Intervention de Pascale David au Rassemblement pour la Paix organisé le 6 mars à Saint-Denis

« La paix pour le Donbass et pour l’Ukraine ! »

8 mars 2022, par Pascale David

Lors du rassemblement pour la Paix organisé ce 6 mars par le Mouvement réunionnais pour la Paix, Pascale David est intervenue pour rappeler la situation de la population du Donbass. Victimes de bombardements continus depuis 2014 en raison de la violation des accords de Minsk principalement par l’armée ukrainienne, les civils vivant dans les Républiques de Donestk et de Lougansk continuent d’être victimes de la guerre. Par exemple, « environ 700.000 personnes vivent aujourd’hui dans les ruines de Donetsk. Depuis juillet 2014, les enfants ukrainiens de l’Est vivent dans des caves. Parfois sans électricité, sans eau potable. »

Au Donbass, la guerre dure depuis 8 ans, en raison des violations des Accords de Minsk principalement par l’armée ukrainienne.

Le Donbass est une région d’environ 20.000 km2 regroupant les oblasts de Donetsk et de Lougansk, où vivaient avant le conflit près de 5 millions d’Ukrainiens très majoritairement russophones. Le Donbass a été rattaché à l’Ukraine en 1922, au moment de la création des Républiques socialistes soviétiques. Un peu plus de trente ans avant la Crimée (1954).
En très résumé, c’est ce que nous apprennent la géographie et l’histoire.

Pourquoi parler du Donbass aujourd’hui ?

• D’abord parce que c’est le grand absent des « infox » données sur le conflit russo-ukrainien actuel ; et je dis « infox » parce que le fait de passer sous silence que le Donbass est en guerre depuis 8 ans, biaise considérablement la compréhension des événements.
Depuis 2014, la moitié de l’armée ukrainienne – soit 125.000 hommes – est dans le Donbass et les habitants de cette région subissent presque quotidiennement les conséquences des échanges de tirs avec les unités armées des Républiques de Donetsk et de Lugansk – non reconnues par l’ONU, qui ne traite qu’avec des Nations. (je reviendrai sur ces conséquences pour la population ukrainienne de ces régions).

• Ensuite parce que depuis le début du mois de décembre 2021 – date d’une rencontre avortée entre Sergeï Lavrov et Antony Blinken (respectivement ministre des AE russe et américain), dans le cadre d’une réunion de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) à Stockhom – les observateurs de Paix ont su que toute solution diplomatique de règlement de ce conflit semblait définitivement bloquée. Rappelons que l’OSCE, censée superviser le « cessez-le-feu » dans le Donbass inscrit aux accords de Minsk, n’a surtout cessé d’en observer la violation depuis 8 ans. Le 18 février dernier encore, l’OSCE établissait une carte de ces violations, principalement par l’armée ukrainienne.

« Nos enfants iront à l’école et à la garderie, leurs enfants resteront dans les caves ! », affirmait le président ukrainien élu en 2014

Le Donbass est donc le lieu d’un conflit « confiné » mais, comme a pu le dire un ancien militaire français, témoin et acteur des combats au Donbass : (un conflit) « inscrit dans une géostratégie atlantiste de préemption des territoires jusqu’aux frontières de la Russie » ; il a également parlé d’une « réactivation violente de la stratégie américaine du containment ». Dans la visée américaine, cette stratégie a entretenu après 1991 le fantasme selon lequel « la Russie serait beaucoup plus facile à manier si on la divisait en trois parties ». Le Donbass est aussi le « point aveugle » des élites ukrainiennes et européennes. Personne n’a réagi lorsque l’oligarque (homme d’affaire) ukrainien Pietro Porochenko, élu président en mai 2014, a tenu en décembre de la même année ces propos glaçants :

« Nous aurons du travail et eux, non ! Nous aurons les retraites et eux, non ! Nous aurons des avantages pour les retraités et les enfants, eux non ! Nos enfants iront à l’école et à la garderie, leurs enfants resteront dans les caves ! Parce qu’ils ne savent rien faire ! C’est comme ça, précisément comme ça, que nous gagnerons la guerre. »

« L’horreur au quotidien pour de très nombreuses familles »

Ainsi, le même ex-officier français présent sur l’actuelle ligne de front peut dire que « La Russie n’a pas commencé la guerre ; la Russie a engagé des opérations militaires pour terminer une guerre qui a commencé en 2014, à l’initiative de l’Ukraine, contre l’une de ses populations, à l’Est du pays, qui refusait (…) son ostracisation identitaire. »
On peut blâmer l’expansionnisme de la Fédération de Russie, si l’on a l’honnêteté de voir aussi que les élites ukrainiennes se sont enfermées dans un comportement de forcené, en tant que « bras armé » d’une superpuissance américaine qui, après avoir fermé toutes les portes diplomatiques, n’a cessé de souffler sur les braises, pour étendre sa zone d’influence et de contrôle ; et co-latéralement pour semer le chaos en Europe.

Dans le quartier nord de Donetsk (actuellement), détruit à 60 % par l’armée ukrainienne, c’est l’horreur au quotidien pour de très nombreuses familles qui sont restées sur place – environ 700.000 personnes vivent aujourd’hui dans les ruines de Donetsk. Depuis juillet 2014, les enfants ukrainiens de l’Est vivent dans des caves. Parfois sans électricité, sans eau potable. Huit ans ! Pour un adolescent, c’est une jeunesse gâchée ; pour un enfant, cela peut être des traumatismes dont il mettra des années à se relever.

ALORS OUI, IL FAUT LA PAIX POUR LE DONBASS ET POUR L’UKRAINE !

Et compte tenu de la nature de ce conflit, compte tenu du fait que l’Ukraine n’a pas pu, pas su ou voulu faire respecter le cessez-le-feu depuis huit ans, l’horizon de ce cessez-le-feu est aujourd’hui dans les mains de l’armée russe. En 2008, entre les deux “révolutions de couleur”, ceux qui redoutaient à juste titre une escalade militaire, engageaient les Ukrainiens à se tenir dans une posture de neutralité, à égale distance des Russes et de l’OTAN.

CETTE VOIE EST-ELLE ENCORE D’ACTUALITÉ ?

La solution de Paix radicale serait bien sûr la dissolution de l’OTAN… mais cela ne fera pas partie des négociations à venir. Les Ukrainiens du Donbass comme ceux de Crimée, aujourd’hui, NE VEULENT PLUS ENTENDRE PARLER DE L’UKRAINE !

Mais pour les peuples du monde, pour nous qui ne sommes pas partie prenante dans ce conflit, qui NE DEVONS PAS L’ÊTRE : la voie de la neutralité, la voie de l’écoute de toutes les parties – et pas seulement des élites de Kiev – est celle que NOUS POUVONS ET NOUS DEVONS ENCOURAGER NOS GOUVERNANTS À SUIVRE.

Pascale David

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Messages

  • Je viens de lire cet article titré " La paix pour le Donbass et pour l’Ukraine ! "

    En effet, avant le déclenchement de ces " opérations militaires " en Ukraine décidées le 24 février par les instances dirigeantes de la Fédération de Russie, très peu de médias en France nous ont rappelé durant les 8 ans écoulés depuis 2014 que le Donbass a été constamment en guerre, ceci par suite essentiellement, semble-t-il, d’un non respect des accords de Minsk par l’État ukrainien.

    En France, nos médias depuis le 24 février nous présentent cette guerre comme étant apparue subitement.

    Quand je lis dans l’article les propos tenus par Porochenko, président ukrainien en exercice avant 2019, sur les populations du Donbass se réfugiant dans les caves en raison des bombardements, je suis outré.


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