pointe avancée de ce combat. À Bruxelles et à Strasbourg, le député réunionnais lutte quotidiennement pour que nos intérêts soient pris en compte dans la mondialisation.

Onze ans après l’abolition du statut colonial à La Réunion, c’est la signature du Traité de Rome qui crée la Commission économique européenne. Mais pendant des décennies, les spécificités de notre île n’ont pas été reconnues. La mise en concurrence de notre industrie de pays sortant de la colonisation avec les grandes sociétés européennes va provoquer la suppression de milliers d’emplois. La réforme structurelle de la filière canne lancée au prétexte d’une plus grande intégration dans l’économie européenne a ruiné des dizaines de milliers de travailleurs.
Les rapports d’experts se succèdent, et ils confirment l’analyse exprimée depuis 1959 par le Parti communiste réunionnais. L’application mécanique à notre île de lois mises en œuvre en fonction d’une réalité différente a des effets qui peuvent être différents de ceux escomptés par les initiateurs.
En 1979, 22 ans après la signature du Traité de Rome, c’est la première élection au suffrage universel direct des députés au Parlement européen. Paul Vergès est élu, c’est le point de départ de l’action visant à porter au cœur des institutions européennes la reconnaissance des spécificités de La Réunion.
Cela aboutit à la visite d’une délégation de parlementaires dans notre île en 1985. L’adoption ensuite du rapport Ligios par le Parlement européen ouvrait la voie à une dynamique de progrès. C’est tout d’abord le lancement de programmes de développement spécifiques, prenant en compte notre éloignement du marché européen, notre insularité et les retards accumulés en lien avec plus de trois siècles de colonisation. Puis c’est la reconnaissance juridique de cette spécificité avec la rédaction d’un article spécifique dans le traité signé à Amsterdam en 1997, qui entre en vigueur le 1er janvier 1999.
Malgré un contexte marqué par l’élargissement de l’Union européenne à 27 pays comprenant de nombreuses régions ayant un PIB par habitant inférieur à celui de La Réunion, cet article spécifique est maintenu dans le Traité de Lisbonne qui fixe dorénavant les règles de fonctionnement de l’Union européenne.
Mais avec l’accentuation de la crise économique en Europe, la question des RUP est au cœur du débat. Les 24 États qui ne sont pas concernés par les RUP vont-ils continuer à accepter que des fonds spécifiques soient consacrés à des régions intégrées à des pays d’Europe occidentale ?
C’est tout l’enjeu de la période que nous vivons actuellement. C’est en effet dans le prochain budget européen qui courra de 2013 à 2019 que seront traduites les orientations politiques qui se décident maintenant.
Les États européens seront-ils décidés à prendre en compte toutes les richesses que l’Outre-mer peut apporter à l’Europe dans des domaines aussi essentiels que l’étude du changement climatique, l’expérimentation de stratégies d’adaptation à ce phénomène ou l’emplacement stratégique occupés par ces RUP dans une économie toujours plus mondialisée ?

Manuel Marchal

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